THÉO VAN RYSSELBERGHE (1862-1926) OU LA SYMPHONIE DES COULEURS

 

THÉO VAN RYSSELBERGHE (1862-1926) 

OU LA SYMPHONIE DES COULEURS



"Un pasteur recueille une jeune orpheline aveugle, farouche, et l’éduque en lui donnant une vision magnifiée du monde. Premier péché ? Puis il tombe amoureux d’elle, son fils aussi… Poussant la partition vers la tragédie ? Avec l’éclat du style d’André Gide, ce classique nous fait vibrer jusqu’à la dernière page.

« [...] je n'ai point encore dit l'immense plaisir que Gertrude avait pris à ce concert de Neuchâtel. On y jouait précisément La symphonie pastorale. Je dis "précisément" car il n'est, on le comprend aisément, pas une œuvre que j'eusse pu davantage souhaiter de lui faire entendre. Longtemps après que nous eûmes quitté la salle de concert, Gertrude resta encore silencieuse et comme noyée dans l'extase.

- Est-ce que vraiment ce que vous voyez est aussi beau que cela ? dit-elle enfin. [...]

- Ceux qui ont des yeux, dis-je enfin, ne connaissent pas leur bonheur.

- Mais moi qui n'en ai point, s'écria-t-elle aussitôt, je connais le bonheur d'entendre.»

- Il ne faut pas chercher à m'en faire accroire, voyez-vous. D'abord parce que ça serait très lâche de chercher à tromper une aveugle... Et puis parce que ça ne prendrait pas, ajouta-t-elle en riant. Dites-moi, pasteur, vous n'êtes pas malheureux, n'est-ce pas?

Je portai sa main à mes lèvres, comme pour lui faire sentir sans le lui avouer qu'une partie de mon bonheur venait d'elle, tout en répondant:

- Non, Gertrude, non, je ne suis pas malheureux. Comment serais-je malheureux?"

LA SYMPHONIE PASTORALE d'André Gide

(149 pages) GALLIMARD




QUI ÉTAIT ANDRE GIDE (1869 - 1951) ?

André Gide nait à Paris dans une famille de la haute bourgeoisie protestante où il est fils unique. Il s'affranchit de son éducation puritaine, dans les "Nourritures terrestres", en 1897, en exprimant son goût pour la vie. Il subit à ses débuts l'influence des symbolistes et ses écrits de jeunesse restent sans succès. Il participe à la vie littéraire (L'Hermitage avec Paul Claudel, Henri Ghéon, Francis Jammes, Paul Valéry) et fonde la Nouvelle Revue Française (NRF) où il défend une école de la rigueur et du classicisme.

En 1909, André Gide rompt avec Paul Claudel qui avait espéré le convertir au christianisme. Dans "Les caves du Vatican", roman burlesque publié à la veille de la guerre, André Gide expose sa théorie de l'acte gratuit, portée par son personnage célèbre, Lafcadio. En épigraphe, l'auteur a choisi une citation de Georges Palante: "Pour ma part, mon choix est fait, j'ai opté pour l'athéisme social". Il acquiert la notoriété après la guerre et a une grande influence sur de nombreux écrivains.



André Gide montre à la fois un désir de prendre parti dans les grands problèmes de son époque (contre le colonialisme, pour le pacifisme et le communisme.), tout en faisant preuve de méfiance envers toute forme d'engagement. Son enthousiasme pour le communisme s'éteint dans la douleur après son voyage en URSS qui l'amènera à dénoncer le stalinisme.

Bien qu'étant classique dans son style, André Gide rejette tout conformisme dans les idées. Sa personnalité est complexe, à la fois sensible et puritaine, tourmenté par le doute et l'inquiétude. Il refuse toute servitude familiale, sociale, religieuse pour mieux vivre dans l'instant et renaître chaque jour. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1947.




