MATHURIN MEHEUT (1882-1958) CAP SUR LES ÎLES
MATHURIN MEHEUT
(1882-1958)
CAP SUR LES ÎLES
Charles Baudelaire (1821 - 1867) était considéré comme un poète maudit. Son œuvre est difficilement classable : touche de symbolisme, mouvement parnassien, influence du romantisme par sa sensibilité et classique par le souci de la forme. Baudelaire est en fait le premier poète moderne car il a su rompre avec les thématiques traditionnelles (= idéalisation de l'amour, de la nature, etc.).
Ce poème L'Homme et la Mer illustre de manière explicite une correspondance paradoxale. Le poème, 14ème du recueil Les Fleurs du mal, se trouve dans la partie du recueil intitulée Spleen et idéal (spleen = dépression, ennui, mélancolie). Au travers de plusieurs poèmes, dont beaucoup sont devenus célèbres, Baudelaire définit le rôle du poète, celui de rendre compte des analogies entre les différents sens mais aussi entre l'univers sensuel et l'univers spirituel. Une esthétique dans laquelle « les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Ses vers respectent les règles de l'accentuation et utilisent des figures de style dont le goût pour la provocation est indéniable. Puisque la vie n'est qu'extase et horreur, partage inégal entre Dieu et Satan, le poète la transfigure dans une contrée imaginaire où le désespoir et la beauté se confondent.
Ce poème L'Homme et la Mer exprime, comme d'autres poèmes, la fascination de l'auteur pour la mer qu'il croit à notre image. Pour le faire ressentir au lecteur, Baudelaire a organisé le poème selon une structure en miroir où l'homme regarde son double comme un frère à la fois jumeau et ennemi.
L'Homme et la Mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Dans ce poème L'Homme et la Mer, Baudelaire montre une mer profonde mais mystérieuse et insondable. La mer et l'âme de l'homme s'entremêlent petit à petit pour finir par se confondre.
De même, l'âme de l'homme est insondable et énigmatique. Si le poète construit, tout au long des quatre strophes, un constant rapprochement de l'âme et de la mer, c'est donc pour souligner leur même étrangeté.
Mais la lutte entre ces deux entités présentées dans la dernière strophe montre que l'âme de l'homme est tourmentée, depuis toujours. On entrevoit les aspirations contradictoires de l'homme ainsi que la lutte entre le spleen et l'idéal.
Ouverture : le poème de Pierre de Marbeuf « Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage ».
Pierre de Marbeuf (1596-1645), poète français.
Pierre de Marbeuf est né en 1596 à Sahurs dans la Seine-Maritime.
Elève du collège de La Flèche où il a été le condisciple de Descartes, le chevalier Pierre de Marbeuf est juriste de formation. Il exercera aussi la fonction de maître des eaux et forêts comme Jean de La Fontaine.
Son Recueil des vers est publié à Rouen en 1628. Auteur de sonnets baroques, il met en œuvre les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l'amour. Connu tardivement, il est apprécié non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques.
Recherchant la perfection, il joue avec les mots et les sonorités dans un style baroque.
Introduction
Le poème « Et la mer et l'amour » est paru en 1628. Il est extrait de Recueil des vers. Ce poème de Pierre de Marbeuf n’a pas de titre. C’est un sonnet baroque. Le poète développe le thème de l’amour malheureux en y associant le thème de l'eau. Ce poème est d'aspect conventionnel : c’est un exercice de virtuosité destiné surtout à mettre en valeur l'habileté de l'artiste plus que la sincérité de ses sentiments.
Et la mer et l'amour
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf, Recueil des vers
Le lyrisme est ici particulièrement servi par cette musicalité d'abord, mais également par ce jeu emprunté au baroque de la comparaison et de l'antithèse qui entrelace intimement les thèmes de l'amour et celui de l'eau, élément mouvant, insaisissable, symbole de la vanité, comme du caractère éphémère des choses de ce monde.
BIOGRAPHIE DE MATHURIN MEHEUT (1882-1958)
Fils d'un artisan lamballais, Méheut manifeste très tôt des dons artistiques et sort à 20 ans, brillamment diplômé de l'école des Beaux Arts de Rennes. Il s'inscrit ensuite à l'Ecole nationale des arts décoratifs à Paris et suit les cours d'Eugène Grasset à l'Ecole normale d'enseignement du dessin. Très vite, il collabore comme peintre décorateur à la prestigieuse revue Art et décoration. Puis il va à la Station de biologie marine de Roscoff pour illustrer Etude de la mer, flore et faune de la Manche et de l'Océan. Ce livre publié en 1913 et exposé avec d'autres travaux le fait accéder à la notoriété.
