LE MONDE SACRÉ DE L'ENFANCE DE NICOLAS BERNARD LÉPICIÉ (1735-1784)



LE MONDE SACRÉ DE L'ENFANCE 


NICOLAS BERNARD LÉPICIÉ 

(1735-1784)



Nicolas-Bernard Lépicié, peintre du XVIIIe siècle, est souvent reconnu pour ses scènes de genre empreintes de réalisme et de tendresse. Son approche picturale de l’enfance, à mi-chemin entre classicisme et naturalisme, en fait un artiste sensible à la représentation du monde de l’innocence et de l’apprentissage.  

Lépicié s’inscrit dans une tradition où l’enfant commence à être perçu comme un être à part entière, digne d’attention et de protection. Dans ses toiles, il met en scène des enfants dans des activités quotidiennes, révélant une vision douce et bienveillante de l’enfance.  

 Dans "Le Jeune Dessinateur" et "Le Petit Écrivain", Lépicié représente des enfants absorbés par l’étude ou l’art, soulignant l'importance de l'éducation et du développement intellectuel. Ces œuvres témoignent d’une admiration pour la pédagogie et la curiosité naturelle de l’enfant.  



Ses tableaux capturent des instants simples mais profonds de la vie enfantine, où l’émerveillement et la concentration traduisent une intériorité touchante. Loin du pathos des œuvres de Jean-Baptiste Greuze, Lépicié propose une vision plus apaisée et naturelle de l’enfance.  

Son style est caractérisé par une lumière tamisée et des tons chaleureux, créant une atmosphère de douceur et d’intimité. L’éclairage vient souvent souligner le visage des enfants, mettant en avant leur expression concentrée ou rêveuse. Son travail annonce la sensibilité qui prévaudra au XIXe siècle, notamment chez des artistes comme Chardin ou Bouguereau.  




UNE IDÉE DE LECTURE : LA RELIGIEUSE DE DIDEROT ?

Publié sans nom d'auteur, interdit il y a quelques années au cinéma, La Religieuse fait toujours scandale ; or, ce livre, disait Montherlant, « est à peine licencieux et n'est pas du tout frivole mais au contraire très grave ».

Inspiré par une histoire vécue, Diderot imagine que la religieuse Suzanne Simonin raconte ses mésaventures en 1760. Spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est d'une sensualité éperdue qui fait vivre tout le couvent en fête. Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit « la pente générale de la nature ».

« Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents », disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle.



LA SPIRITUALITÉ DE NICOLAS BERNARD LÉPICIÉ EST-ELLE CELLE DE DENIS DIDEROT ?

Nicolas-Bernard Lépicié (1735-1784) et Denis Diderot (1713-1784) évoluent dans le même siècle des Lumières, mais leur approche de la spiritualité et du monde diffère sensiblement.  

Diderot rejette la religion dogmatique et s'oriente vers un matérialisme philosophique. Il critique l'Église et milite pour une pensée rationnelle, influencée par l'empirisme et la science. Son rapport à la spiritualité repose sur une **admiration pour la nature et l’homme**, dans une vision déiste ou parfois athée. En art, il apprécie la peinture qui exprime une dimension morale et éducative, notamment dans les scènes de genre de Greuze, où la vertu et la sensibilité sont mises en avant.  




Contrairement à Diderot, Lépicié ne remet pas en cause la religion ou l’ordre établi. Ses tableaux, en particulier ceux représentant des enfants ou des scènes de genre, traduisent une vision apaisée du quotidien, imprégnée d’une forme de spiritualité douce et implicite. Il s’inscrit dans une tradition picturale plus académique, sans volonté de provocation philosophique.  

Lépicié et Diderot partagent un goût pour la représentation du réel et des scènes du quotidien, mais leur spiritualité diffère. Diderot voit dans l’art un moyen de transformer la société et d’éveiller les consciences, tandis que Lépicié se concentre sur une beauté plus simple et contemplative, sans engagement philosophique affiché.  




BIOGRAPHIE DE LÉPICIÉ (1735-1784)

Fils de deux graveurs, François-Bernard Lépicié (secrétaire perpétuel et historiographe de l’Académie royale de peinture et de sculpture) et Renée-Élisabeth Marlié, Nicolas-Bernard Lépicié étudie la gravure avec son père avant d’être forcé de quitter cet art, à cause de la faiblesse de sa vue, et de se tourner, vers 1751, vers la peinture, qu’il étudie sous la direction de Carle van Loo.

