DE LA RURALITÉ... PAR PIERRE MONTÉZIN (1874-1946)
DE LA RURALITÉ...
PAR PIERRE MONTÉZIN (1874-1946)
On l'appelle Raboliot parce qu'il ressemble à un lapin de rabouillère (nid de garennes). Braconnier passionné, hardi, sûr de lui et de son adresse, rien ne peut l'empêcher d'obéir à ce besoin de chasse nocturne qui l'empoigne chaque soir. Le gendarme Bourrel, cependant, a failli le prendre sur le fait. Excité par le danger, Raboliot multiplie les imprudences et va jusqu'à narguer ouvertement Bourrel. Dès lors, entre les deux hommes, commence une lutte sans merci. Traqué, Raboliot doit fuir, vivant dans les bois comme un loup. Au bout de trois mois, accablé de solitude, torturé par le désir de revoir sa femme et ses enfants, Raboliot revient chez lui… et c'est le drame.Raboliot est sans doute le plus représentatif des romans que Maurice Genevoix, conteur exceptionnel, consacra à son terroir, la Sologne.
Raboliot est un roman français de Maurice Genevoix publié en 1925. Il y évoque et exalte la vie libre d’un braconnier de Sologne. Considéré comme son chef-d’œuvre, ce roman a été récompensé du prix Goncourt en 1925
Voici, à l'occasion de l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, Raboliot, paru aux éditions Grasset en 1925. Pierre Fouques, dit Raboliot, est un chasseur fameux dans toute la Sologne. Les habitants de la région admirent son habileté, son courage et son art dans le maniement du fusil. La chasse n'est pas la seule passion de cet homme rustique et solitaire : il braconne, partout et à n'importe quelle saison, se moquant des institutions et de leurs règles. Alors que personne n'ose le défier, que gardes-chasse et métayers enragent de voir cet anarchiste de la nature se comporter avec une telle désinvolture, une conjuration s'organise.
Le gendarme Bourrel promet de le capturer. Les autorités tendent un piège au braconnier, il y échappe grâce à son intelligence. Raboliot fuit, se cache dans les bois où il prépare sa vengeance. Bientôt, les parties de chasse nocturnes tournent à la haine, au duel à mort... Le portrait d'un bandit magnifique. Un héros de la liberté et de la nature. Le dernier résistant d'une société prête à tout pour imposer un ordre coercitif. Nouvelle édition préfacée par Julien Larere-Genevoix, petit-fils de l'écrivain.
Genèse du roman
Pour écrire Raboliot, Maurice Genevoix s’installe durant plusieurs semaines chez un garde-chasse, sur un terrain de chasse en Sologne acquis par son oncle entre la Sauldre et le Beuvron2, face à l’étang des Clouzioux, qui devient celui de la Sauvagère dans le roman. Il se mêle alors à la vie du village voisin, Brinon-sur-Sauldre. Il tente d'y rencontrer Alphonse Depardieu, braconnier localement connu surnommé Carré, mais celui-ci se méfie et, au dernier moment, décline l'invitation de l'écrivain pour le rencontrer.
Il raconte cet épisode dans Jeux de glaces, en 1961. Maurice Genevoix puise dans sa mémoire pour retrouver les souvenirs de chasse qu'il pratiquait plus jeune, avec son père et ses oncles. Il se réfère à des lieux-dits précis : les Brosses (qui deviennent le Buzidan), les Monteaux (devenu le Bois Sabot), le hameau du Vivier (l’Aubette), le Rillerand (Bouchebrand).
De même, il s’inspire de personnages longtemps côtoyés : Trumeau, qui devient le garde Tournefier, et Beaufils (Touraille). Mais comme pour chacun de ses romans, il recourt à une large documentation thématique sur la Sologne au XIXe siècle6, ou sur la géographie de cette région.
