LE TITIEN (1488-1576) ET LE MANIÉRISME

 LE TITIEN 

(1488-1576) 

ET LE MANIÉRISME




Si notre vie est moins qu’une journée

En l’éternel, si l’an qui fait le tour

Chasse de nos jours sans espoir de retour,

Si périssable est toute chose née,

 

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?

Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,

Si, pour voler en un plus clair séjour,

Tu as au dos l’aile bien empennée ?

 

Là est le bien que tout esprit désire,

Là le repos où tout le monde aspire,

Là est l’amour, là le plaisir encore.

 

Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée,

Tu y pourras reconnaître l’Idée

De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

 

Du Bellay, « L’idée », dans L’Olive




QUE DIT CE POÈME ?

Dans ce recueil de jeunesse d’inspiration ouvertement pétrarquiste, la perspective est spiritualiste : la beauté corporelle, par son harmonie et sa séduction, porte la trace de la Beauté idéale, céleste et divine ; l’âme prisionnière du corps, en vertu du jeu de mots platonicien soma/sèma, s’envole à la faveur d’un amour sinon éthéré, du moins intellectualisé, vers le Ciel éternel des Idées, échappant ainsi à la fluidité du devenir et au sensible décevant.

L’amour et le plaisir voisinent avec le repos : c’est la sérénité d’une quête religieuse qui anime l’amoureux, dont la passion est la clef pour accéder à la divinité.




QUI ÉTAIT LE TITIEN (1488-1576) ?

Le Titien est un artiste peintre de l'école vénitienne, auteur d'une importante œuvre picturale. Il est considéré comme un des plus grands portraitistes de cette époque, notamment grâce à son habileté à faire ressortir les traits de caractère des personnages. « Il libère aussi la peinture des contraintes de la ligne et de la forme où elle était emprisonnée depuis le Moyen Âge finissant, et cela pour donner tout pouvoir à la « couleur » (au sens de colorito). »




LE PEINTRE OFFICIEL DE VENISE

La forte personnalité de Titien lui permet de se libérer de l'influence de ses deux grands maîtres, Bellini et Giorgione. Dès 1511, il se rend à Padoue pour réaliser des fresques et à la mort de Giovanni Bellini en 1516, il est nommé peintre officiel de la République de Venise.

Sa renommée atteint rapidement les grandes familles aristocratiques et il devient le portraitiste des princes. Il réalise ainsi les portraits des doges successifs de Venise, celui de Frédéric II Gonzague (1500-1540), marquis de Mantoue, pour lequel il travaille une dizaine d'années et peint plusieurs dizaines de tableaux.

Les scènes mythologiques et religieuses sont évidemment très présentes et l'on considère l'Assomption de la Vierge (1516-1518) comme un renouvellement du genre.




QU'EST CE QUE L'ÉCOLE VÉNITIENNE ?

La « naissance » de la peinture vénitienne se situe au XIVe siècle, lors de la rupture toute relative à Venise avec l'art byzantin par l'intégration de thèmes gothiques comme le couronnement de la Vierge.

Au XVe siècle de grands ateliers de peintres vénitiens effectuent la transition qui va du style gothique international jusqu'aux applications, en peinture, des recherches de la première Renaissance. Le gothique international était aimable, décoré. L'or et les couleurs, riches de sens symbolique.

Le tableau participant pleinement de la culture médiévale d'une Europe catholique. Les formes nouvelles de la première Renaissance ne font plus étalage de grandes étendues d'or (elles se réduisent bientôt au point de disparaitre du tableau).



Vers la fin du siècle, le peintre abandonne progressivement la peinture à l'eau (tempera) pour la peinture à l'huile. La précision s'accorde avec la maîtrise du dessin : l'objet observé, détaillé, s'inscrit, à la bonne échelle, au sein du tracé en perspective de l'espace. La peinture qui fourmille de détails, se réfère souvent à l'art antique et fait l'objet de discussions savantes dans des cercles de plus en plus restreints, humanistes érudits, surtout autour de 1500.

Après une grande vogue de tableaux destinés à la dévotion privée, les nouveaux commanditaires, confréries (scuole vénitiennes), patriciens cultivés, cours princières exigent des peintres cultivés eux aussi.

Cette période culmine au XVIe siècle avec des peintres qui poursuivent l'élaboration du tableau, et la réflexion, au cours de la réalisation : le dessin préparatoire sur papier devient secondaire et parfois disparait. Les jeux de la peinture se superposent à même le tableau et le composent peu à peu : Giorgione (1477 - 1510) avec une peinture fondue, Titien (1488 - 1576), Le Tintoret (1518 - 1594) et Véronèse (1528 - 1588) avec des effets de pinceau nettement plus marqués.

Tous célèbrent le corps humain dans tous ses états, en particulier d'innombrables portraits souvent chargés d’humanité. Chacun de ces peintres tient à rivaliser avec ses contemporains, recherche la prouesse. La multitude des effets qu'offre la peinture à l’huile qu'ils déploient renforce le prestige de l'artiste dans la société vénitienne et européenne d'alors.



Le statut, envié, de peintre officiel de la République se mesure aux commandes princières, royales et impériales de toute l'Europe.

