L'UNIVERS SURRÉALISTE DU PHOTOGRAPHE RODNEY SMITH (1947-2016)
L'UNIVERS SURRÉALISTE
DU PHOTOGRAPHE
RODNEY SMITH (1947-2016)
"Dans le monde enchanté de Smith, l'équilibre produit la beauté, le rire et la danse fantaisiste main dans la main, et les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. Les photographies offrent un mélange parfait de rêverie et de réalité."
jonathan stuhlman, écrivain d'art et conservateur
UN HUMOUR À LA MAGRITTE
Selon Bernard Blistène (directeur du Musée national d’art moderne), Magritte aura été un très grand peintre figuratif de la pensée abstraite. Il aura offert de multiples faux miroirs, des représentations fallacieuses, des allégories ironiques. Son humour froid désoriente.
Lorsque Alain Robbe-Grillet regarde La belle captive de Magritte, il affirme : « Je comprends aussitôt que c’est un piège. » De façons très différentes, Magritte et Max Ernst imagine les ruses de la peinture ; leurs tableaux sont des chausse-trappes, des pipeaux, des panneaux, des miroirs aux alouettes, des traquenards. Tu penseras alors à l’une des définitions de la Beauté (assez rarement citée), lorsque Lautréamont écrit dans Les chants de Maldoror (1868-1869) : « Beau […] comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l’animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs, indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ».
Et Lautréamont a donné aussi une définition très connue de la Beauté : « Et il est beau surtout comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie »… Or, Lautréamont découvre les « rencontres fortuites » d’objets très différents tandis que Magritte peint les rencontres nécessaires et inévitables des objets contradictoires.
POURQUOI J'AIME LE TRAVAIL DE RODNEY SMITH ?
Rodney Smith était un photographe de premier plan dont le travail fantaisiste invitait à être comparé à celui du peintre surréaliste René Magritte. Longtemps acclamé pour ses images emblématiques en noir et blanc qui combinent portrait et paysage, Smith a créé des mondes enchantés pleins de contradictions subtiles et de surprises.
N'utilisant que du film et de la lumière, ses images oniriques non retouchées sont d'une qualité égale à l'artisanat et à la beauté physique de ses tirages. M. Smith était un homme profondément soucieux de partager sa vision du monde avec humour, grâce et optimisme.
QU'EST CE QUE L'HUMOUR DÉCALÉ DE RODNEY SMITH ?
«Mes influences ne sont pas issues de la culture populaire. Elles viennent de la peinture de la Renaissance italienne, de la photographie du milieu du XXe siècle, de la peinture de John Singer Sargent, de la culture japonaise, du style Biedermeier. En plus d’être fantaisiste, j’espère profondément que mon travail est émotionnel et réfléchi.
Le monde d’aujourd’hui a atteint une impasse. La musique est discordante, l’art , conceptuel ou non, est vulgaire, la culture indélicate, elle manque de style, de grâce et tout cela aurait besoin de changement. Le monde de mes photographies est un monde un peu hors de portée. Il nous oblige à aspirer à plus, à atteindre un mieux, à apporter de la civilité, de la grâce, de la beauté, et le retour à un monde qui a malheureusement disparu.
Sans s’en rendre copte la culture populaire crie Non ! . J’espère que mes photos proclament plutôt un Oui !» Rodney SMITH
POURQUOI RODNEY SMITH TRAVAILLAIT EN NOIR ET BLANC ?
Son côté surréaliste fait penser au peintre belge René Magritte ; son sens du design et de la composition à Edward Hopper. Il les appréciait énormément tous deux et on le compare souvent à eux. De ses études en théologie il a gardé un sens contemplatif très profond et toute sa vie il a tenté de sortir du chaos, de la confusion, de l’incompréhension, du désespoir du monde moderne, essayant de cherchant le sens d’un être humain.
Il a très longtemps été un adepte de la photo en noir et blanc , la couleur n’est entrée dans sa vie qu’en 2002. Avec le temps, et surtout depuis son décès en 2016, elles sont devenues des sortes d’œuvres d’art très recherchées non seulement par les musées du monde entier, mais aussi par les collectionneurs. Elles font souvent , par ailleurs, l’objet de nombreuses grandes expositions et rétrospectives. Quarante-cinq ans de carrière auréolés par de nombreux prix et récompenses. Il fut également professeur de photographie à l’Université de Yale et l’auteur d’ouvrages sur son art.