Réédition de la version définitive
En préparant en 1952 une version publiée au Livre de poche, Maurice Genevoix a modifié quelques passages qu’il jugeait inutiles ou qui relevaient de « préciosités de style. » Par exemple, la version originale publiée chez Grasset est allégée de terminologies trop précises relatives aux poissons (« ides mélanotes ») ou aux plantes (« breuvézes pourpres, breumailles rose tendre »), ou d’erreurs, notamment lorsque Flora s’adresse à Raboliot en l’appelant « monsieur Raboliot » (p. 33), la formule ne s’appliquant généralement qu’aux propriétaires terriens12.
Au total, 785 lignes sont supprimées (26 pages). Mais en fait, de réédition en réédition, Maurice Genevoix n'a de cesse de revoir cet ouvrage13 Une édition de luxe avec reliure d'Isy Brachot illustrée par Gaston Barret parut aux Editions Vialetay cette année là.
QUI ÉTAIT MAURICE GENEVOIX ?
Maurice Genevoix, né le 29 novembre 1890 à Decize (France) et mort le 8 septembre 1980 à Xàbia (Espagne), est un écrivain et poète français, membre de l'Académie française.
L’ensemble de son œuvre témoigne des relations d’accord entre les Hommes, entre l’Homme et la nature, mais aussi entre l'Homme et la mort. Alors qu'il est héritier du réalisme, son écriture est servie par une mémoire vive, le souci d'exactitude et le sens poétique. Normalien, il admire tout autant l’éloquence des artisans ou des paysans. D’une grande vitalité malgré ses blessures reçues au combat lors de la Première Guerre mondiale, et animé de la volonté de témoigner, il écrit jusqu’à ses derniers jours. Son œuvre, portée par le souci de perpétuer ce qu'il a tenu pour mémorable, produit d'une grande longévité littéraire, rassemble 56 ouvrages.
Il est surtout connu pour ses livres régionalistes inspirés par la Sologne et le Val de Loire, comme son roman Raboliot (prix Goncourt 1925). Il a cependant dépassé le simple roman du terroir par son sobre talent poétique qui, associé à sa profonde connaissance de la nature, a donné des romans-poèmes admirés, comme La Dernière Harde (1938) ou La Forêt perdue (1967).
Son œuvre est également marquée par le traumatisme de la Grande Guerre (1914-1918), particulièrement dans Ceux de 14, recueil de récits de guerre rassemblés en 1949, considéré comme l'un des plus grands témoignages de ce conflit. Il s'est aussi penché plus largement et plus intimement sur sa vie en écrivant une autobiographie, Trente mille jours, publiée en 1980.
Sur décision du président de la République française, Emmanuel Macron, les restes de Maurice Genevoix entrent au Panthéon le 11 novembre 2020.
QUELLE EST L'OEUVRE DE MAURICE GENEVOIX ?
Une seconde période démarre avec Remi des Rauches, roman publié en 1922, qui vaut à son auteur un prix Blumenthal. Le roman est une transposition littéraire de la guerre, la crue de la Loire évoquant la boue des Eparges, la nostalgie du village aimé, et le souvenir des camarades tués.
Cette période féconde est couronnée par Raboliot qui obtient le prix Goncourt en 1925. Raboliot est un roman sur la Sologne où un anti-héros braconnier défend sa condition d'homme libre. Le soir même du prix, il reprend le train pour Châteauneuf, mettant comme son héros cette liberté au-dessus de tout. L'écrivain ne donnera pas suite à ce qui était alors, comme il s'en expliquera dans la préface à sa biographie Au cadran de mon clocher, les premiers volumes d'un cycle consacré au peuple de la Loire.
Sa curiosité, tout autant qu'un constant besoin de poésie, auront raison de ce projet. Maurice Genevoix a été souvent qualifié d’écrivain régionaliste pour avoir souvent célébré le Val de Loire, étiquette qu'il n'aimait guère. Ses livres rapportant ses voyages à l'étranger, ses écrits de guerre, de même que les thèmes universels qu'il aborde, témoignent cependant d'une dimension beaucoup plus large de l'ensemble de son œuvre.
BIOGRAPHIE PIERRE EUGÈNE MONTÉZIN (1874-1946)
Pierre Eugène Montézin (1874-1946) est un peintre post-impressionniste français, influencé par Claude Monet.
Pierre Eugène Montézin naît dans une famille aisée. Son père est dessinateur en dentelles et crée ses motifs, qui ont du succès à cette époque où le commerce de la dentelle est florissant. Il aime la chasse et la pêche et cela l'entraîne souvent loin de Paris. Tous ses loisirs sont consacrés à des randonnées qui sont souvent de véritables expéditions champêtres.
Lorsque Pierre Eugène fait ses classes primaires, son père le met en apprentissage dans une maison de décoration.
À 17 ans, il travaille dans la décoration de panneaux à fleurs et ornements originaux. Il fait également de la peinture à l'huile et finit par laisser la décoration pour être uniquement peintre et, en particulier, peintre de paysages.
En 1893, Pierre Montézin est décidé à se faire accepter au Salon des artistes français. Il entame la période de dix ans pendant laquelle il enverra régulièrement des toiles qui lui seront toutes refusées. Il séjourne ensuite brièvement à l'école Bernard-Palissy. Pendant ces dix années, il peint alors Paris et ses alentours sans relâche et le Salon des artistes français l'accepte finalement dans son cercle.
En 1914, bien que dispensé de service, il s'engage et combat en première ligne. Il recevra la médaille militaire après les batailles dans la Meuse.
Il revient et s'installe à Paris en 1919. Il est alors marié et vit en famille.
Il déménage à Neuilly-sur-Seine avec sa femme et sa fille en 1924 et partage son temps entre le travail à l'atelier et les séjours à Veneux-les-Sablons, où il possède une maison qu'il décore de fresques.
En 1933, il est élu à l'unanimité président du jury du Salon des artistes français. Lors de la cérémonie de prise de fonctions, 237 toiles sont exposées. Il expose en 1936 à la galerie du Journal, avenue des Champs-Élysées, en 1938 à la galerie Durand-Ruel, avenue de Friedland, et en 1943 à la galerie Raphaël Gérard.
Il est élu à l'Académie des beaux-arts en 1941, au fauteuil no 1, à la place d'Édouard Vuillard, mort en 1940.
Il meurt à 71 ans, subitement, le 10 juillet 1946, au cours d'un séjour de travail en Bretagne. On le retrouve sur le côté d'une route accompagné d'une boîte de peinture et de quelques toiles.
DE LA RURALITÉ AVANT LA GRANDE GUERRE
En 1914, la France est encore à majorité agricole. Les quatre ans de conflits engendre des pertes humaines sans précédent. La Grande Guerre a-t-elle introduit une rupture dans l’évolution du monde paysan français ?
Depuis les années 1880, la valeur vénale des sols n’a cessé de baisser. Durant cette période, le prix d’un hectare de terre a chuté en moyenne d’un tiers. Les régions les plus touchées sont le Languedoc et le Midi méditerranéen, ainsi que l’Aube et la Champagne, alors que la Bretagne est bien orientée. Dans l’ensemble, c’est donc la déroute des rentiers du sol, dont profitent les paysans qui achètent massivement des terres dont la valeur locative s’effondre.
Une évolution amorcée avant les conflits
Ce vaste mouvement d’achat de terres par la paysannerie se confirme à partir de 1919. La guerre est à l’origine d'une reprise des transactions foncières : de nombreuses exploitations se trouvent disponibles à la suite de la mort au front de leur propriétaire.
Les tendances lourdes observées avant guerre perdurent et n’entraînent pas un véritable dynamisme économique dans les campagnes. Si le paysan place désormais volontiers ses économies au Crédit agricole, crée en 1920 par Louis Tardy, c’est plus par souci d’épargne en vue d’acheter des terres que pour moderniser son exploitation qui demeure dans un cadre traditionnel, peu ouvert aux innovations et encore moins concerné par le machinisme agricole qui fait seulement son apparition.
