GIOVANNI GIACOMETTI (1868-1933)
AVEC GIOVANNI GIACOMETTI (1868-1933)
L'ART DE SE PARLER À SOI-MÊME
Giovanni Giacometti, né à Stampa le 7 mars 1868 et mort à Glion le 25 juin 1933, est un peintre suisse. Il est le père du sculpteur et peintre Alberto Giacometti, ainsi que de Diego Giacometti, dessinateur de meubles et de luminaires ; Bruno Giacometti, le troisième fils, est architecte. Giovanni est cousin au deuxième degré du peintre Augusto Giacometti.
« ... il faut se cultiver dans l'art de se parler à soi-même, au sein de l'affect, et d'utiliser celui-ci, en tant que cadre de dialogue, comme si l'affect était précisément un interlocuteur qu'il faut laisser se manifester, en faisant abstraction de tout esprit critique.
Mais, ceci une fois accompli, l'émotion ayant en quelque sorte jeté son venin, il faut alors consciencieusement soupeser ses dires comme s'il s'agissait d'affirmations énoncées par un être qui nous est proche et cher. Il ne faut d'ailleurs pas s'arrêter en cours de route, les thèses et antithèses devant être confrontées les unes avec les autres jusqu'à ce que la discussion ait engendré la lumière et acheminé le sujet vers une solution satisfaisante. Pour ce qui est de cette dernière, seul le sentiment subjectif pourra en décider.
Naturellement, en pareil débat, biaiser avec soi-même et chercher des faux-fuyants ne nous serviraient de rien. Cette technique de l'éducation de l'anima présuppose une honnêteté et une loyauté pointilleuses à l'adresse de soi-même, et un refus de s'abandonner de façon prématurée à des hypothèses concernant les desidera ou les expressions à attendre de "l'autre côté". »
C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 174.
Fils de pasteur, Carl Gustav Jung est né le 26 juillet 1875 à Kesswil, au bord du lac de Constance en Suisse...
UN PÈRE ARTISTE
Alberto Giacometti est un sculpteur, peintre et graphiste moderniste suisse, né à Borgonovo, dans le val Bregaglia, le 10 octobre 1901, et mort à Coire, le 11 janvier 1966. Vivant et travaillant principalement à Paris à partir de 1922, il est resté connecté à sa vallée de montagne natale du Val Bregaglia ; il y rencontre sa famille et s'y consacre à son travail artistique.
Giacometti est l'un des sculpteurs les plus importants du XXe siècle. Son travail est influencé par le cubisme, le surréalisme et les questions philosophiques sur la condition humaine, ainsi que par l'existentialisme et la phénoménologie. Vers 1935, il abandonne son travail surréaliste pour se consacrer aux « compositions avec personnages ». Entre 1938 et 1944, ses personnages mesurent au maximum sept centimètres : ils doivent refléter la distance à laquelle il a vu le modèle.
Les œuvres les plus connues de Giacometti ont été créées dans la période d'après-guerre ; dans les sculptures extrêmement longues et élancées, l'artiste réalise sa nouvelle expérience de la distance après une visite au cinéma, dans laquelle il a perçu la différence entre sa façon de voir et celle de la photographie et du film. Fort de son expérience visuelle subjective, il ne créé pas la sculpture comme une réplique physique dans l'espace réel, mais comme« une image imaginaire [...] dans son espace à la fois réel et imaginaire, tangible et insaisissable ».
L'œuvre picturale de Giacometti est initialement une petite partie de son travail. Après 1957, la peinture figurative est placée sur un pied d'égalité avec la sculpture. Sa peinture presque monochrome de la période tardive « ne peut être rattachée à aucun style moderniste », disait avec révérence Lucius Grisebach.
UN COUSIN PROCHE ARTISTE PEINTRE
Ses parents, Giacomo Giacometti et Marta née Stampa, sont paysans de montagne. Son cousin au deuxième degré, Giovanni Giacometti, est le père d'Alberto Giacometti.