BIOGRAPHIE DE THÉO VAN RYSSELBERGHE (1862-1926)

C'est un peintre belge, connu pour avoir été l'un des principaux représentants du divisionnisme en Belgique. Acquis aux idées anarchistes, ami intime d’Élisée Reclus et de Paul Signac, il donne des dessins à la presse libertaire dont Les Temps nouveaux de Jean Grave de 1897 à 1911

Théo Van Rysselberghe, de la famille Van Rysselberghe, est le frère de Charles Van Rysselberghe et Octave Van Rysselberghe, tous les deux architectes. Il épouse Maria Monnom en 1889. Ils ont une fille, Élisabeth (née en 1890), qui est la mère de Catherine, l'unique enfant d'André Gide. Elle a neuf ans lorsque ses parents deviennent des proches d'André Gide. Un double coup de cœur réciproque s'établit entre Maria et Gide d'une part, et entre Élisabeth et le même Gide d'autre part.



Après ses études à l'Académie des beaux-arts de Gand et à l'Académie de Bruxelles sous la direction de Jean-François Portaels et de Léon Herbo, Théo Van Rysselberghe participe à une exposition au Salon de Bruxelles pour la première fois en 1881. Vers 1886-1887, il découvre l'œuvre de Georges Seurat en compagnie d'Émile Verhaeren. Ami d'Octave Maus, il est un des membres fondateurs en 1883 du groupe bruxellois d'avant-garde Les Vingt. À la fin du xixe siècle, le pointillisme de ses peintures fait place à une composition à larges touches allongées. Comme Georges Seurat et Paul Signac, il réalisa de nombreux paysages marins. Il a aussi réalisé des gravures qui sont moins connues.




VOYAGE AU MAROC

L'année suivante, il voyage (en suivant les traces de Jean-François Portaels) en Espagne et au Maroc avec son ami Frantz Charlet et le peintre asturien Dario de Regoyos. Il admirait tout particulièrement les « vieux maîtres » au musée du Prado. À Séville, ils rencontrent Constantin Meunier, et son fils Charles, dit Karl, qui peignait une copie de la Descente de la Croix de Pedro de Campaña. De ce voyage en Espagne, il ramène les portraits suivants : Femme espagnole (1881) et La Sévillane (1882). Il reste quatre mois à Tanger, pour y pratiquer le dessin et la peinture des scènes pittoresques de la rue, de la kasbah et des souks : Cordonnier de la rue arabe (1882), Garçon arabe (1882), Repos de garde (1883). Il y retourne à deux reprises, en 1883-1884 puis en 1887-1888.



RETOUR EN BELGIQUE

De retour en Belgique, il montre environ trente œuvres de son voyage au Cercle Artistique Littéraire et à Gand. Elles rencontrent un succès instantané, en particulier Les Fumeurs de kif, Le Vendeur d'oranges et un Paysage marin du détroit (soleil couchant), Tanger (1882). En avril 1883, il expose ces scènes de la vie quotidienne méditerranéenne au salon de L'Essor à Bruxelles devant un public enthousiaste. À cette même époque, il se lie d'amitié avec l'écrivain et poète Émile Verhaeren qu'il allait plus tard représenter à plusieurs reprises. En septembre 1883, van Rysselberghe se rend à Haarlem afin d'étudier la lumière dans les œuvres de Frans Hals. Le rendu précis de la lumière continue à occuper son esprit. Là, il a également rencontré le peintre américain William Merritt Chase.




RETOUR EN FRANCE

Il peint alors ses premières œuvres pointillistes sur le modèle de Georges Seurat. Il fait ensuite partie du groupe La Libre Esthétique pour lequel il exécute une affiche (1896). Il s'installe à Paris en 1898 au 59, rue Scheffer, qu'il quitte en 1901 pour s'installer à la villa Aublet au 44, rue Laugier, dont l'architecte Louis Bonnier (1856-1946) réalise l'installation. En 1913, il fait construire à Auteuil un hôtel particulier au 14, rue Claude-Lorrain par Auguste Perret.