COMMENT RODNEY SMITH TROUVAIT SON INSPIRATION ?
Il est né en 1947 à New York. Élevé par son père, un riche industriel de la mode. Études à l’université de Yale dont il sort diplômé en 1970. Parallèlement à cela, il prend des cours de photographie. Six ans plus tard, il obtient une bourse qui lui permet de se rendre en Israël durant trois mois afin de faire une sorte de retraite-études sur la diversité des cultures et religions du Moyen-Orient. Un voyage intérieur qui va beaucoup lui apporter.
A partir de là, il voyagera beaucoup, travaillant surtout sur la lumière que lui apporte les différents pays où il se rend. Son style personnel années 50,qui prend un malin plaisir à jouer avec le temps et l’espace et emmener chacun de nous dans un monde enchanteur qui nous fait oublier les tracas de la vie, va naître, fait de mises en scène un peu étranges mais pleines de poésie, jamais retouchées, développées en chambre noir, un véritable artisanat dont il était fier.
La nature a tenu une part importante dans son travail, son langage, elle a été le décor de ses photos et probablement qu’elle lui a permis de trouver les réponses aux questions qu’il n’a cessé de se poser toute sa vie sur la nature profonde de l’homme : « Je suis toujours attiré par un endroit où la main de l’homme est évidente. »
BIOGRAPHIE DE RODNEY SMITH
Rodney Lewis Smith (1947-2016) est né à New York. Il a trouvé son inspiration artistique en visitant la collection permanente de photographies du Museum of Modern Art (MoMA) au cours de sa première année à l'université. Après avoir obtenu son diplôme de l'Université de Virginie en 1970, il a obtenu une maîtrise en théologie de l'Université de Yale, tout en étudiant en photographie sous la direction de Walker Evans. Smith cherchait un sens à sa vie et la photographie lui fournissait un moyen de s'exprimer.
En 1976, il a reçu une bourse de la Fondation de Jérusalem, qui a abouti à son premier livre, Au pays de la lumière. Cette bourse de trois mois l'a profondément changé, car il a trouvé la noblesse dans un mélange diversifié de cultures et de religions au Moyen-Orient, où de nombreuses personnes vivaient une existence du 18e siècle dans un monde du 20e siècle.
Ayant trouvé son créneau, Smith a voyagé dans le sud des États-Unis, en Haïti et au Pays de Galles, réalisant des portraits intrigants d'ouvriers et d'agriculteurs, tout en capturant la magnificence du paysage.
Influencé par l'enseignement et la précision technique d'Ansel Adams, Smith a cherché à perfectionner sa propre technique, en limitant son choix d'appareil photo, de film, d'exposition, de révélateur et de papier. Il a utilisé la lumière pour éditer et révéler ses sujets, les rendant dans un large éventail de tons, allant des reflets blancs nets aux ombres veloutées profondes. Le style signature de Smith a émergé, rendant le monde plus net et plus clair, mettant de l'ordre dans le chaos.
Au milieu des années 1980, le travail de Smith a attiré l'attention des directeurs artistiques et des éditeurs de magazines qui lui ont demandé de créer des portraits journalistiques de PDG du monde entier. Il a insisté pour avoir un accès complet à ses sujets ainsi qu'une totale liberté de création. Prendre des photos de ces hommes puissants, sur place, dans leur propre environnement personnel, les a dotés d'une humanité inédite et a changé la nature du portrait d'entreprise.
L'intégration de la figure et du paysage a été encore renforcée lorsque Smith a co-écrit The Hat Book en 1993 avec le directeur créatif Leslie Smolan. Ce photo-essai fantaisiste sur les chapeaux mettait en contraste les ouvriers d'une fabrique de chapeaux du XVIIIe siècle avec les chapeaux comme expressions de l'identité et de la mode. Smith et Smolan se sont mariés en 1990, établissant un partenariat créatif à vie qui a contribué à aider Smith à trouver sa propre vision unique.
