"SIC TRANSIT GLORIA MUNDI" AVEC GERRIT VAN HONTHORST (1592-1656)

 

"SIC TRANSIT GLORIA MUNDI"

AVEC 

GERRIT VAN HONTHORST 

(1592-1656)





Voici comment se déroulait le rituel papal autour de Sic transit gloria mundi : Le cérémonial du couronnement papal

Jusqu’à Paul VI (qui a renoncé à la tiare en 1963), le pape élu recevait solennellement la tiare lors d’une grande messe à Saint-Pierre de Rome. C’est à ce moment-là qu’on exécutait ce geste :


A. Le maître des cérémonies précédait le cortège papal.

Il portait une canne d’argent au bout de laquelle était fixée une petite boule d’étoupe (une fibre végétale très inflammable).


B. Trois arrêts successifs sur le chemin vers l’autel : À chaque arrêt, l’étoupe était enflammée et se consumait aussitôt dans un petit panache de fumée.



À chaque fois, le cérémoniaire se tournait vers le pape et disait solennellement : Sic transit gloria mundi. (« Ainsi passe la gloire du monde »)


C. Sens du geste : L’étoupe symbolise la gloire terrestre : brillante mais brève. Le triple rappel insiste sur l’humilité et sur la dimension spirituelle de la charge pontificale, qui dépasse tout pouvoir mondain.


D. Après ce rituel, la messe du couronnement se poursuivait, avec l’onction et la remise de la tiare. Le cérémonial est attesté dès le Moyen Âge.




Il s’inspire à la fois des coutumes antiques (memento mori des triomphes romains) et des exhortations bibliques sur la vanité des biens terrestres.

Il a disparu avec l’abandon de la cérémonie du couronnement (Paul VI fut le dernier à la recevoir ; Jean-Paul Iᵉʳ et ses successeurs ont opté pour une simple messe d’inauguration du pontificat).




BIOGRAPHIE DE GERRIT VAN HONTHORST (1592-1656)

Gerrit (ou Gerard) van Honthorst naît le 4 novembre 1592 à Utrecht, dans une famille catholique nombreuse. Son père, Herman van Honthorst, est peintre de cartons de tapisserie et cofondateur de la Guilde de Saint-Luc d'Utrecht en 1611. Gerrit se forme d'abord auprès de son père, puis devient l'élève d'Abraham Bloemaert, le principal peintre d'Utrecht, qui lui enseigne le classicisme néerlandais.



Vers 1610-1616, Honthorst se rend en Italie, où il est documenté pour la première fois en 1616. À Rome, il est influencé par le style révolutionnaire de Caravaggio, adoptant son réalisme, son clair-obscur dramatique et ses compositions audacieuses. Il loge au palais du marquis Vincenzo Giustiniani, où il étudie les œuvres de Caravaggio et des Carracci. Ses scènes nocturnes éclairées à la chandelle, comme Le Christ devant le grand prêtre (National Gallery, Londres), lui valent le surnom de "Gherardo delle Notti" (Gérard des Nuits) parmi les Italiens. Il travaille pour des mécènes prestigieux, tels que le cardinal Scipione Borghese et Cosimo II de Médicis, grand-duc de Toscane.



De retour à Utrecht en 1620, Honthorst épouse sa cousine Sophia Coopmans et ouvre un atelier. Il rejoint la Guilde de Saint-Luc en 1622 et en devient le doyen à plusieurs reprises. Il popularise le style caravagesque dans les Pays-Bas, peignant des scènes de genre (musiciens, joueurs, scènes de taverne) et des portraits. Sa renommée internationale attire des commandes de cours européennes :

· Angleterre : En 1628, il est invité par Charles Ier à Londres, où il peint des portraits et une allégorie de la famille royale (Hampton Court).

· Pays-Bas : Il devient peintre de cour pour la reine de Bohême Élisabeth Stuart et le stathouder Frédéric-Henri d'Orange.

· Danemark : Christian IV lui commande des scènes historiques.



Honthorst est célèbre pour ses effets d'éclairage artificiel (chandelles, lanternes), qui créent des contrastes saisissants. Ses œuvres majeures incluent :

· Le Concert (1623, National Gallery of Art, Washington).