Ayant obtenu, en 1759, le deuxième prix du prix de Rome, il reste néanmoins en France. Agréé par l’Académie royale en 1764, avec La Descente de Guillaume le conquérant en Angleterre (Caen, abbaye aux Hommes), il peint ensuite, dans la même veine, Le Baptême du Christ (1765), Le Christ et les petits enfants (1767) et La Conversion de Saül (1767). Reçu membre de l’Académie et peintre du roi avec Achille et le Centaure en 1769, il passe professeur-adjoint en 1770, puis professeur en 1779.

Lépicié a peint, en 1768, Adonis changé en anémone pour le pavillon de Trianon ; en 1770, Narcisse changé en fleur, le Martyre de saint André et le Martyre de saint Denis.



En 1773, il peignit, pour l’École militaire : Saint Louis rendant la justice sous un chêne, et une Descente de croix ornant une des chapelles de la cathédrale de Chalon-sur-Saône. Il a peint quelques scènes familières et tracé un assez grand nombre de dessins d’animaux. 

Souvent comparée à celle de Chardin et de Greuze, la peinture de Lépicié a connu une grande vogue au XVIIIe siècle. À partir des années 1760, tout en continuant à peindre des sujets d’histoire, il se met à peindre des scènes de genre intimiste dans le style flamand qui rappellent Teniers le vieux et ter Borch. Dans les dernières années de sa vie, il se retire souvent à la campagne où il peint des scènes rustiques. Malade de la poitrine, il meurt avant sa cinquantième année, loué pour sa piété au moins autant que pour ses talents.




LA DIFFÉRENCE EN PEINTURE ENTRE CHARDIN, GREUZE ET LÉPICIÉ ?

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) et Nicolas-Bernard Lépicié (1735-1784), sont trois peintres du XVIIIe siècle qui, bien que contemporains, se distinguent nettement par leur style, leur choix de sujets et leur approche artistique. 

En ce qui concerne Chardin, il est surtout connu pour ses natures mortes et ses scènes de la vie quotidienne. Son style est sobre, intimiste et d’un grand réalisme, mettant en valeur des objets du quotidien et des figures modestes. Chardin joue avec la lumière et la matière, en utilisant des touches douces et des tons sobres. Il évite les thèmes historiques ou mythologiques au profit d’une peinture silencieuse et méditative.  



Pour Greuze est connu pour ses scènes de genre moralisatrices, mettant en avant des familles, des jeunes filles pleines d’innocence et des drames domestiques. Il introduit une imension sentimentale et émotionnelle forte, avec des expressions marquées et des mises en scène dramatiques. Sa palette est plus chaude et colorée que celle de Chardin. Greuze s’intéresse aussi aux portraits, mettant en valeur la psychologie de ses modèles.  

Pour conclure Lépicié oscille entre peinture d’histoire, portraits et scènes de genre. Son approche est plus académique et classique, avec un souci de composition plus rigide. Il reprend certains thèmes de Chardin (scènes domestiques) et de Greuze (scènes moralisatrices), mais avec une exécution plus sage et un rendu plus détaillé. Lépicié est aussi connu pour ses scènes d'enfants et d'ateliers d’artistes, avec un souci de vérité.  




QU'EST CE QUE LE PRIX DE ROME ?

Le prix de Rome ou Grand Prix est un concours artistique fondé par Colbert en 1663 et organisé par l'Académie royale de peinture et de sculpture de l'Ancien Régime permettant aux artistes de se former en Italie pendant trois ans et quatre mois. Les modalités du concours évoluent à partir de la Révolution française.

L'Académie de France à Rome est inaugurée en 1666. Le séjour des lauréats a lieu dans le palais Mancini puis à la villa Médicis à partir de 1803. Sous l'Ancien Régime, le Surintendant des Bâtiments du roi avait le pouvoir d'attribuer la pension à quelques protégés. Ainsi, tous les pensionnaires n'étaient pas strictement lauréats du concours.