L’exode rural, amorcé avant guerre, dépeuple les villages qui, pour un grand nombre, passent sous le seuil des 100 habitants. Alors qu’un rural sur cinq habite une commune de moins de 500 habitants, la hantise de la dislocation de la société villageoise devient un thème très présent dans le cinéma des années trente et l’objet de fantasmes politiques aux fortunes aussi diverses que contestables.
Singulière fraternité d’armes
Avec l’expérience des tranchées est apparue la singulière fraternité d’armes. L'une de ses conséquences : nombre de chefs d’exploitations n’entendent plus être traités en inférieurs et obéir sans réagir. Une nouvelle couche paysanne apparaît, principalement dans le Bassin parisien, qui entend bousculer les hiérarchies traditionnelles et prendre des responsabilités sociales.
Dans l’Ouest, un mouvement syndical original est créé : les « cultivateurs-cultivants », conduit par des abbés bretons républicains.
Une sorte de préfiguration du mouvement qui, après le second conflit mondial, va entraîner l’agriculture française vers de nouveaux horizons !
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Henri Desmarets: 'Veni Creator Spiritus', Grand Motet
https://youtu.be/66IIjk7Kh8s
Henry Desmarest est un musicien et compositeur français de l'époque baroque, né à Paris en février 1661 et mort à Lunéville le 7 septembre 1741.
Talentueux et précoce, promis à une brillante carrière au service de Louis XIV, son destin fut bouleversé par un fait divers le contraignant à l'exil. Dans le paysage musical français de l'époque, sa musique se distingue particulièrement par les multiples influences étrangères que ses pérégrinations à travers l'Europe ont permises. La sensibilité et la virtuosité de ses œuvres en font un des compositeurs les plus remarquables de sa génération.
À partir de 1680, il devint « ordinaire de la musique du roi ». Son Te Deum dit « de Paris », premier grand motet de Desmarest, est composé peu de temps auparavant, en 1678. Le ballet qu'il composa en août 1682 pour la naissance du duc de Bourgogne obtint la faveur de la cour et, l'année suivante, il concourut au poste de sous-maître de la Chapelle Royale. Quatre places sont à pourvoir. Il a alors 22 ans. Bien qu'il passât avec succès une première sélection, son jeune âge joua en sa défaveur, Louis XIV préférant retenir des musiciens plus expérimentés et plus à même d’asseoir leur autorité.
Sa première épouse, Élisabeth, mourut en 1696 et cet accident scella le destin du musicien : l'année suivante, il échangeait avec Marie-Marguerite de Saint-Gobert, une jeune fille noble de 19 ans, une promesse de mariage dont le père, médecin de Gaston d'Orléans, ne voulut pas entendre parler. Néanmoins, le couple eut un enfant et M. de Saint-Gobert entama une action judiciaire contre Henry Desmarest pour séduction et rapt. Le procès, ouvert en 1699, se termina par la condamnation de Desmarest : le couple s'enfuit à Bruxelles pour échapper à la justice française. Il y fit baptiser une fille, Maximilienne-Olympie, dont la marraine fut Olympe Mancini, comtesse de Soissons et le parrain le gouverneur des Pays-Bas espagnols Maximilien-Emmanuel de Bavière.
Le 28 mai 1700, Desmarest, condamné par contumace, à être pendu en effigie en place de Grève : il ne pouvait plus être question de retourner en France. Mais il obtint un poste en Espagne sous la protection de Philippe V (le propre petit-fils de Louis XIV). Le mariage fut validé en 1702, mais dès 1703 les musiciens français furent renvoyés de la cour d'Espagne, remplacés par une troupe de musiciens italiens.
Ce ne fut qu'en 1720 que le Régent lui accorda le pardon et que les autorités ecclésiastiques confirmèrent la validité du mariage de Desmarest et de Marie-Marguerite. Le musicien tenta alors un retour en grâce à la cour du roi de France, en lui dédiant notamment un de ses opéras Renaud ou la suite d’Armide.
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