Son amitié avec Paul Signac porte aussi sur les idées anarchistes. Il participe à la presse libertaire et notamment régulièrement au journal Les Temps nouveaux de Jean Grave, à qui il donne des œuvres de 1897 à 1911. Il fréquente le géographe Élisée Reclus et le peintre Camille Pissarro, ainsi que Camille Platteel (1854-1943), amie de sa famille depuis de longue date, et maîtresse de Félix Fénéon. En 1899, il réalise la couverture de La Morale anarchiste de Pierre Kropotkine.




EB PROVENCE

À la fin des années 1890, il s'établit en Provence à Saint-Clair près du Lavandou et retourne vers une certaine forme de classicisme. Sa fille Élisabeth, après avoir eu une fille, Catherine, avec André Gide, épouse en 1931 le romancier dunkerquois Pierre Herbart.




SES PRINCIPAUX THÈMES EN PEINTURE

Il peint de nombreux portraits qu'il consacre essentiellement à ses proches, dont celui d’Alice Sèthe. Ce dernier met en valeur le décor, peint avec précision, ce qui contraste avec la volonté synthétique des pointillistes français. Ses personnages n'ont pas l'« hiératisme » de ceux de Seurat comme le souligne Émile Verhaeren.

Outre le post-impressionnisme, le peintre sera également influencé par le japonisme, admirateur, en particulier d'Hiroshige. Ses paysages maritimes se simplifient, contrastant avec le luxe de détails de ses portraits.



Il a peint un certain nombre de groupes de nus féminins dont il fait son thème de prédilection à partir de 1910 : L'Heure embrasée (1897), Baigneuse autour d'un rocher (1910), Baigneuses à Cavalière (1910). Il peint également quelques nus isolés (Nageuse au repos : 1922, L'Ablution ou Vénus accroupie : 1922). L'érotisme ne semble cependant peu présent, du moins pour l'écrivain André Gide qui parle à ce propos de « nus hygiéniques ». Cette période voit la transition entre l'influence post-impressionnisme et une tendance vers le classicisme.

Théo van Rysselberghe a également illustré des livres, comme le recueil de textes d'Émile Verhaeren, l'Almanach en 1895, dessinant lettrines, arabesques et illustrations. Il décore ainsi certains catalogues d'exposition du groupe des XX.




LA DOMINATION DU MONDE PAR L'EUROPE EN 1900

De 1800 à 1900, la population européenne croît plus vite que le reste de la population mondiale. Passant de 200 millions à 400 millions, elle représente en 1900 le quart de la population mondiale, contre le cinquième en 1800. L'excédent de population va peupler les États-Unis, l'Amérique latine, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Afrique du Sud. Par ailleurs, plusieurs millions d'Européens quittent momentanément les métropoles pour participer à l'administration ou à la mise en valeur des colonies. Ces émigrations, porteuses de la civilisation européenne, considèrent qu'elles ont pour mission de la répandre dans le monde entier.

À la veille de la Première Guerre mondiale, l'Europe est le continent dominant du point de vue économique, culturel et politique. Les puissances européennes se sont partagé le monde, hormis les colonies japonaises (Corée, Formose), américaines (Philippines) et les régions arabes intégrées à l'Empire ottoman. Quand elles n'exercent pas une tutelle coloniale, ces puissances imposent une domination impérialiste, fondée sur des rapports inégaux.




L'INDUSTRIALISATION DE L'EUROPE EN 1900

La croissance économique repose sur l'essor de l'industrie lié à la mise au point de nouvelles techniques et au développement du capitalisme. Celui-ci était apparu dès le Moyen Âge dans des secteurs limités. Il se généralise au xixe siècle : multiplication des banques, des organismes de crédit, création des sociétés par actions, rôle de l'État qui, dans certains pays, est à l'origine du développement industriel.

Un réseau dense de voies ferrées est construit en Europe de 1840 à 1880. La Grande-Bretagne, qui s'est lancée la première dans la révolution industrielle, demeure la première puissance économique, mais elle est concurrencée par l'Allemagne et les États-Unis dès la fin du siècle. Les investissements allemands, britanniques et français permettent la construction de voies ferrées dans le reste de l'Europe et l'industrialisation de la Russie (à partir de 1880). L'Europe reste cependant majoritairement rurale pendant tout le xixe siècle.



