CORRESPONDANCE AVEC LYNN BIGGESS
CORRESPONDANCE AVEC LYNN BIGGESS
PEINTRE AMÉRICAINE DE VIRGINIE
Baudelaire était de ces écrivains qui regardent la philosophie avec une certaine méfiance. Il lui reprochait, en tout cas, son manque d’imagination, sa rigidité, son goût excessif de l’idéal.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Charles Baudelaire
Correspondances
Les Fleurs du mal
ANALYSE DU POÈME DE BAUDELAIRE
Vers 1 et 2 : « La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; », Ici la Nature est comparée à un temple donc à un lieu sacré. C’est le lieu idéal pour communiquer avec l’au-delà. La Nature est vue comme une religion qui est plus importante que l’homme. Elle est éternelle (utilisation du verbe d’état être) tandis que l’homme est éphémère (utilisation du verbe passer). Le mot Nature a une majuscule ce qui lui donne une importance et un effet de supériorité vis-à-vis de l’homme qui n’en a pas.
Vers 3 et 4 : « L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. »
Les vivants piliers représentent des arbres qui, réunis, forment des forêts de symboles capables de parler et de voir, ils sont donc personnifiés. Les arbres sont les piliers d’une cathédrale végétale.
Vers 5 et 6 : « Comme de longs échos qui de loin se confondent, Dans une ténébreuse et profonde unité, »
Les « confuses paroles » du premier quatrain sont devenues « de longs échos » dans le deuxième. On peut donc dire qu’il y a eu une évolution entre le premier et le deuxième quatrain. Baudelaire joue avec la perception du lecteur, le champ lexical de la voix qui a pour but l’immersion de celui-ci et développe son sens de l’ouïe. Le deuxième vers peut évoquer les abysses avec les adjectifs « ténébreuse et profonde ». Les allitérations du vers
5 prolongent l’écho. Le but est bien ici de plonger le lecteur dans univers sombre et mystérieux grâce à la sémantique de la nuit. Tout est fait pour que le lecteur s’imagine en forêt.
Vers 7 et 8 : « Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. »
Il s’agit ici de l’illustration de la théorie de la synesthésie (expression d’une sensation par le moyen d’un organe sensoriel impropre à la sensation évoquée). Après avoir parlé du sens de l’ouïe, Baudelaire évoque ici le sens de la vue grâce notamment à la double comparaison du premier vers et à la mention des couleurs. On voit également une personnification des parfums, des couleurs et des sons car ils se parlent. Il y a ici une véritable superposition des sens ce qui a pour effet de plonger le lecteur dans la forêt du premier quatrain. Il y a également dans le vers 7 une antithèse enracinant la confusion chez le lecteur.
Vers 9, 10 et 11 : « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, » Après avoir exposé son idée principale dans les deux quatrains, Baudelaire énumère des exemples dans les deux tercets. Ce premier tercet est un exemple de synesthésie car les sensations sont exprimées par le moyen d’un organe sensoriel impropre à la sensation
évoquée. : « parfums frais » (odorat-toucher), « doux comme les hautbois » (odorat-ouïe), « verts comme les prairies » (odorat-vue). Il y a aussi une personnification qui vient renforcer la synesthésie car les parfums ont des caractéristiques humaines. « Corrompus, riches et triomphant, ».
Vers 12, 13 et 14 : « Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. » Le premier vers de ce tercet n’est d’autres que la fin de phrase du dernier vers du tercet précédent, il y a donc un enjambement ce qui donne un aspect de continuité entre les deux tercets du poème. Ce vers comporte également une hyperbole « Ayant l’expansion des choses infinies, » accentué par une diérèse dans le mot « expansion ». Le vers suivant contient une énumération de différentes odeurs dont par exemple l’encens qui est habituellement utilisé pour des cérémonies religieuses évoquées au début du texte avec le mot « temple ». Ces odeurs font voyager les lecteurs. Le verbe « transporter » confirme bien le thème du voyage. A travers une énumération des parfums qui évoquent les pays lointains asiatiques, Baudelaire met en éveil le sens de l’odorat du lecteur. Il nous plonge dans une ambiance aphrodisiaque presque onirique. Nous constatons également qu’au début du poème, il est question de « confuses paroles » et qu’à la fin, il s’agit de chant ce qui montre une certaine évolution crescendo du poème.
COMMENTAIRE DU POÈME "CORRESPONDANCES"
DE BAUDELAIRE
Le poème se trouve dans la première section du recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, qui en comporte cinq. La première édition fut publiée en 1857. C’est le quatrième poème de la première section « Spleen et Idéal » et le premier sonnet du recueil. Charles Baudelaire est un poète du XIXème siècle dont la modernité poétique relève du Symbolisme. On peut le considérer comme « un poète maudit », expression qui désigne en général un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur.