Ensuite, le XVIIIe siècle constitue une seconde période florissante pour l'art vénitien, après un très grand effacement au cours du XVIIe siècle.

La plus grande artiste femme à Venise, Rosalba Carriera (1675 - 1757) est aussi la pastelliste dont le savoir-faire, diffusé dans toute l'Europe lance la mode du pastel, pour un portrait qui peut, dès lors, être saisi avec plus de naturel. Giambattista Tiepolo est recherché pour la vivacité de son pinceau et ses ciels splendides.



Venise devient le lieu incontournable des premiers touristes. Les paysagistes vénitiens créent pour ces clients la « vue » prise sur les sites célèbres, à leur contact. Ainsi prend naissance le védutisme. La « vue » se nomme en italien veduta (pluriel vedute) : Canaletto, Guardi s'en font une spécialité.

Certaines peintures de Canaletto sont réalisés avec l'aide de la chambre noire, ancêtre de l'appareil photographique. En 1789, Guardi, devant un gigantesque incendie de tout un quartier de Venise, peint l'évènement comme un document.

C'est une nouvelle conception de l'image, saisie au contact direct avec le réel. En 1797 la république de Venise passe sous la souveraineté autrichienne. L'école vénitienne de peinture a cessé d'exister.




UNE RENOMMÉE INTERNATIONALE

La célébrité de Titien s'étend à l'Europe entière. Les plus grandes familles deviennent ses commanditaires, à commencer en Italie par les Farnèse. Il travaille pour Alessandro Farnèse (1468-1549), élu pape en 1534 sous le nom de Paul III. Les Habsbourg, qui règnent sur le Saint Empire romain germanique, font appel à lui. L'empereur Charles Quint lui demande en 1548 de venir à Augsbourg, en Bavière, où se tient une importante diète (assemblée de l'aristocratie).

Titien a déjà 58 à 60 ans et fera ce voyage, très long pour l'époque. Il est chargé de réaliser les portraits des participants à la diète et en particulier de Charles Quint lui-même. Le roi Philippe II d'Espagne (1527-1598), successeur de Charles Quint, devient ensuite le principal commanditaire de l'artiste.




TITIEN ET LE MANIÉRISME

Influencé par le maniérisme de Giulio Romani, Titien délaisse la vision naturaliste de ses compositions pour une approche plus dramatique et plus critique avec des mouvements impétueux comme dans la toile Caïn et Abel.

Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage présentes sur celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article publié sur BeauxArts.com, sans l’autorisation écrite et préalable de Beaux Arts & Cie, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos mentions légales.



En réaction à l’hégémonie de la perfection classique, le maniérisme est un courant esthétique de la fin de la Renaissance qui envisage une nouvelle représentation du canon hérité de l’Antiquité. Ses principaux représentants, pour le contexte italien, sont Pontormo, Parmigianino, Bronzino, Arcimboldo…

Ces artistes ont puisé leur première source d’inspiration dans l’art de Raphaël et de Michel-Ange. Privilégiant l’artificialité, rejetant les lois de la perspective albertienne, ils magnifient l’arabesque, le mouvement, la gestualité au détriment de la pensée classique. Le maniérisme annonce en quelque sorte le style baroque.

« Ce qu’on doit bien comprendre avec le maniérisme, c’est qu’il a une dimension ludique, le paradoxe maniériste étant très souvent un jeu. » Daniel Arasse




UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX

UNE PASSACAILLE DE HANDEL

https://youtu.be/ApCL2GomTD4?si=mUuZUY9_OECmbz1I




Colérique mais généreux, stratège et ambitieux, Georg Friedrich Haendel est l’un des derniers représentants de la fastueuse et prolifique période baroque.

 Georg Friedrich Haendel est pourtant un musicien particulièrement réfléchi et stratège, qui a su imposer son nom dans le très particulier royaume d’Angleterre.  

Vous l’imaginez superficiel ? A l’image des grandes divas baroques ? Haendel a surtout manifesté une capacité de travail et de concentration hors norme, donnant naissance à de nombreux chefs-d'œuvre, tant du côté de l’opéra, de l’oratorio, que de la musique instrumentale.  


VOUS AVEZ BON GOÛT !​ 

Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​


CULTURE JAI 

(​L'Histoire de l'Art​ en Musique)

https://vincentdelaplageculturejai.blogspot.com/

LES LUMIÈRES DE VERSAILLES

​(Histoire Moderne en Musique)​

https://leslumieresdeversailles.blogspot.com/

SING SANG SUNG  

(Pop anglaise traduite)​

https://singsangsungenglishmusic.blogspot.com/

CINÉ CINÉMA  

(Netflix)​

https://cinecinemavincent.blogspot.com/


#culturejaiflash

#leslumièresdeversailles

#SingSangSung

#cinésérie #cinécinéma

#jaimelhistoire

#uneespérancehumaine

#labeauteduvivant

#artmoderne

#peinturefigurative

#photosinstantannees

#lhumourenpolitique

#amusezvous

#lamusiquequejaime

#unjourunlivre


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MARCEL-CLÉMENT (1873-1950), UN ARTISTE PEINTRE ONIRIQUE

GUSTAVE MADELAIN [1867-1944] CE PEINTRE QUI A RÉSISTÉ À L'ÉCOLE DE PARIS