WILLIAM BOUGUEREAU (1825-1905)
QUE RESTE T'IL DE LA JEUNESSE
WILLIAM BOUGUEREAU (1825-1905) ?
Les scènes de genre sont l’occasion pour Bouguereau de mettre en valeur les émotions. Les personnages, surtout des femmes et des enfants, évoquent l’amour maternel ou fraternel, la tendresse, la tristesse, mais aussi la pauvreté, le travail des champs ou le travail artisanal.
En 2019, Sotheby's a présenté La Jeunesse de Bacchus, une scène monumentale (3 mètres de haut pour 6 mètres de long) aux qualités techniques notoires, considérée comme l’une des plus ambitieuses de son corps de travail. Proposée avec une estimation entre 25 à 35 millions de dollars, la toile est pourtant restée invendue. Le record actuel de l’artiste est est tenu par Chansons de printemps, adjugé à 2,9 millions de livres sterling chez Christie's en 2019.
ÉPOQUE DE WILLIAM BOUGUEREAU
Ce travailleur opiniâtre obtint un immense succès en France et en Amérique avec ses nus féminins et les compositions mythologiques qui leur servent de prétexte (Flore et Zéphyr, 1875, musée de Mulhouse). Si certains sont réalistes jusqu'à la minutie, mièvres ou même ridicules, d'autres, par contre, atteignent par leur matière vitrifiée et leur délicatesse de tons à une poésie suave (la Naissance de Vénus, 1879, Paris, Orsay).
Les décorations murales qu'il exécuta à la cathédrale de La Rochelle et à Paris pour Sainte-Clotilde, Saint-Augustin ou Saint-Vincent-de-Paul, bien qu'habilement composées, sont plus lourdes et ternes. Membre de l'Institut en 1881, il joua, avec Cabanel, un rôle primordial dans la direction du Salon officiel et, très intransigeant lors de l'intervention du jury au Salon, soutint le rejet systématique de Manet et des Impressionnistes.
Il devait être le premier artiste " pompier " français à qui fut consacrée une exposition personnelle (Paris, gal. Breteau). Il a depuis été très largement étudié surtout aux États-Unis (expositions à New York, Detroit et San Francisco, 1974-75, puis Paris, Montréal et Harford en 1984-85).
UN SUCCÈS RAPIDE DE L'ARTISTE
L’art de Bouguereau correspond au goût dominant de l’époque. Et l’artiste a un talent hors du commun. Aussi, ses compositions rencontrent-elles un succès immédiat dès son retour à Paris. Il reçoit de nombreuses commandes de portraits mais aussi de cycles décoratifs (demeures privées, bâtiments publics, églises). Chaque année, Bouguereau présente des toiles au Salon officiel où il reçoit un accueil chaleureux. L’État et les collectionneurs achètent ses compositions mythologiques et religieuses.
En 1856, il épouse Marie-Nelly Monchablon avec laquelle il aura cinq enfants. Le succès de Bouguereau traverse rapidement la Manche et l’Atlantique, sous l’impulsion de Paul Durand-Ruel, le célèbre marchand de tableaux. Les anglo-saxons apprécient cette peinture académique à la finition lissée et aux contours précis.
Bouguereau diversifie ses compositions en abordant les scènes de genre : mères et enfants, paysannes, scènes pastorales sont très appréciées du public. Le peintre idéalise ses figures à la manière de Raphaël, qu’il admire, et les anime par des émotions facilement identifiables, rappelant les ingénues de Greuze.
Bouguereau passe tous les étés à La Rochelle où il dispose d’un atelier. Travailleur infatigable, il ne s’arrête jamais de peindre, comme il l’écrit lui-même : « Chaque jour, je vais à mon atelier plein de joie. Le soir, quand je suis obligé d’arrêter à cause de l’obscurité, je peux à peine attendre le lendemain matin. Si je ne peux pas m’adonner à ma chère peinture, je suis malheureux. »
QUI ÉTAIT WILLIAM BOUGUEREAU ?
Méprisé par les impressionnistes, Bouguereau a maintenu coûte que coûte la tradition des grandes peintures néoclassiques du Salon de Paris. Son traitement du corps et son amour pour la peinture académique lui ont valu bien des déconvenues en Europe, au profit des collectionneurs américains qui lui ont voué un véritable culte.
Artiste habitué et incontesté du Salon, William-Adolphe Bouguereau est l'un des peintres les plus célèbres du XIXe siècle, bien qu’il fut largement déconsidéré après sa mort et jusqu’à la fin du siècle suivant.
Son talent est très vite remarqué et en 1850, il reçoit le prestigieux Prix de Rome, une résidence de trois ans à la Villa Médicis à Rome qui l’expose aux chefs-d'œuvre de la Renaissance et de l’antiquité. Il a un jour déclaré : « Il n’y a qu’une sorte de peinture. C’est celle qui offre à l’œil cette perfection, cette espèce de bel émail impeccable qu’avaient les Véronèse et Titien", ses plus grandes inspirations.