Augusto suit l'école primaire du village, puis l'école secondaire à Zurich et à Coire (École cantonale des Grisons). Il rejoint ensuite l'école des arts appliqués de Zurich, où il reçoit une formation de maître de dessin (1894-1897). C'est là, dans la bibliothèque de l'école, qu'en dernière année il découvre l'ouvrage d'Eugène Grasset La plante et ses applications ornementales, qui le fascine tant qu'en été 1897, il part pour Paris et, dès l’automne, prend des cours à l'École normale d’enseignement du dessin, où Eugène Grasset est son professeur et lui fait connaître l'Art nouveau. Ses visites au Louvre et dans les autres musées parisiens lui font découvrir Fra Angelico et les autres peintres de la première Renaissance italienne, ainsi que Pierre Puvis de Chavannes et les peintres symbolistes, qui tous l'inspireront durablement.
Il s'intéresse particulièrement à la couleur. Ses oeuvres sont lumineuses. « Par la seule utilisation de la couleur, qu’il concentre par touches en des zones précises, il parvient à donner à l'ensemble un effet de spatialité ».
Il obtient de nombreuses commandes de peintures murales et de vitraux dans le canton de Zurich et dans celui des Grisons : par exemple pour l'église Saint-Martin à Coire (1918), l'église de Küblis (1921), la Reformierte Stadtkirche St. Laurentius à Winterthour (1923), l'église Saint-Jacques à Klosters (1928), le Palais fédéral à Berne (1930), l'ancienne bourse de Zurich (1931), l'École polytechnique fédérale à Zurich (1934), le Grossmünster (1933), la Wasserkirche (1943) et le Fraumünster (1945) à Zurich. Giacometti jugeait que ses vitraux constituaient le sommet de son art.
Des expositions lui sont consacrées à Berlin en 1928, à Paris en 1930 et 1933 (Galerie Bernheim-Jeune), à Milan en 1935 et au Kunsthaus de Zurich en 1937 (rétrospective à l'occasion de son 60e anniversaire).
"Quiconque y réfléchit se fera une idée approximative de la manière dont se déroule la métamorphose de la personnalité. Du fait de sa participation active, le sujet se mêle aux processus inconscients et il en devient détenteur en se laissant pénétrer et saisir par eux. Ainsi, il relie en lui les plans conscients et les plans inconscients. Le résultat en est un mouvement ascensionnel dans la flamme, la métamorphose dans la chaleur alchimique et la naissance de l'« esprit subtil".
Dialectique du moi et de l'inconscient (1933)
de Carl Gustav Jung
LE STYLE DE LA PEINTURE DE GIACOMETTI
Giacometti a peint en particulier de vastes paysages des Grisons, des scènes de jardin et de village du val Bregaglia, des scènes de famille, des portraits de personnes de son entourage, ainsi que de nombreux autoportraits et des natures mortes.
Il a été l'un des premiers artistes suisses qui, influencés par l’art de leur époque (impressionnisme, néo-impressionnisme et fauvisme), en ont assimilé le modernisme et poursuivi le développement. Son style est caractérisé par « un langage chromatique radieux ». Giacometti a écrit que « la lumière est toujours le véritable motif de mes peintures ».
Après sa rencontre avec Giovanni Segantini, Giacometti a adopté une technique de « traits de pinceau nourris de couleurs pures », de formes variées, à la matière épaisse ; puis, après 1900, il « opte pour un traitement ornemental et des formes planes », dont les traits de pinceau « se fondent dans un réseau personnel de taches de couleurs »; enfin, dès 1906-1907, certaines de ses œuvres adoptent « des structures abstraites et linéaires », par exemple en utilisant des bandes de couleur parallèles.
De Carl Gustav Jung d'ajouter : " Quiconque progresse sur la route de la réalisation de son Soi, inconscient, rendra nécessairement conscients les contenus de l'inconscient personnel, ce qui élargira considérablement l'étendue, les horizons et la richesse de la personnalité. Soulignons tout de suite que cet « élargissement » concerne au premier chef la conscience morale et la connaissance de soi-même ; car les contenus de l'inconscient que l'analyse libère et qui passent dans le conscient sont, en règle générale, tout d'abord des contenus désagréables, qui comme tels ont été refoulés : souvenirs, désirs, tendances, projets, etc."
BIOGRAPHIE DE GIOVANNI GIACONETTI
Giovanni est le quatrième des huit enfants d'Alberto Giacometti et Caterina née Santi. Alberto, qui a été boulanger à Varsovie puis cafetier à Bergame, tient une auberge à Stampa, dans le val Bregaglia (Grisons).