Il part au Japon en 1914 avec la bourse Autour du monde financée par la fondation Albert Kahn. Au Japon, il trouve la confirmation de ses choix iconographiques, telle la représentation de l'essentiel avec un minimum de moyens. Son séjour est interrompu par la mobilisation générale. D'abord simple fantassin dans les tranchées, Mahurin Méheut est nommé lieutenant en 1917 et attaché au service topographique de l'état-major de la 1re armée. Peintre combattant sur le front d'Artois et en Argonne, il dessine la vie quotidienne de ses pairs. Le crayon ou le pinceau toujours à la main, il rapporte une quantité de documents sur cette période.
La notoriété en 1921 et les grandes commandes
Démobilisé en 1919, il se retire dans le pays bigouden pour tenter de se ressourcer. Pendant deux ans, il prépare sa deuxième exposition personnelle au musée des Arts décoratifs à Paris. Il y pense depuis son retour du Japon. Cette exposition devra être à la hauteur de la précédente en 1913.
Les oeuvres exposées reflètent ses anciennes tendances et d'autres qui annoncent, tant par le graphisme que leur thématique, le Méheut des années trente et quarante. C'est dans la deuxième partie de l'exposition consacrée à sa terre natale que Méheut va tirer le meilleur de son art afin de s'imposer comme le peintre de la Bretagne. En présentant une dizaine de panneaux décoratifs sur la vie en Bretagne, il s'affirme comme le décorateur et va obtenir ainsi de nombreuses commandes publiques et privées.
Pendant l'entre-deux-guerres, Méheut est au sommet de sa carrière. Il est connu aussi bien comme décorateur, illustrateur et céramiste. Dès l'après-guerre, débute une collaboration de plus de trente ans avec les faïenceries Henriot à Quimper, mais aussi avec la Manufacture de Sèvres et Villeroy & Boch. Les grandes compagnies maritimes confient à Méheut la décoration de leur plus beaux paquebots, ambassadeurs de tout un art de vivre. Et enfin, les éditeurs continuent à faire appel à lui comme révélateur de la Bretagne à Paris.
Il a aussi l'occasion d'enseigner dans plusieurs écoles prestigieuses : l'école Boulle en premier lieu, de 1912 à 1913 puis de 1919 à 1928 et l'école Estienne où il fait un bref passage en 1921. Après une interruption de quelques années pour se consacrer à sa carrière, il a de nouveau l'occasion d'enseigner, pendant la seconde guerre mondiale, de 1941 à 1943, cette fois à Rennes, à l'école des Beaux-Arts où il fut élève. De ces dernières années d'enseignement, un élève marqué par son professeur fera une carrière internationale dans le cinéma d'animation : Frédéric Back.
POURQUOI LA BRETAGNE ET LA NORMANDIE ONT BEAUCOUP EN COMMUN ?
Bretons et Normands ont beaucoup en commun. Les uns et les autres vivent dans des régions bordées de plages longues et souvent dentelées, tour à tour charmantes et sauvages. Ils ont un goût prononcé pour les coquillages, le cidre et le beurre. Qu’est-ce qu’ils aiment le beurre ! Une part de kouign-amann, le célèbre gâteau breton, satisfait vos besoins en cholestérol pour une décennie.
Ils ont aussi la même palette de couleurs : gris, vert, blanc et bleu, avec un ciel toujours changeant. Et ils conservent des liens étroits et ambigus avec les îles britanniques. En Bretagne, ils ont de vieilles relations avec le reste du monde celte, même si, il y a plusieurs siècles, cela n’a pas empêché leurs ports de corsaires de mettre à mal notre marine.
En Bretagne, ils ont de vieilles relations avec le reste du monde celte, même si, il y a plusieurs siècles, cela n’a pas empêché leurs ports de corsaires de mettre à mal notre marine. Dans le même temps, l’invasion normande [en 1066] a permis à Guillaume le Bâtard de devenir “le Conquérant”. L’invasion s’est bien sûr reproduite en sens inverse en 1944.
Les liens de la Grande-Bretagne avec ces deux régions sont donc non seulement historiques mais sentimentaux. Les plages du débarquement revêtent autant d’importance – dans un registre totalement différent – que le Festival interceltique de Lorient, où nos nations de la frange celtique retrouvent les Bretons au son de cornemuses et autres instruments traditionnels.