· La Sainte Famille dans l'atelier du charpentier (musée d'Utrecht).

· L'Adoration des bergers (détruite en 1993).

Ses portraits, comme ceux de la famille de Buckingham (Hampton Court), allient réalisme et élégance.



En 1637, Honthorst s'installe à La Haye pour servir la cour orangeoise. Il participe à la décoration de l'Oranjezaal du Huis ten Bosch. De retour à Utrecht en 1652, il se concentre sur les portraits jusqu'à sa mort le 27 avril 1656. Son frère Willem, également peintre, perpétue son style.

Honthorst laisse une œuvre prolifique, mêlant influences caravagesques et classicisme, qui influença des artistes comme Rembrandt. Ses tableaux sont conservés dans des musées majeurs (Louvre, National Gallery, Rijksmuseum).




CARPE DIEM MEMENTO MORI

A. Le “memento mori” antique

Dans la Rome antique, quand un général triomphateur rentrait victorieux à Rome, il avait droit à un triomphe : un cortège grandiose où il montait sur un char, la tête ceinte de laurier.

Mais derrière lui se tenait un esclave ou un officier, dont la fonction était de murmurer à son oreille pendant tout le trajet : « Respice post te, hominem te memento » (« Regarde derrière toi, souviens-toi que tu n’es qu’un homme »)

C’était un rappel d’humilité : la gloire est éphémère et l’homme, même triomphant, reste mortel.



B -Transposition chrétienne

L’Église médiévale reprend ce type de mise en garde mais l’oriente vers la spiritualité :

Le pape couronné devient l’équivalent du général triomphant : il reçoit honneurs et faste.

Le maître des cérémonies avec l’étoupe brûlante joue le rôle du serviteur romain : il rappelle la fragilité de la gloire terrestre.

La formule latine Sic transit gloria mundi condense cette idée : tout prestige, toute puissance mondaine passe, seule compte la gloire de Dieu.



C- La symbolique du feu

Dans la version chrétienne, on ne se contente pas de mots : Le feu qui consume l’étoupe rend visible l’éphémère (flamme vive mais fugace). L’odeur de la fumée et le petit panache renforcent l’impression de disparition.

En résumé, le rituel papal est un memento mori hérité du monde antique, christianisé et mis en scène pour rappeler à celui qui reçoit la charge suprême qu’il n’est qu’un serviteur.




UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX

ALLÉLUIA de BUXTEHUDE

https://music.youtube.com/watch?v=jOMnYNLpt7k&si=NxDrkcr1dz7eGVZw



Buxtehude considérait la voix comme un instrument à part entière et a su en tirer le meilleur. Voici le final de la cantate « Der Herr sit mit mir » avec un Alleluia magnifique.

Dieterich Buxtehude (1637-1707), est un musicien, organiste et compositeur allemand d'ascendance danoise. Établi à Lübeck, l'une des villes les plus actives sur le plan musical en son temps, il compose pour la liturgie, mais aussi pour des concerts spirituels ou profanes plaisant au public local, notamment les Abendmusiken, veillées musicales de l'Avent dont il fait une institution qui se perpétue jusqu'au XIXe siècle.

L'un des musiciens les plus reconnus en son temps, il entretient de fructueuses amitiés musicales, comme avec Johann Adam Reinken, et attire de nombreux élèves parmi lesquels on compte Nicolaus Bruhns et sans doute Jean-Sébastien Bach. Son œuvre, dont une partie importante nous est parvenue, compte parmi les plus riches d'Allemagne pour la génération située après Sweelinck et Schütz et avant Bach, avec celles de Reinken et de Pachelbel et est devenue un classique du répertoire d'orgue. Les pièces de musique vocale ont retrouvé la faveur des interprètes et du public à partir des années 1970, grâce aux recherches sur la musique baroque menées dès les années 1960 et poursuivies depuis.