Créant une solitude que l’on retrouve dans certains de ces poèmes comme dans la section « Spleen et Idéal ». Il cherche à nous émouvoir en partageant son vécu à travers ses poèmes. Il a publié cent poèmes en juin 1857. En août de la même année, suite à un procès, 6 poèmes ont été condamnés pour outrage aux bonnes mœurs. Cette censure ne sera relevée qu’en 1949 ! En 1861, les poèmes ont été réédités avec son accord. Trente-cinq poèmes sont
rajoutés mais certains ont changé de place et/ou ont subi quelques variantes.
QU'EST CE QUE LE SYMBOLISME ?
Le Symbolisme : Mouvement artistique et littéraire de la fin du XIXème siècle, qui s'est opposé au Naturalisme et au Parnasse, développant une conception exigeante de l'Art, chargé d'atteindre grâce aux symboles, les vérités cachées. Il donne une vision symbolique et spirituelle du monde.
On rattache souvent à ce courant, héritier des thèmes baudelairiens, Rimbaud et Verlaine, mais c'est Mallarmé qui l'incarne le mieux dans le domaine de la poésie. Le symbolisme voulait offrir à l'art des moyens d'expression autres que ceux de la simple représentation réaliste.
QU'EST CE QUE LE PANTHÉISME ?
Le mot panthéisme vient du grec pan (tout) et de theos (dieu). Le mot apparait au début du XVIIIe siècle. Le panthéisme est une doctrine philosophique selon laquelle Dieu et l'univers ne font qu'un.
Selon certains panthéistes Dieu seul est réel, le monde n'existe qu'en Dieu et n'est qu'une partie de Dieu qui lui est immanent . D'après Spinoza, philosophe panthéiste du XVIIe siècle : En dehors de Dieu, aucune substance ne peut être donnée ni conçue. Tout ce qui est, est en Dieu (Éthique.I, 14-15).
D'autres panthéistes du XVIIIe siècle, comme D'Holbach ou Denis Diderot, pensent que le monde seul est réel (en ce sens ils sont matérialistes). Donc Dieu n'est que la somme de tout ce qui existe.
BIOGRAPHIE DE LYNN BOGGESS
Peintre paysagiste en plein air de Virginie-Occidentale, Lynn Boggess brave le temps de toutes les saisons, armé de toiles et de truelles en ciment pour pinceaux, pour capturer la beauté de la nature dans ses paysages uniques.
Il a obtenu son baccalauréat en beaux-arts de la Fairmont State University et a ensuite terminé sa maîtrise à la Cranbrook Academy of Art.
Pendant plus de 10 ans, Lynn a enseigné la peinture à la Fairmont State University tout en poursuivant sa carrière de peintre.
Il a reçu de nombreux prix prestigieux, dont un prix pour l'ensemble de ses réalisations aux West Virginia Governor's Awards et le 2001 West Virginia Higher Education Art Educator of the Year.
Lynn continue de vivre et de travailler en Virginie-Occidentale.
QU'EST CE QUE L'ART POÉTIQUE DU PAYSAGE ?
La notion de paysage est récente : le mot n’apparaît en français qu’en 1549 pour désigner « une étendue de pays ». Aujourd’hui, elle est intimement liée à notre relation sensible à la nature.(Par Jacques Munier)
Paysage, village, bocage, alpage, rivage, et même visage, tous ces mots en age portent une charge émotionnelle particulière. Ils expriment des sensations médiatisées par des valeurs ou des souvenirs. C’est la remarque inaugurale que fait Martin de la Soudière dans le livre qui vient de paraître chez Anamosa sous le titre Arpenter le paysage. Poètes, géographes et montagnards. L’ethnologue de la France rurale, auteur notamment d’une Poétique du village (Stock) a rassemblé ses souvenirs de randonnées en montagne, ses notes de terrain et ses moments de lecture pour ébaucher une réponse à cette question : « comment entre-t-on en paysage », avec quels effets sur les sens ou la vue, et sur le rendu de chacun dans son rôle – paysagiste ou poète, peintre ou géographe ? Un livre « polyphonique », donc, à la mesure de son sujet – de ceux qui, comme l’affirmait Julien Gracq dans les Carnets du grand chemin, « ne s’éveillent sous les doigts qu’à la manière des grandes orgues : grâce à la superposition de multiples claviers ».
L’auteur est un habitué de la montagne, avec une prédilection pour le Massif central et les Pyrénées. « Que nous fait un sommet ? » demande-t-il. Il y a l’aspect personnel de la performance : « tout sommet émarge à un registre moral – il se mérite, il a à voir avec le ciel ». Pour le paysagiste, ce sera « l’achèvement de la forme », pour le poète, le sentiment de « se tenir au bord de l’horizon ». À tous il produit un sentiment de plénitude et de pouvoir – celui de toiser toute une région après « avoir eu jusqu’ici laborieusement à l’arpenter ». Ascension, élévation… « Quand tu es parvenu au sommet de la montagne, continue à monter » dit un proverbe chinois.
Géographes de plein vent
« Qu’est-ce qui nous parle dans un paysage ? » s’interroge Julien Gracq. « Tout ce qui dans la distribution des couleurs, des ombres et des lumières y fait une part plus apparente aux indices de l’heure et de la saison ». D’où le fait que « le paysage minéralisé par l’heure de midi retourne à l’inertie du regard, tandis que le paysage du matin, et plus encore celui du soir, atteignent à une transparence inaugurale où, si tout est chemin, tout est aussi pressentiment. » L’écrivain se demande aussi quel est le motif de la quête qui l’entraîne au long du chemin.