Il y a toutefois des différences de taille entre Bretons et Normands. Du fait de l’omniprésence de l’océan et du bouillonnement de la culture celtique, la Bretagne a une identité beaucoup plus forte. En dépit de ses origines scandinaves, la Normandie est beaucoup plus modérée et intégrée. Et il n’existe pas de langue normande dans laquelle elle puisse revendiquer sa liberté. Aussi ne le fait-elle pas.
La pointe du Raz et la pointe Saint-Mathieu, aux confins de la Bretagne, sont des lieux où s’arrête la terre et où commence la légende. Compte tenu de la force des rochers, des falaises et de l’océan, il est normal que les Bretons aient eu besoin de mythes pour s’y confronter. À partir de ces pointes, la côte bretonne perd rarement de son intensité dramatique. Au nord, du pays des Abers à la Côte de Granit rose et à ses formations rocheuses hallucinantes, son aspect sauvage fait frissonner les enfants… et leurs parents, qui tentent de les empêcher de plonger. Chaque promontoire défie l’océan et le ciel, dominant un rivage parsemé de rochers et d’îlots, comme si quelqu’un s’était amusé à les projeter du haut de la falaise.
Au sud, le littoral est plus régulier, avec un tracé légèrement plus doux – mais suffisamment varié pour ceux qui trouvent la côte méditerranéenne sans intérêt. Sur les plages de Concarneau ou de Vannes, en face du golfe du Morbihan constellé d’îles, on est saisi par la beauté du paysage. Sur ce plan, la Normandie ne peut rivaliser avec la Bretagne, entourée d’une série d’îles qui se sont vraisemblablement détachées du continent et ont été rejetées à la mer. À l’extrémité ouest se trouve l’île d’Ouessant, la plus exposée aux intempéries. Sein se situe à peine au-dessus du niveau de la mer et Batz est celle où je prendrai ma retraite pour planter des légumes bios et des plantes subtropicales. S’ils m’acceptent.
La Normandie n’a peut-être pas d’îles comparables, mais sa péninsule du Cotentin, le pouce de la France pointé vers l’Angleterre, est une région aussi broussailleuse que la Bretagne. À l’est et au nord, des chemins traversent des champs entourés de grandes haies et débouchent sur une multitude de plages aux bordures rocheuses et accidentées. Lorsqu’on se tient sur le nez de Jobourg, le point culminant du cap de la Hague, à près de 130 mètres au-dessus d’une mer très agitée, on se sent à la fois très petit et le roi du monde.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
La Mer - Claude Debussy compositeur français
(Saint-Germain-en-Laye, 1862 - Paris, 1918)
https://youtu.be/rI8JeOH9F2c
Claude Debussy est un compositeur français à cheval entre le XIXème siècle et le XXe. Musicien libre et anticonformiste, Debussy a souvent été caractérisé d’impressionniste musical, étiquette qu’il n’a jamais acceptée. Sa musique accorde une place de choix à la couleur et aux timbres instrumentaux.
Debussy commence sa formation musicale au Conservatoire de Paris où il y suit les cours de composition d'Ernest Guiraud et un temps la classe d'orgue de César Franck. L’élève révèle déjà une personnalité compliquée et insaisissable. En 1884, Debussy remporte le premier Prix de Rome mais son séjour à la Villa Médicis sera le point de rupture avec l’académisme. Supportant mal son exil, le musicien démissionne au bout de deux ans et rentre à Paris où il mènera la vie de bohème.
Admirateur de Mallarmé et habitué de ses salons, Debussy est fasciné par le symbolisme. Il s’inspire de ce mouvement dans sa musique, notamment Prélude à l’après-midi d’un faune à partir d’un poème de Mallarmé. Le compositeur fait preuve d’une audace musicale qui aura du mal à être appréciée, exemple avec son opéra Pelléas et Mélisande qui fut au début très critiqué avant d’être célébré et joué dans le monde entier.
Artiste aux inspirations éclectiques, il est notamment séduit par les musiques d’extrême-orient : gamme pentatonique, gamme par tons entiers, créant ainsi un univers musical unique, insaisissable.
De nombreux grands compositeurs du XXe siècle se sont réclamés de l’héritage de Debussy comme Pierre Boulez et Henri Dutilleux.
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