VOUS AVEZ BON GOÛT !​ 

Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​


CULTURE JAI 

(​L'Histoire de l'Art​ en Musique)

https://vincentdelaplageculturejai.blogspot.com/

LES LUMIÈRES DE VERSAILLES

​(Histoire Moderne en Musique)​

https://leslumieresdeversailles.blogspot.com/

SING SANG SUNG  

(Pop anglaise traduite)​

https://singsangsungenglishmusic.blogspot.com/

CINÉ CINÉMA  

(Netflix)​

https://cinecinemavincent.blogspot.com/


#culturejaiflash

#leslumièresdeversailles

#SingSangSung

#cinésérie #cinécinéma

#jaimelhistoire

#uneespérancehumaine

#labeauteduvivant

#artmoderne

#peinturefigurative

#photosinstantannees

#lhumourenpolitique

#amusezvous

#lamusiquequejaime

#unjourunlivre


Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

MARCEL-CLÉMENT (1873-1950), UN ARTISTE PEINTRE ONIRIQUE

Image
  MARCEL-CLÉMENT (1873-1950),  UN ARTISTE PEINTRE ONIRIQUE Les Trois Messes basses est un récit de Noël d'Alphonse Daudet, publié en 1875 dans les Contes du lundi et intégré en 1879 au recueil des Lettres de mon moulin. Ancien prieur des Barnabites, dom Balaguère est chapelain des sires de Trinquelague, dont l'antique château couronne le mont Ventoux. Un soir de Noël, le diable prend les traits de son jeune clerc Garrigou. Connaissant le faible du révérend pour la bonne chère, il veut « lui faire commettre un épouvantable péché de gourmandise ». En l'aidant à revêtir ses habits sacerdotaux, Garrigou décrit par le menu à dom Balaguère les mets délectables (dindes truffées ; faisans ; huppes ; gélinottes ; coqs de bruyère ; anguilles ; carpes dorées ; truites « grosses comme ça » ; vins de toutes les couleurs…) qu'il a vus préparer aux cuisines. Mais ils ne seront servis qu'après les trois messes basses traditionnelles. Le piège de la tentation est tendu… À minuit, la...
Lire la suite

LE TITIEN (1488-1576) ET LE MANIÉRISME

Image
 LE TITIEN  (1488-1576)  ET LE MANIÉRISME Si notre vie est moins qu’une journée En l’éternel, si l’an qui fait le tour Chasse de nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née,   Que songes-tu, mon âme emprisonnée ? Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour, Si, pour voler en un plus clair séjour, Tu as au dos l’aile bien empennée ?   Là est le bien que tout esprit désire, Là le repos où tout le monde aspire, Là est l’amour, là le plaisir encore.   Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée, Tu y pourras reconnaître l’Idée De la beauté, qu’en ce monde j’adore.   Du Bellay, « L’idée », dans L’Olive QUE DIT CE POÈME ? Dans ce recueil de jeunesse d’inspiration ouvertement pétrarquiste, la perspective est spiritualiste : la beauté corporelle, par son harmonie et sa séduction, porte la trace de la Beauté idéale, céleste et divine ; l’âme prisionnière du corps, en vertu du jeu de mots platonicien soma/sèma, s’envole à la faveur d’un amour sin...
Lire la suite

GUSTAVE MADELAIN [1867-1944] CE PEINTRE QUI A RÉSISTÉ À L'ÉCOLE DE PARIS

Image
  GUSTAVE MADELAIN  [1867-1944]  CE PEINTRE QUI A RÉSISTÉ À L'ÉCOLE DE PARIS Gustave MADELAIN  "Vue du Palais de Justice de Paris" "Miss Stein et moi étions encore bons amis lorsqu'elle fit sa remarque sur la génération perdue. Elle avait eu des ennuis avec l'allumage de la vieille Ford T qu'elle conduisait, et le jeune homme qui travaillait au garage et s'occupait de sa voiture - un conscrit de 1918 - n'avait pas pu faire le nécessaire, ou n'avait pas voulu réparer en priorité la Ford de Miss Stein. De toute façon, il n'avait pas été sérieux et le patron l'avait sévèrement réprimandé après que Miss Stein eut manifesté son mécontentement. Le patron avait dit à son employé :« Vous êtes tous une génération perdue. » « C'est ce que vous êtes. C'est ce que vous êtes tous, dit Miss Stein. Vous autres, jeunes gens qui avez fait la guerre, vous êtes tous une génération perdue." Ernest Hemingway PARIE EST UNE FÊTE (1964) L'aut...
Lire la suite