DÉMOCRATISATION ET RADICALISATION

 DES NATIONALISMES EN EUROPE EN 1900

Les principes libéraux se sont généralisés. L'Europe du Nord et du Nord-Ouest a opté pour le suffrage censitaire et l'a progressivement étendu. Le suffrage universel masculin est définitivement adopté en France (1875), en Italie (1912). Même des pays de tradition autoritaire se sont dotés d'assemblées représentatives (→ Reichstag en Allemagne, douma en Russie). Cependant, la plupart des régimes sont à la fois menacés sur leur droite et sur leur gauche.

La menace de la droite vient de tous ceux qui demeurent hostiles à ces évolutions : aristocraties terriennes d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie et de Russie, papauté qui refuse de reconnaître l'État italien. La menace de la gauche vient du socialisme et des mouvements révolutionnaires (syndicalisme révolutionnaire, anarchisme).

Mais c'est l'exaltation des sentiments nationaux qui engendre les principales tensions, d'autant plus dangereuses que les grandes puissances ont formé des alliances : Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie), Triple-Entente (France, Grande-Bretagne et Russie). Ainsi, le conflit qui éclate en 1914 devient rapidement européen puis mondial.



UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX

LE CANTIQUE DE JEAN RACINE

https://youtu.be/ITjvsz0DtP8



Le Cantique de Jean Racine, op. 11, est une pièce vocale composée en 1865 par Gabriel Fauré, alors âgé de 19 ans. Écrite pour chœur (soprano, alto, ténor et basse) avec piano ou orgue, cette pièce se situe dans la tonalité de ré bémol majeur.

Après une introduction jouée à l'orgue (ou au piano), le chœur entre pupitre par pupitre. À la quarantième mesure, après un pont instrumental, une partie centrale modulante intervient en la bémol majeur (puis si bémol mineur), où l'œuvre atteint son plus haut niveau expressif. Par un retour lent et solennel, la pièce évolue ensuite vers son caractère initial mais transfiguré.

Il existe une version pour chœur, harmonium et quintette à cordes (1866) et une version pour chœur et orchestre (1906).

Dédiée à César Franck, la partition obtint le premier prix de composition au concours de sortie de l'École Niedermeyer de Paris, dont Fauré était élève.



Le texte de Jean Racine (1639-1699) est en fait une paraphrase (dans un sens non péjoratif : les paraphrases sont, au XVIIe siècle, des « transpositions libres » plutôt que de « traductions exactes » de textes religieux, notamment des hymnes, comme l'indique Denis Lopez ; voir les exemples de l'article paraphrase) de l'hymne Consors paterni luminis datant de l'Antiquité tardive (IVe siècle). Attribuée à Saint Ambroise, évêque de Milan et Père de l'Eglise, elle était chantée au début des matines (ou vigiles) de la férie tierce (c'est-à-dire du mardi). Le texte utilisé par Gabriel Fauré serait en fait une version remaniée par Louis Racine, fils de Jean Racine :


Verbe égal au Très-Haut, notre unique espérance,

Jour éternel de la terre et des cieux,

De la paisible nuit nous rompons le silence :

Divin Sauveur, jette sur nous les yeux.

Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;

Que tout l'enfer fuie au son de Ta voix ;

Dissipe le sommeil d'une âme languissante

Qui la conduit à l'oubli de Tes lois !

Ô Christ ! sois favorable à ce peuple fidèle,

Pour Te bénir maintenant rassemblé ;

Reçois les chants qu'il offre à Ta gloire immortelle,

Et de Tes dons qu'il retourne comblé.




VOUS AVEZ BON GOÛT !​ 

Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​


CULTURE JAI 

(​L'Histoire de l'Art​ en Musique)

https://vincentdelaplageculturejai.blogspot.com/

LES LUMIÈRES DE VERSAILLES

​(Histoire Moderne en Musique)​

https://leslumieresdeversailles.blogspot.com/

SING SANG SUNG  

(Pop anglaise traduite)​

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CINÉ CINÉMA  

(Netflix)​

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