Après ses études à l’école cantonale de Coire (1884-1886), Giovanni, qui possède un véritable talent pour le dessin, part en 1886 étudier la peinture à l'École des arts décoratifs de Munich. L'année suivante, il y fait la connaissance de Cuno Amiet, avec qui il noue une amitié pour la vie.
Tous deux décident de poursuivre leurs études à Paris et, dès octobre 1888, sont élèves à l'Académie Julian, tout en assistant aux cours de l’École des beaux-arts. Ils fréquentent les artistes suisses de Paris, comme Hans Emmenegger et Max Buri, et passent l’été à Stampa ou à Soleure. Giacometti admire les oeuvres de Rembrandt, Whistler et Manet.
En 1891, à cause de soucis financiers, Giacometti doit interrompre ses études et rentrer au val Bregaglia. Mais l'isolement artistique qu'il y trouve le décide à partir en février 1893 pour l'Italie, où il reste jusqu'à l’automne et découvre le pleinairisme des Macchiaioli.
En 1894, peu de temps après son retour en Suisse, dans le val Bregaglia, il se lie d'amitié avec Giovanni Segantini, son aîné de dix ans, qui vit à proximité, à Maloja, et aura, jusqu'à sa mort subite en 1899, une grande influence sur l'œuvre de Giacometti en l'ouvrant à la beauté des paysages montagneux et aux lois du divisionnisme et en lui inspirant confiance quant à la possibilité de réaliser « son idéal d'une peinture baignée de lumière ».
Il faut savoir que le val Bregaglia, berceau de la famille Giacometti, est une vallée en forme de V entourée de hautes montagnes qui ne laissent pas passer les rayons du soleil pendant les mois d'hiver, qui sont difficiles à supporter pour Giacometti.
En 1896, Cuno Amiet, qui a passé un an à Pont-Aven, lui rend visite et lui fait partager son expérience.
En 1898, Giacometti expose au Künstlerhaus de Zurich avec Amiet et Ferdinand Hodler. Ce dernier lui apprend à créer une composition rigoureuse et ornementale par une utilisation appropriée des formes et des couleurs.
En 1900, Giacometti épouse Annetta Stampa, fille du maître d’école d'un village voisin. Le couple aura quatre enfants : Alberto, Diego, Ottilia et Bruno. De nombreuses oeuvres de Giovanni sont inspirées par le bonheur de la vie familiale.
En 1900, il expose au sein de la représentation suisse à l'exposition universelle de Paris. À partir de 1905, Giacometti travaille de nouveau dans une grande complicité avec Amiet et commence à se libérer de l'influence de Segantini. En 1906, a lieu une exposition de son œuvre au Kunstlerhaus de Zurich ; la même année, Cuno Amiet et lui rencontrent René Auberjonois à Berne et l'influencent au sujet de « la couleur pure et de la touche fragmentée ».
En octobre 1907, il se rend à Paris avec Amiet pour la rétrospective Cézanne au Ve Salon d'automne, dont la peinture l'enthousiasme. Ils copient ensemble des œuvres de Van Gogh. En 1908, il expose à la Brücke, puis, conjointement aux Fauves français, galerie Richter à Dresde.
En 1909, la galerie Tannhauser présente ses œuvres à Munich. Il rencontre Alexi von Jawlensky, et en 1911 participe à la Sécession berlinoise. En 1912, Giacometti a une exposition personnelle au Kunsthaus de Zurich et présente deux œuvres à la Sonderbund de Cologne.
En 1918 à la mort de Hodler, il fait son entrée dans le monde politique suisse en tant qu'artiste engagé, imitant en ceci Amiet, et y joue un rôle important. En 1920, une rétrospective lui est consacrée au Kunstmuseum de Bâle.
Il décède en juin 1933, des suites d'une hémorragie cérébrale, à Glion, en dessus de Montreux.
BIOGRAPHIE DE KARL JUNG
" Hors de la liberté, point de moralité. " JUNG
Carl Gustav Jung est un médecin psychiatre suisse né le 26 juillet 1875 à Kesswil, et mort le 6 juin 1961 à Küsnacht, en Suisse alémanique.
