EMIL ORLIK (1870-1932) L'AMI PEINTRE de KAFKA, de RILKE et de PAUL KLEE
EMIL ORLIK (1870-1932)
L'AMI PEINTRE
de KAFKA, de RILKE et de PAUL KLEE
"Nous avons des yeux pour voir
Pour connaître Dieu nous avons notre existence.
Voici le témoignage le plus poignant de toute l'histoire de la littérature. Que devient un homme quand le verbe pénètre en lui, décide de sa vie et lui fait espérer un mystérieux salut ? « Nous avons été chassés du paradis mais le paradis n'a pas été détruit pour cela. » Ce paradis qu'on doit retrouver sera d'autant plus beau qu'on revient de loin. Kafka relate tout ce qui l'envahit et l'abat : peur de la maladie et de la solitude, désir et crainte du mariage, lutte contre le milieu familial et religieux. Etouffé par ses scrupules, Kafka ne perd jamais de vue la vie spirituelle dont il attend force et lumière. Ce Journal c'est tout l'ennui de la vie et le salut qui l'éclaire."
JOURNAL de franz kafka
L'ÂME TCHÈQUE DE KAFKA
Une visite du vieux Prague suffit à rappeler que Kafka, né à Prague en 1883 d’une famille juive, a marqué la capitale tchèque de son empreinte si particulière. La vie de Kafta s’inscrit en effet dans une topographie allant de la place de la Vieille Ville que dominent les tours imposantes du Tyn, jusqu’au château de Hradcany. En s’engouffrant dans les ruelles en quinconces et les dédales de la vieille ville à l’atmosphère mystérieuse, on ressent partout l’âme de Kafta et c’est tout juste si l’on ne s’attend pas à voir surgir sa longue et frêle silhouette face à ce château auquel il a consacré l’une de ses plus belles œuvres.
La vie de Kafka est intimement liée à ce quartier, notamment à la Maison aux Trois Rois place de la Vieille Ville où l’écrivain s’installa entre 1896 et 1907. C’est en ce lieu qu’il écrivit son premier romain depuis sa chambre d’où il avait vue sur l’église Notre-Dame-de-Tyn. A quelques pas, se trouve le lycée allemand fréquenté jadis par Kafka, installé autrefois dans le palais Kinsky. Le père de Kafka tenait une mercerie au rez-de-chaussée de ce palais. Ce commerce a depuis été remplacé, sans surprise… par une librairie. Un peu plus loin, 2 rue Celetna le visiteur découvre une boutique de bric à brac où l’on vend des articles en cristal et des poupées russes, qui était à l’époque une autre résidence où vécu aussi Kafka.
QUI ÉTAIT ÉMIL ORLIK ?
Emil Orlik est né à Prague, alors partie de l'Empire austro-hongrois, fils d'un tailleur, Moritz Orlik (1832-1897), et de Anna Stein. De 1889 à 1893, il est étudiant à Munich, d'abord comme élève privé du peintre Heinrich Knirr, puis en intégrant l'académie des beaux-arts de Munich. En 1894, il revient s'installer à Prague et y ouvre un atelier.
En 1899, il devient membre de la Sécession viennoise (Sezessionsstil), qu'il quitte en 1905. Influencé par l'art japonais, il se rend en Asie en mars 1900, faisant escale à Hong Kong, avant d'arriver au Japon, où il séjourne jusqu'en février 1901 pour apprendre les techniques de la gravure sur bois.
En 1904, il s'installe à Vienne. Il collabore à la revue viennoise Ver sacrum et compose de nombreuses affiches lithographiées.
À partir de 1905, il est nommé professeur à la Meisterschule für Graphik und Buchgewerbe, branche rattachée à l'université des arts de Berlin. Il succède à la classe d'Otto Eckmann qui l'avait choisi comme successeur, ce qui lui permet de s'installer à Berlin un an plus tard. Parmi ses élèves figurent George Grosz, Rolf Hirschland, Hannah Höch, Oskar Nerlinger, Josef Fenneker.
Il rejoint le Deutscher Künstlerbund.
En 1906, Orlik devient membre de la Sécession berlinoise et participe à leurs expositions. De 1922 à 1932, il est membre de l'Académie prussienne des arts.