"Quelquefois il m’a semblé que j’y poursuivais le règne enfin établi d’un élément pur – l’arbre, la prairie, le plateau nu à perte de vue – afin de m’y intégrer et de m’y dissoudre."
Parmi les compagnons de route de Martin de la Soudière, il y a également Jean-Loup Trassard et Philippe Jacottet, Pierre Sansot et André Dhôtel ou encore le voyageur immobile Fernando Pessoa. Ce qui les distingue des écrivains-voyageurs, qui voyagent pour écrire, c’est qu’eux écrivent pour voyager et nous embarquent dans leur périple intérieur. La parole est une compétence naturelle, générique. L’écriture est une technique. Ce qu’est l’écriture à la parole, le paysage l’est à l’environnement.
Le bleu du ciel
« Le soleil se couche et se lève chez moi » disait Corot, qui donnait aussi ce conseil : « Avant de peindre un paysage, il faut savoir s’asseoir. » L’épopée discrète de ceux qui travaillent « sur le motif », d’après nature et en plein air, est évidemment présente dans l’album de Martin de la Soudière. « Le paysage a fait de moi un peintre » confiait Constable. Dans un livre publié au Seuil sous le titre Le détail du monde.
L’art perdu de la description de la nature, Romain Bertrand évoque la difficulté à trouver les mots « pour dire le plus banal des paysages ». « Un pré, déjà, nous met à la peine, que grêlent l’aigremoine, le cirse et l’ancolie. » L’historien s’est mis en quête de cette langue perdue, au temps où Goethe caressait avec Humboldt et d’autres le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres – des lichens aux coléoptères ou aux oiseaux. « Que la nature en vous balbutie son mystère » écrivait-il dans l’Elégie de Marienbad.
La peinture de paysage s’autorisait alors « des forces combinées de la science et de la littérature » pour s’élever « au rang d’un savoir crucial ». À preuve, parmi de nombreux autres, le cas du bourlingueur polyvalent, reporter de guerre qui suppléait sur le terrain aux difficultés de la photographie naissante par un don certain pour le dessin : Louis Tinayre. Chargé lors de l’exposition universelle de 1900 de réaliser une fresque sur la prise de Madagascar, le problème qui se pose à lui est de représenter le ciel : « 120 mètres de dais d’azur à peindre »… Pour obtenir la vibration lumineuse du bleu du ciel, il fait disposer une série de pointillés dans une déclinaison de tons en gradation.
La revue L’Alpe s’est exceptionnellement délocalisée dans les Pyrénées pour voir « une réserve internationale de ciel étoilé ». Le label a été décerné en 2013 au pic du Midi. La pollution lumineuse y est réduite et le télescope de l’Observatoire peut scruter à l’aplomb des astres les avatars du trou dans la couche d’ozone, les pluies acides ou encore les gaz à effet de serre. Il arrive un moment où c’est l’environnement qui écrit le paysage.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Esprit Antoine Blanchard: 'Magnificat anima mea', Grand Motet
https://youtu.be/DLsk5KMxQ5U
Esprit Antoine Blanchard est un musicien et compositeur français né le 29 février 1696 à Pernes-les-Fontaines (actuellement dans le Vaucluse) et décédé le 10 avril 1770 à Versailles.
En 1717, âgé de 21 ans il devient maître de musique à l'Abbaye Saint-Victor de Marseille, il sera ensuite nommé à la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds de Toulon, poste qu'avait également occupé André Campra, puis à l'église métropole de Besançon en 1735 et enfin à la Cathédrale d'Amiens. Dès 1732 certaines de ses œuvres sont exécutées au Concert Spirituel. L'audition devant Louis XV, en 1737, de son motet Laudate Dominum semble avoir décidé de sa promotion à la Chapelle Royale l'année suivante.
C'est en 1738 qu'il succède en effet comme sous Maître à Nicolas Bernier, jusqu'à sa mort en 1770. En 1748 il devient également directeur des pages de la musique de la Cour, charge qu'il conserve jusqu'en 1757. La réorganisation-fusion de 1761 des différents départements musicaux lui vaut également le titre de maître de la chapelle du Roi et un anoblissement en 1764.
Bien qu'il reçoive le surnom d'Abbé, qu'il n'est pas, il se marie en 1754, alors qu'il a 58 ans ; il aura de cette union trois enfants.
En 1763, il compte dans son auditoire de la Chapelle royale de Versailles un jeune garçon de sept ans, attentif à ses motets et dont il est loin d'imaginer le destin : Wolfgang Amadeus Mozart.
Il a rencontré Jean-Jacques Rousseau qui fut musicien à la Cathédrale d'Annecy et à qui il donna quelques conseils avisés. Il s'éteint à Versailles le 10 avril 1770 âgé de 74 ans.
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