Après sa mort en 1905, l’arrivée de l’Art moderne et la re-dynamisation de la scène parisienne le font sombrer dans l’oubli, son nom est omis des encyclopédies artistiques et de l’enseignement généraliste, et s'il est un tant soit peu mentionné, c'est comme un exemple « à ne pas suivre ». Les collectionneurs américains, qui avaient favorisé son succès de son vivant, recherchent continuellement ses toiles et par la force des choses, ont fait disparaître un grand nombre de ses œuvres du territoire français. Il a laissé derrière lui plus de 820 tableaux, et si la majorité se trouve outre-Atlantique, les plus célèbres sont conservés au musée d'Orsay.
LES HONNEURS DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
En 1876, William Bougereau devient membre de l’Académie des Beaux-arts. En 1885, il est élu président de la Fondation Taylor, organisme privé français regroupant des artistes et ayant pour objectif le développement des arts. En 1888, Bougereau est nommé professeur à l’École des Beaux-arts de Paris et à l’Académie Julian, école privée de peinture. Commandant de la Légion d’honneur en 1885, il est nommé Grand Officier en 1905.
Après la mort de sa femme, en 1877, Bouguereau entretient une relation amoureuse avec une de ses élèves, Elizabeth Jane Gardner (1837-1922), qu’il épouse en 1896. Elizabeth adopte un style en tout point identique à celui de son mari. William Bougereau meurt le 19 août 1905 à La Rochelle d’une maladie cardiaque.
QUEL EST LE STYLE DE WILLIAM BOUGUEREAU ?
L’académisme représente à la fin du 19e siècle l’essentiel du marché de l’art. Les innovations artistiques apparues à partir des années 1860, principalement l’impressionnisme, n’intéressent qu’une petite élite de connaisseurs. Le postimpressionnisme se heurte parfois à une incompréhension totale, à telle enseigne que Van Gogh meurt dans la pauvreté en 1890. William Bouguereau, en poursuivant la grande tradition artistique occidentale qui avait pris naissance avec Giotto, au 13e siècle, était apprécié de tous ceux qui pouvaient s’offrir un portrait, une scène de genre ou même une scène mythologique ou religieuse.
Bouguereau est un grand artiste, un dessinateur exceptionnel, au niveau des plus grands de l’art occidental, un technicien de premier ordre qui possède l’art de la composition et celui de l’harmonie chromatique. Son option résolument conservatrice – ne pas s’immiscer dans les innovations de son époque – lui vaudra les sarcasmes de l’intelligentsia. Les intellectuels les plus clairvoyants dans le domaine artistique vont se faire un plaisir de moquer ce peintre si apprécié de tous ceux qui se gaussent des impressionnistes. Ainsi, à propos du salon de 1875, Émile Zola considère-t-il les toiles de Bouguereau et Cabanel comme « le triomphe de la propreté en peinture, des tableaux unis comme une glace, dans lesquels les dames peuvent se coiffer ». Octave Mirbeau, fervent défenseur des impressionnistes, suggère un nouveau lieu pour la peinture académique : « Pourquoi n’exposerions-nous pas dans les égouts ? […] On pourrait bien y accrocher du Bouguereau, ce semble. »
L’arrogance intellectuelle des grands écrivains ne peut rien contre une réalité massive : l’esthétique académique, vieille de plusieurs siècles, a conquis tous les esprits. On croit savoir définitivement ce qui est beau. William Bouguereau est donc plébiscité en Europe et aux États-Unis car il idéalise le spectacle du monde comme savait le faire Raphaël à son époque. Il peint ainsi plus de 800 toiles, dont certaines de grandes dimensions. Bouguereau est un travailleur infatigable. Sa réussite lui vient d’un talent inné et de la ténacité avec laquelle, tout au long de sa vie, il a cherché à satisfaire son public.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
"la Pavane pour une infante défunte" de Ravel
https://youtu.be/cwL4nSb9am8
Composée en 1899, la Pavane pour une infante défunte de Ravel répondait à une commande de la princesse de Polignac, sa dédicataire. Le jeune compositeur avait été introduit dans le salon de la mécène par son maître Gabriel Fauré. Créé par le pianiste Ricardo Viňes le 5 avril 1902 lors d’un concert de la Société nationale de musique, le morceau correspond effectivement aux caractéristiques de la pavane, une danse de cour lente et grave du XVIesiècle, de forme binaire à répétition.
En dépit de son titre évocateur, la dimension pittoresque de la pièce reste cependant assez mince : « Je n’ai songé, en assemblant les mots qui composent [son] titre, qu’au plaisir de faire une allitération », expliquait Ravel. Il ajoutait, quant au caractère de l’œuvre : « Ce n’est pas la déploration funèbre d’une infante qui vient de mourir mais bien l’évocation d’une pavane qu’aurait pu danser telle princesse, jadis, à la cour d’Espagne. » En 1910, le compositeur arrangea lui-même le morceau pour petit orchestre, version donnée aux Concerts Hasselmans le 25 décembre 1911, sous la direction d’Alfredo Casella (ancien condisciple du compositeur dans la classe de Fauré).
La Pavane pour une infante défunte connaissait déjà un succès immense, à tel point que Ravel s’en agaça et la prit en grippe. Dès 1912, il y fustigeait ainsi « l’influence de Chabrier, trop flagrante, et la forme assez pauvre ». Cette autocritique, certes pas totalement infondée, oubliait pourtant l’essentiel : la force expressive de l’œuvre, qu’elle doit principalement à son splendide premier thème, tendre et enveloppant.
VOUS AVEZ BON GOÛT !
Commentaires
Enregistrer un commentaire