Il faut alors parler, s'agissant des concours, de « grand prix d'architecture », « de peinture », « de sculpture » et, s'agissant du séjour à Rome, de « pension royale », les artistes se désignant alors comme « pensionnaires ».

Le concours d'attribution des prix de Rome a été supprimé à la suite des événements de « Mai 68 » par André Malraux.




PRIX DE ROME EN MUSIQUE AU XIXe SIÈCLE ?

Le prix de Rome en musique date de 1803. Cinq récompenses étaient attribuées, dans l’ordre suivant : premier grand prix, deuxième premier grand prix, second grand prix, deuxième second grand prix, mention.

Le premier tour du concours, jusque dans les années 1830, consistait en l'écriture d'exercices de contrepoint et fugue. Dans un second temps, il consistera en l'écriture d'une fugue à quatre parties et d'un chœur avec orchestre sur des vers imposés. Le second tour requiert l'écriture d'une cantate pour voix soliste et orchestre. La forme s'étoffe à deux personnages à partir de 1831 puis se fixe à trois protagonistes à partir de 1839 et jusqu'à la fin de l'histoire du Prix de Rome. La durée de mise en loge passe de 25 à 30 jours à la fin du XIXe siècle car la complexité de l'orchestration moderne et les dimensions du livret poétique imposé nécessitaient un temps de réalisation plus long que par le passé.

Souvent accusé d'inutilité, de partialité ou encore d'académisme réactionnaire, le concours a cependant donné lieu à des œuvres aussi variées que magistrales, en dehors de celles écrites pour la sélection, parmi lesquelles le Te Deum et Don Procopio de Bizet, les Impressions d'Italie de Charpentier, La Damoiselle élue de Debussy, le Psaume 116 de Schmitt, ou encore Faust de Gounod dont le début a été composé à la villa Médicis.

La Villa Médicis était un lieu uniquement réservé aux hommes. D'ailleurs, Lili Boulanger est la première femme de l'Histoire du Prix de Rome en composition musicale à recevoir ce prix en 1913. Elle fut même installée en ville et non dans la villa même.

Fait anecdotique, de nombreux grands artistes ont échoué à ce concours. C'est par exemple la cas de Claude Debussy qui a échoué une première fois avant de réussir l'année suivante en 1883. C'est également le cas de Maurice Ravel qui a tenté le concours 5 fois sans jamais n'être récompensé. Il composera tout de même le célèbre morceau Bolero.




UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX

TE DEUM DE GEORGES BIZET

https://youtu.be/7M0SX0dWrck




Le Te Deum de Georges Bizet est une œuvre vocale et orchestrale méconnue du compositeur, écrite en 1858. Cette composition religieuse est une curiosité dans le répertoire de Bizet, plus célèbre pour ses opéras comme Carmen et Les Pêcheurs de perles.

En 1857, à seulement 19 ans, Georges Bizet remporte le prestigieux Prix de Rome, une distinction décernée par l'Académie des Beaux-Arts, qui permet aux lauréats de séjourner à la Villa Médicis à Rome pour perfectionner leur art.

Pendant son séjour en Italie, Bizet, comme ses contemporains lauréats du Prix de Rome, est tenu de composer plusieurs œuvres pour prouver ses progrès. C’est dans ce cadre qu’il écrit son Te Deum, en 1858.

Le Te Deum n’a jamais été joué du vivant de Bizet. L’œuvre, considérée comme trop académique et éloignée de son style personnel, tombe dans l’oubli. Ce n'est que bien plus tard qu’elle est redécouverte et enregistrée.

Le Te Deum de Bizet est une œuvre de jeunesse, intéressante pour comprendre l’évolution du compositeur. Elle montre son talent pour l’orchestration et son goût pour les grandes fresques sonores, qui se retrouveront plus tard dans ses opéras. Toutefois, il abandonnera rapidement la musique sacrée pour se consacrer pleinement à l’opéra et à la musique dramatique. 


VOUS AVEZ BON GOÛT !​ 

Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​


CULTURE JAI 

(​L'Histoire de l'Art​ en Musique)

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LES LUMIÈRES DE VERSAILLES

​(Histoire Moderne en Musique)​

https://leslumieresdeversailles.blogspot.com/

SING SANG SUNG  

(Pop anglaise traduite)​

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CINÉ CINÉMA  

(Netflix)​

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