Berlin demeure sa ville de résidence jusqu'à sa mort. Tous les ans, il se rend dans le sud de l'Europe, en France et en Suisse. En 1912, il effectua un deuxième voyage prolongé en Asie, qui le conduisit en Chine, en Corée et au Japon.
QUI ÉTAIT LE POÈTE RILKE ?
Rainer Maria Rilke est un écrivain autrichien né le 4 décembre 1875 à Prague en Bohème et mort le 29 décembre 1926 au sanatorium de Val-Mont près de Montreux en Suisse.
Au terme d'une vie de voyages entrecoupés de longs séjours à Paris, il s'installe en 1921 à Veyras en Valais pour soigner la leucémie qui l'emporte en quatre années. Poète lyrique voire mystique ayant beaucoup versifié en français à la fin de sa vie, il a également écrit un roman, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, ainsi que des nouvelles et des pièces de théâtre et reste le traducteur de pièces importantes des poésies française et italienne.
"Ce livre démontre l'unité du questionnement de Rilke sur ce qu'est une image, en confrontant systématiquement la poétique et l'esthétique, en pensant ensemble l'image en poésie et l'image en peinture. Il apparaît que la figure selon Rilke procède d'un travail de la figurabilité, d'une "pensée des yeux", qui met en jeu une dialectique de la figuration et de la défiguration, du lire et du voir, de la forme et de l'informe, de la parole et du silence, de l'apparition et de la disparition."
RILKE LA PENSÉE DES YEUX
LE TRAVAIL D'ÉMIL ORLIK
Orlik a principalement travaillé comme dessinateur et producteur d'images sous la forme de gravures à l'eau-forte et de gravures sur bois. On trouve un grand nombre de portraits de ses contemporains : Henrik Ibsen, Bernhard Pankok, Gustav Mahler, Hermann Bahr, Max Klinger, Jakob Wassermann, Otto Dix, Käthe Kollwitz, Thomas Mann, Albert Einstein, Alfred Döblin ou encore Rainer Maria Rilke, qu'il a connu de Prague en 1896.
« Les thèmes et motifs de son œuvre sont profondément enracinés dans le milieu petit-bourgeois et rural de leurs régions respectives... Ainsi, sont explorés, tour à tour, folklore, vie à la campagne, particularismes, la ville et ses habitants, l'exotisme, les terres lointaines de l'Extrême Orient ».
La revue d'art Pan a publié en 1897 des gravures d'Orlik, notamment une reproduction de l'affiche Die Weber de Gerhart Hauptmann. Dans une lettre, datée du 13 septembre 1897, Hauptmann mentionne la reproduction de son affiche dans cette revue, et considère celle-ci comme « la pierre angulaire de l'affiche sociale allemande ».
De 1897 à 1901, le magazine Jugend a reproduit à plusieurs reprises des images et des peintures d’Orlik, ainsi que la revue britannique The Dome.
Profondément marqué par le japonisme, ses deux voyages, d'abord au Japon puis en Chine, et l'art du maître Kanō Tomonobu (en) (1843-1912), Orlik collectionnait les objets d'Extrême Orient. Il participa en tant que consultant et prêteur à la grande exposition Japan und Ostasien in der Kunst organisée à Munich en 1909.
À LA RECHERCHE DE LA PEINTURE DE PAUL KLEE
Paul Klee, est un peintre suisse né le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee, près de Berne et mort le 29 juin 1940.
Né près de Berne dans une famille de musiciens, Paul Klee est initié très jeune à l’art et à la musique. Il étudie l’art à l’Académie des Beaux-Arts de Munich, puis, après un voyage en Italie, rencontre Vassili Kandinsky, Franz Marc et s’associe au Blaue Reiter.
En 1914, lors d’un voyage en Tunisie, Klee est très impressionné par la qualité de la lumière et des couleurs, et restera marqué par cette vision. Il utilise alors de nombreux types de médiums, huile, aquarelle, encre, qu’il combine souvent dans ses œuvres.
Souvent associé à l’expressionnisme, au cubisme ou au surréalisme, l’œuvre de Klee est en réalité difficile à classifier. On leur reconnaît généralement une certaine qualité fragile et enfantine, et une allusion à la poésie, à la musique et aux rêves. La géométrisation des sujets, la recherche de perfection dans la matière et la couleur sont sublimées par le souci de préserver l’intuition. Les œuvres plus tardives se caractérisent par de rapides symboles hiéroglyphiques.
Après la Première Guerre mondiale, Klee enseigne, aux côtés de Kandinsky, au Bauhaus, puis, à partir de 1931 à l’Académie de Düsseldorf, avant d’être renvoyé en 1933 par le parti nazi pour son art jugé «dégénéré». L’artiste retourne alors en Suisse, et, très atteint moralement, souffre de sclérodermie et meurt à Muralto en 1940, à l’âge de 61 ans.
"La nature abonde en impressions colorées. Les végétaux, les animaux, les minéraux, la composition que l'on nomme paysage : tout cela excite nos pensées et notre reconnaissance. Mais au-dessus de ces choses existe un phénomène pur de toute application, élaboration et altération, un phénomène auquel sa pureté chromatique vaut en ce sens l'épithète d' "abstrait" : l'arc en ciel.
Il est significatif que ce cas unique d'une échelle naturelle de couleurs pures ne soit pas pleinement de ce monde et apparaisse au niveau de l'atmosphère. Appartenant au domaine intermédiaire entre la terre et l'univers, ce phénomène atteint un certain degré de perfection, mais non pas le degré ultime puisqu'il n'appartient qu'à moitié à l' "au-delà"."
Esquisse d'une théorie des couleurs, (p. 65-66).
Théorie de l'art moderne de Paul Klee
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Victor HUGO (1802-1885) Les Djinns
Fauré : Les Djinns (Lionel Sow / Choeur de Radio France)
https://youtu.be/6Y0pzmLtSCk
Gabriel Fauré est une figure musicale importante de la fin du XIXème siècle en France. Héritier de l’école Niedermeyer, influencé par Camille Saint-Saëns et Frédéric Chopin, il a largement contribué à l’essor de la musique française.
Gabriel Fauré, devant ses prédispositions musicales, intègre très tôt la nouvelle école de musique religieuse fondée par Louis Niedermeyer. Outre l’enseignement du fondateur de l’école, il y reçoit les conseils de Camille Saint-Saëns et Gustave Lefèvre.
Parallèlement à son activité de compositeur, Fauré mène une vie active au sein d’institutions musicales, notamment en tant que directeur du Conservatoire de Paris, maître de chapelle puis titulaire du grand orgue de l’église de la Madeleine, ainsi qu’en tant que co-fondateur de la Société Nationale de Musique.
Son catalogue abonde d’œuvres pour piano, intimistes, parfois appelées pièces de salon: barcarolles, nocturnes, arabesques, valses-caprice, impromptus, fantaisies ou ballades. Il façonne un langage musical qui lui est propre, des enchaînements harmoniques que l’on qualifie encore aujourd’hui de « fauréen ». Il excelle également dans la mélodie dont les plus célèbres recueils sont la Bonne chanson et L’Horizon chimérique.
« Djinns » est un poème particulier de Victor Hugo. Il prend place dans son recueil Les Orientales . Bien qu’il n’ait jamais voyagé en Orient, Hugo participe à la mode de son époque, a l’Orientalisme.
Ce long poème a pour thème les djinns donc, les fameux démons musulmans. Ils ne sont pas forcément toujours infernaux et destructeurs. Cependant, ici c’est ce caractère qui est choisi.
Hugo décrit une meute de Djinns à l’assaut d’une ville. Leur puissance destructrice, la peur qu’ils inspirent traversent tout le poème. Ils sont comparés à un essaim de sauterelle ravageant tout sans but, qui sonne l’alarme d’une ville en proie à l’urgence devant le danger.
L’originalité du poème tient à plusieurs éléments. Tout d’abord, il s’appuie uniquement sur le bruit, sur l’ouïe pour décrire la meute féroce des Djinns. Leur attaque de nuit ne permet de les discerner qu’au vacarme qui se rapproche. Le fantastique, le mystère et l’épouvante gagnent le lecteur à cette évocation juste sonore.
VOUS AVEZ BON GOÛT !
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