Au milieu des années 1990, les clients éditoriaux comprenaient le New York Times, W Magazine, Vanity Fair, Departures et New York Magazine. Smith a été immergé dans la mode de tir pour Neiman Marcus, Bergdorf Goodman, Ralph Lauren et Paul Stuart, entre autres. Tous cherchaient à puiser dans son style unique et son affinité naissante pour la spontanéité, l'humour et le surréalisme. « Je fais confiance à mon instinct pour aller au cœur du sujet. Une fois que j'ai trouvé le bon emplacement et la bonne lumière, tout le reste en découle.
Tout au long de sa vie, Smith s'est passionné pour l'estampe en tant qu'artefact. "Pour moi, l'impression est la création, le but, le résultat de mon effort." Très tôt, il privilégie les petits tirages gélatino-argentiques montés sur de grands passe-partout blancs. Au milieu des années 2000, avec l'avènement de l'impression pigmentaire d'archives sur papier aquarelle, il a finalement adopté à la fois la couleur et l'impression à grande échelle avec des résultats étonnants.
Rodney Smith est décédé en 2016 à l'âge de 68 ans. Ses images allient esprit et élégance, un mélange puissant qui n'aurait pu être créé par aucun autre photographe. Son travail continue d'être montré dans les musées et les galeries et collectionné par des particuliers. La succession de Rodney Smith se consacre à la préservation de ses archives et à leur partage avec des publics du monde entier qui apprécient l'esthétique et le sens de l'humour fantaisiste de Smith.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Gershwin : Rhapsody in Blue (cuivres et piano)
https://youtu.be/ngwKBzBJwU4
Or Notes Brass et Julien Gernay (piano) interprètent Rhapsody in Blue de George Gershwin / arrangement Takénori Némoto. Extrait du concert Générations France Musique, le Live, enregistré le 09 mars 2019.
George Gershwin Compositeur et pianiste américain (Brooklyn 1898 – Los Angeles 1937) George Gershwin, autodidacte, est le compositeur majeur de "la musique de genre" des années 1920 : sa popularité est due à la rencontre unique entre le jazz, le klezmer ou encore la musique afro-américaine, et l'écriture savante des modèles européens.
Fils d’immigrants russes, George Gershwin - de son vrai nom Jacob Gershvin – manifeste un intérêt particulièrement développé pour la musique. Il prend des leçons sommaires de piano et d’harmonie à New York avec un compositeur de musique légère, Charles Hambitzer, duquel Gershwin dira « Il m’a rendu conscient harmoniquement ». Fervent admirateur d’Irving Berlin et de Jerome Kern, Gershwin devient accompagnateur de vaudeville puis pianiste répétiteur pour la revue Miss 1917. Ses premières chansons attirent sur lui l'attention de l'éditeur Max Dreyfus qui l'engage dans son équipe régulière de compositeurs. En 1918, George commence une collaboration qui s’avérera fructueuse avec son frère parolier Ira.
Doué d’une activité compositrice extrêmement prolifique, George Gershwin produit, parallèlement à ses chansons, bon nombre de comédies musicales dans lesquelles il utilise de façon originale et ingénieuse des formules de jazz à la mode. Toujours à la frontière entre langages classique et jazz, il compose en 1924 l’un des jalons de sa carrière, Rhapsody in Blue, pour piano et orchestre de jazz. Son entreprise musicale la plus ambitieuse et sans doute la plus décriée sera Porgy and Bess, un opéra américain pour chanteurs noirs, créé à Boston en 1935 et dont la presse ne fera pas bon écho malgré la grande popularité que connaîtront par la suite ses airs, en particulier Summertime.
La mort soudaine du compositeur à l’âge de trente-huit ans a motivé la création d’une série de concerts donnés en son honneur chaque année au Lewisohn Stadium de New York.
L’oeuvre qui a valu le succès international de George Gershwin n’aurait sans doute jamais vu le jour sans Paul Whiteman, directeur d’un orchestre de jazz. Celui-ci rêve de créer un jazz symphonique, mêlant la musique populaire qu’est le jazz avec la musique savante et une orchestration symphonique. Des compositeurs comme Ravel, Debussy ou Stravinski ont déjà ouvert la voie en intégrant des éléments de jazz dans leurs œuvres tardives. George Gershwin, compositeur de mélodies, est sollicité, mais il n’est pas certain de relever le défi. Il écrit alors une version pour deux pianos, orchestrée par Ferde Grofé. L’arrangement de Takénori Némoto pour piano et ensemble de cuivres, retranscrit à merveille le dialogue entre le piano et l’orchestre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire