INGRES (1780-1867) DU DESSIN À LA PEINTURE


INGRES (1780-1867)
DU DESSIN À LA PEINTURE

« Le dessin comprend les trois quarts et demi de ce qui constitue la peinture. » (Ingres)




- « Une des choses, selon nous, qui distingue surtout le talent de M. Ingres, est l’amour de la femme. Son libertinage est sérieux et plein de conviction. M. Ingres n’est jamais si heureux ni si puissant que lorsque son génie se trouve aux prises avec les appas d’une jeune beauté. Les muscles, les plis de la chair, les ombres des fossettes, les ondulations montueuses de la peau, rien n’y manque. Si l’île de Cythère commandait un tableau à M. Ingres, à coup sûr il ne serait pas folâtre et riant comme celui de Watteau, mais robuste et nourrissant comme l’amour antique [...].
Il y a dans le dessin de M. Ingres des recherches d’un goût particulier, des finesses extrêmes, dues peut-être à des moyens singuliers. Par exemple, nous ne serions pas étonné qu’il se fût servi d’une négresse pour accuser vigoureusement dans l’Odalisque certains développements et certaines sveltesses. »

Baudelaire, alors âgé de vingt-cinq ans, et qui signe encore Baudelaire-Dufaÿs dans le Corsaire-Satan.


Napoléon sur le trône impérial (1806). Huile sur toile, 259 × 162 cm, musée de l'Armée, Paris. Napoléon est représenté en costume de sacre, assis sur son trône impérial. Visiblement, le souverain cherche naïvement à imiter les dynasties antérieures par quelques attributs matériels du pouvoir. Le tableau est esthétiquement réussi, mais Napoléon est complètement ridicule dans cet accoutrement.

EN QUOI INGRES EST LE DIGNE HÉRITIER DE JACQUES LOUIS DAVID ?

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) était un peintre français néo-classique, célèbre pour ses portraits et ses peintures historiques. Il est considéré comme l'un des plus grands maîtres de la peinture du XIXe siècle. Ingres a étudié sous la direction de Jacques-Louis David, le chef de file du mouvement néo-classique en France, et a ainsi hérité de son approche rigoureuse de la composition et de son respect pour les formes classiques.



Le Vœu de Louis XIII (1820-24). Huile sur toile, 421 × 262 cm, cathédrale de Notre-Dame, Montauban. On appelle vœu de Louis XIII la consécration, le 10 février 1638, de la France à la Vierge Marie par le roi Louis XIII. Louis XIII a choisi la Vierge pour patronne de France suite à la grossesse de son épouse Anne d’Autriche après vingt-trois ans de mariage. Le Vœu de Louis XIII a également été peint en 1637 par Philippe de Champaigne.


Ingres est souvent vu comme le digne héritier de David en raison de sa maîtrise technique exceptionnelle et de son engagement envers les idéaux néo-classiques, bien que son style ait évolué pour incorporer une plus grande expressivité et une attention minutieuse aux détails, en particulier dans ses portraits. Comme David, Ingres croyait en l'importance du dessin et de la précision dans l'art, une conviction qui est bien illustrée par la citation que vous avez mentionnée, où il compare la délicatesse du crayon sur le papier à celle d'une mouche sur une vitre. Cette métaphore souligne l'importance d'une touche légère et précise, une qualité que l'on retrouve dans les œuvres d'Ingres.




Princesse Albert de Broglie (1853). Huile sur toile, 121 × 91 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Il s'agit de la femme du duc Albert de Broglie (1821-1901) qui fut trois fois Président du Conseil (équivalent actuel : Premier Ministre) en 1873, 1874 et 1877. En 1845, il épousa Joséphine-Éléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (1825-1860) représentée sur ce tableau. La maîtrise technique d'Ingres apparaît tout particulièrement dans ses portraits des plus belles femmes de l'aristocratie de l'époque.


Cependant, Ingres a également développé un style distinct qui s'écartait parfois des strictes conventions néo-classiques, incorporant des éléments de l'art de la Renaissance et même des influences orientales, ce qui a contribué à son statut unique dans l'histoire de l'art. Malgré ces divergences, son héritage en tant que successeur de David reste incontestable, car il a continué à promouvoir les valeurs de clarté, d'ordre et de beauté idéalisée qui étaient centrales au néo-classicisme.





Madame Moitessier (1856). Huile sur toile, 120 × 92 cm, National Gallery, Londres. Inès de Foucauld de Pontbriant (1821-1897) était l’épouse de Paul Sigisbert Moitessier, riche banquier du Second Empire, et la tante de Charles de Foucauld (1858-1916). Elle tint sous la Troisième République un salon politique pour Louis Buffet, neveu de son mari et plusieurs fois ministre.


QUI ÉTAIT JEAN AUGUSTE DOMINIQUE INGRES ?

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) était un peintre français majeur du XIXe siècle, principalement associé au mouvement néo-classique, bien que son style ait également intégré des éléments romantiques et des influences de la Renaissance. Il est surtout connu pour ses portraits, ses nus et ses peintures historiques, qui se caractérisent par leur précision technique, leur ligne pure et leur attention minutieuse aux détails.




Portrait de la baronne de Rothschild (1848). Huile sur toile, 141,9 × 101 cm, collection particulière. Betty de Rothschild (1805-1886) est la femme du banquier James Mayer de Rothschild (1792-1868). Il s’agit de l’une de femmes les plus riches d’Europe et de l’un des plus importants mécènes des arts.

Ingres a étudié à l'Académie royale de peinture et de sculpture de Toulouse avant de rejoindre l'atelier de Jacques-Louis David à Paris, où il a perfectionné son art. Il a remporté le prestigieux Prix de Rome en 1801, ce qui lui a permis de séjourner à la Villa Médicis à Rome, où il a approfondi son étude de l'art antique et de la Renaissance.



Louise de Broglie, Comtesse d’Haussonville (1845). Huile sur toile, 132 × 92 cm, The Frick Collection, New York. Louise de Broglie, comtesse d'Haussonville (1818-1882), est une femme du monde et historienne. Arrière-petite-fille de Jacques Necker et de Suzanne Curchod, petite-fille de Germaine de Staël, elle voit le jour au château de Coppet, en Suisse, quelques mois après la mort de sa grand-mère. « Selon une lettre écrite par l'artiste, le portrait achevé "a suscité une tempête d'approbation dans la famille et parmi les amis." Ingres semble avoir surpris la jeune femme dans l'intimité de son boudoir, appuyée contre une cheminée décorative, alors qu'elle vient de quitter sa tenue de soirée et de poser ses jumelles d'opéra. » (Notice The Frick Collection)


Ingres était un fervent défenseur du dessin, qu'il considérait comme la base essentielle de la peinture. Sa célèbre citation, rapportée par Paul Valéry via Degas, illustre cette conviction : « Le crayon doit avoir sur le papier la même délicatesse que la mouche qui erre sur une vitre. » Cette métaphore souligne l'importance d'une touche légère et précise, une qualité que l'on retrouve dans ses œuvres, où chaque ligne et chaque détail sont soigneusement exécutés.



Louis-François Bertin (1832). Huile sur toile, 116 × 95 cm, musée du Louvre, Paris. Louis-François Bertin est le directeur du Journal des Débats. Ce portrait, commandé par Bertin, est l'un des plus célèbres du peintre. Il représente aujourd'hui une figure archétypale du bourgeois physiquement massif du 19e siècle. « Il s'agit sans doute de l'œuvre la plus réaliste d'Ingres. Contrairement à d'autres portraits du maître, comme Caroline Rivière (musée du Louvre), l'attitude du modèle n'est pas ici inspirée de peintures antiques ou de portraits de Raphaël. L'artiste a peint Bertin comme il l'avait observé un jour, chez lui, en pleine discussion. Le pinceau d'Ingres est d'une précision minutieuse dans le rendu des détails, les imperfections du visage, le désordre de la chevelure. » (Notice musée du Louvre)


Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent **"La Grande Odalisque"** (1814), **"Le Bain turc"** (1862), et **"Le Vœu de Louis XIII"** (1824). Bien qu'il ait été parfois critiqué de son vivant pour son style jugé trop rigide ou archaïque, Ingres est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands peintres de son époque, ayant influencé de nombreux artistes, notamment Edgar Degas et Pablo Picasso. Son héritage artistique réside dans sa capacité à fusionner la tradition classique avec une sensibilité moderne, tout en maintenant une maîtrise technique inégalée.



Vierge à l’hostie (1854). Huile sur toile, diamètre 113 cm, musée d'Orsay, Paris. « Incarnation de la maternité et de la pureté de l'idéal féminin, de l'amour chrétien et de la ferveur religieuse, l'image de la Vierge allait être un des thèmes catholiques les plus étudiés par le peintre. Inspirées de Raphaël mais aussi d'autres peintres de la Renaissance, ces Vierges unissent élégance, sensualité et féminité avec foi, spiritualité et virginité.» (Notice mini-site Louvre.fr)

UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
"L'enlèvement au Sérail" de MOZART
https://youtu.be/PHa6pYhlMA8?si=YHN8d9SDZPvxvaUM





"L'enlèvement au Sérail" (Die Entführung aus dem Serail) est un opéra en trois actes composé par Wolfgang Amadeus Mozart (1782), sur un livret en allemand de Gottlieb Stephanie le Jeune. Il s’agit d’un *Singspiel* (œuvre mêlant dialogues parlés et numéros musicaux), typique du répertoire lyrique germanique de l’époque. Commandé par l’empereur Joseph II pour son projet de théâtre national viennois, cet opéra est une œuvre majeure de la période classique, mariant humour, exotisme et profondeur émotionnelle.

L’intrigue s’inspire de la fascination du XVIII siècle pour l’Orient ottoman (Turquerie), un thème à la mode en Europe. L’histoire met en scène des personnages européens captifs dans un sérail (palais turc), avec des tensions entre cultures et des péripéties amoureuses.



La Grande Odalisque (1814). Huile sur toile, 91 × 162 cm, musée du Louvre, Paris. Dans l’Empire ottoman une odalisque était une esclave attachée au service des femmes du Sultan. Il s’agit donc d’une œuvre orientaliste représentant une nudité féminine idéalisée et un Orient fantasmé par les occidentaux de l’époque. Le dos particulièrement long (trois vertèbres supplémentaires selon certains…) a été considéré à l’époque comme « une faute » ! Il s’agit évidemment pour Ingres d’accentuer ainsi l’élégance de la pose.


LES DIFFÉRENTS RÔLES DE L'OPÉRA

- Belmonte, un noble espagnol, tente de sauver sa bien-aimée Konstanze, enlevée par des pirates et vendue au Pacha Selim, un dignitaire turc.
- Pedrillo (serviteur de Belmonte) et Blonde (servante de Konstanze) sont aussi captifs.
- Osmin, le gardien brutal du sérail, complique leurs plans d’évasion.
- Le Pacha, bien que figure d’autorité, révèle une humanité inattendue en libérant les captifs à la fin, malgré leur trahison.
Les rôles (surtout Konstanze et Osmin) exigent une technique exceptionnelle. L’aria *"Martern aller Arten"* (Konstanze) est un sommet de complexité.




La Baigneuse dite Baigneuse de Valpinçon (1808). Huile sur toile, 146 × 97 cm, musée du Louvre, Paris. Peinte à Rome, lors du séjour d’Ingres à la Villa Médicis, cette toile rompt avec les sujets mythologiques pour faire la part belle à la sensualité. Le traitement de la couleur est plus que prometteur pour le jeune peintre. Valpinçon est le nom d'un ancien propriétaire du tableau.


Mozart utilise des percussions « turques » (triangle, cymbales, grosse caisse) pour évoquer les janissaires, dans l’ouverture et les chœurs. Alternance de moments comiques (Osmin, Blonde) et de passages dramatiques (airs de Konstanze). Konstanze résiste aux avances du Pacha, Belmonte risque tout pour la sauver. Le Pacha, bien que blessé, choisit la magnanimité, reflétant les idéaux des Lumières. L’opéra fut très apprécié à sa création (1782) et contribua à la renommée de Mozart.




Le Bain Turc (1862). Huile sur toile, diamètre 108 cm, musée du Louvre, Paris. Tableau érotique peint avec malice à l'âge de 82 ans. Ingres n'utilise aucun modèle mais des croquis et des tableaux plus anciens. Au premier plan à droite, on retrouve La Baigneuse de Valpinçon et au premier plan à gauche, il s'agit Madeleine Chapelle (1782-1849), la première femme du peintre, d'après un croquis de 1818. « C'est le prince Napoléon qui commanda cette scène de harem à Ingres vers 1848. L'œuvre fut livrée en 1859 mais rendue peu après au peintre car elle avait choqué l'Impératrice. Le peintre retravailla son tableau jusqu'en 1863, même après l'avoir daté de 1862. Cette peinture ne fut révélée finalement au grand public qu'en 1905 lors de la Rétrospective Ingres au Salon d'automne. Elle enthousiasma alors les peintres les plus novateurs, dont Picasso. Chef-d'œuvre de la vieillesse d'Ingres, cette toile est aussi audacieuse dans le sujet que dans la forme. » (Notice musée du Louvre)


"L'enlèvement au Sérail" de Mozart est une oeuvre charnière entre le style classique et le futur romantisme allemand. Elle influence encore les mises en scène contemporaines par son mélange de légèreté et de profondeur psychologique. L’enlèvement au Sérail incarne le génie mozartien : une partition brillante, des personnages nuancés, et une réflexion subtile sur l’humanité, le tout enveloppé dans une ambiance orientale captivante.



VOUS AVEZ BON GOÛT !​
Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​

CULTURE JAI
(​L'Histoire de l'Art​ en Musique)
https://vincentdelaplageculturejai.blogspot.com/
LES LUMIÈRES DE VERSAILLES
​(Histoire Moderne en Musique)​
https://leslumieresdeversailles.blogspot.com/
SING SANG SUNG
(Pop anglaise traduite)​
https://singsangsungenglishmusic.blogspot.com/
CINÉ CINÉMA
(Netflix)​
https://cinecinemavincent.blogspot.com/

#culturejaiflash
#leslumièresdeversailles
#SingSangSung
#cinésérie #cinécinéma
#jaimelhistoire
#uneespérancehumaine
#labeauteduvivant
#artmoderne
#peinturefigurative
#photosinstantannees
#lhumourenpolitique
#amusezvous
#lamusiquequejaime
#unjourunlivre

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MARCEL-CLÉMENT (1873-1950), UN ARTISTE PEINTRE ONIRIQUE

LE TITIEN (1488-1576) ET LE MANIÉRISME

GUSTAVE MADELAIN [1867-1944] CE PEINTRE QUI A RÉSISTÉ À L'ÉCOLE DE PARIS