Issu d'une famille protestante, Carl Gustav Jung étudie au collège de Bâle et s'intéresse de près à l'Histoire et à la mythologie.
Poursuivant des études de médecine, il s'oriente vers la psychanalyse. En 1900, il devient assistant à l'hôpital psychiatrique de Zurich. Présenté à Freud en 1907, il est rapidement considéré par ce dernier comme son successeur. Toutefois, les différences s'accumulent. Jung s'oppose effectivement à l'interprétation sexuelle du médecin viennois. Ainsi, la rupture se consomme en 1912.
Jung entreprend ensuite de multiples voyages ethnographiques, au Kenya et en Inde notamment, qui lui permettent de mieux formaliser sa pensée. En 1921, il expose dans Les types psychologiques un inconscient défini par les pensées, les sensations, l'intuition et les sentiments et divisé entre extraversion et introversion.
Avec L'énergie psychique, il soumet l'hypothèse de l'existence de deux formes d'inconscient, celui personnel et celui collectif, mémoire de l'humanité véhiculant les grands archétypes mythologiques. Il devient le fondateur de la psychologie analytique.
Auteur prolifique, il mêle réflexions métapsychologiques et pratiques à propos de la cure analytique. Jung a consacré sa vie à la pratique clinique ainsi qu'à l'élaboration des théories psychologiques, mais a aussi exploré d'autres domaines des humanités : depuis l'étude comparative des religions, la philosophie et la sociologie, jusqu'à la critique de l'art et de la littérature. On lui doit les concepts d'« archétype », d'« inconscient collectif » et de « synchronicité ».
Père fondateur d'une psychologie des cultures, il a rassemblé autour de ses travaux des générations de thérapeutes, d'analystes et d'artistes. En dépit de la polémique concernant ses relations avec le régime nazi, Jung a profondément marqué les sciences humaines au XXe siècle.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Arnold Schoenberg : "La Nuit transfigurée"
https://youtu.be/NA50DcC34G4
Durant l'été 1899, le musicien tombe amoureux de Mathilde, la sœur d'Alexander von Zemlinsky, avec qui il se mariera un peu plus tard. Il compose pour elle cette Nuit transfigurée en moins de trois semaines. Il s'agit donc d'une œuvre de jeunesse, écrite bien avant sa période dodécaphonique, avec des accents de romantisme tardif.
On y perçoit principalement l'influence de Wagner et de Brahms, certains enchaînements harmoniques évoquant fortement Tristan und Isolde et ses accords de neuvième sans fondamentale. Œuvre de jeunesse sans doute, mais qui va déjà bien au-delà des conventions de l'époque.
Le jeune Schönberg, âgé de 25 ans, a déjà assimilé l'art des grands romantiques allemands et commencé à explorer les espaces situés au-delà de leur langage ; mais l'auteur reste toujours dans les limites de la tonalité. Ce chef-d'œuvre précoce reste l'une des œuvres les plus jouées et les plus applaudies du futur novateur viennois.
La pièce est fondée sur un poème extrait du recueil La Femme et le monde (Weib und Welt) de Richard Dehmel, un ami du musicien. Le texte, plus tard publié séparément sous le titre Zwei Menschen. Roman in Romanzen, décrit une promenade nocturne d'un couple amoureux dont la femme avoue qu'elle attend un enfant d'un autre. Son amant insiste sur l'importance de sa maternité et lui assure qu'il est disposé à faire sien cet enfant. Ils marchent heureux, sous la lune, dans cette nuit transfigurée.
L'accueil de l'œuvre fut difficile : elle a été refusée une première fois par la Société de musique de chambre de Vienne.
La création eut lieu le 18 mars 1902 à Vienne, occasionnant une querelle parmi le public.
L'œuvre se joue d'un seul souffle. Son exécution dure un peu moins d'une demi-heure.
Cette pièce a été ultérieurement arrangée pour orchestre à cordes par le musicien en 1917 avec une nouvelle révision en 1943 (orchestre à cordes). En 2001, Michel Gaechter en a réalisé une transcription pour piano, qu'il a enregistrée en 2002 sur un piano Erard de 1883 (label Tamino).
VOUS AVEZ BON GOÛT !
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