MICHAEL PETER ANCHER (1849-1927) PEINTRE DANOIS INSPIRÉ PAR LA MER
MICHAEL PETER ANCHER
(1849-1927)
PEINTRE DANOIS
INSPIRÉ PAR LA MER
"C'est à la fois un conte et un drame héroïque, l'histoire de Gilliat, pêcheur solitaire, amoureux d'une belle jeune femme, qui pour elle s'en va braver l'océan. Propriétaire d'un bateau à vapeur qui vient de subir un naufrage, un vieil armateur a en effet promis la main de sa nièce à celui qui ira puiser au fond de l'eau les formidables et nouvelles machines encore intactes. C'est contre vents et marées, contre les obstacles naturels et sous le regard malveillant d'autres travailleurs de la mer que Gilliat parvient à son but. Son exploit se révélera vain et sa fin tragique, assistant à la fuite de sa promise avec celui qui était son amant.
Publié en 1866, tout juste après les Chansons des rues et des bois, dont il est en partie marqué par le naturalisme, Les Travailleurs de la mer propose une autre lecture des thèmes hugoliens, cellle de la conquête des machines par l'homme moderne. Roman d'amour, roman maritime et "industriel", il donne surtout à Hugo l'occasion d'explorer son imaginaire, de forcer sur le lyrisme imposé par la grandeur de la nature."
"Les Travailleurs de la mer"
de Victor HUGO
Moins connu que ses autres chefs d'oeuvres, le roman « les travailleurs de la mer » est celui que je préfère dans l'immense production de Victor Hugo.
Brisé par la mort de sa fille Léopoldine, emportée par le mascaret à Villequier en septembre 1843, l'écrivain est marqué à tout jamais par la menace incarnée par la mer et ses aléas.
Exilé à Guernesey sous le second empire, l'opposant à l'empire est fasciné par le spectacle toujours renouvelé de l'océan, de ses furies annonciatrices de drames.
En 1866, il rédige son oeuvre en étant quasi certain qu'il ne reverra pas sa patrie, mais en espérant malgré tout que ses pages contribueront à la chute du régime.
BIOGRAPHIE DE MICHAEL PETER ANCHER (1849-1927)
Michael Peter Ancher, né le 9 juin 1849 dans l'île de Bornholm et mort le 19 septembre 1927 à Skagen, est un peintre danois associé aux peintres de Skagen. Il est surtout connu grâce à ses tableaux Le Canot de sauvetage transporté dans les dunes (Redningsbåden køres gennem klitterne, 1883), aujourd'hui exposé au Statens Museum for Kunst de Copenhague, et Une promenade sur la plage, peint en 1893.
Après des études tôt interrompues par les difficultés financières de sa famille, il travaille, dès 1865, alors qu'il n'a que 16 ans, comme employé de bureau au Manoir de Kalø, près de Rønde, et commence à peindre à temps perdu. À l'été 1865, son intérêt pour la peinture est stimulé par une rencontre avec Theodor Philipsen et Vilhelm Groth qui l'encouragent à persévérer et à faire des études en art.
À l'automne 1871, il est admis à l'Académie royale des beaux-arts du Danemark à Copenhague. À l'invitation de Karl Madsen, un de ses condisciples, il séjourne pour la première fois, à l'été 1874, dans le village de pêcheurs de Skagen, où il est captivé par le travail des pêcheurs et la vie simple de la petite communauté. Cet engouement qu'il partage avec son ami sera le déclencheur du mouvement pictural danois des peintres de Skagen, dont Madsen et Ancher seront deux des plus importants représentants.
Sans avoir obtenu le moindre diplôme, Ancher abandonne définitivement ses études à l'Académie en 1875 et réside pendant de longues périodes à Skagen, à l'Hôtel Brøndum, lieu de réunion de peintres, mais également d'artistes, d'écrivains, dont le futur lauréat du prix Nobel de littérature Henrik Pontoppidan, et même du compositeur suédois Hugo Alfvén.
En 1880, Michael Peter Ancher épouse Anna Ancher, née Brøndum, elle-même peintre et native de Skagen.
Devenus le point de mire de nombreux artistes danois et scandinaves, inspirés par l'art des Impressionnistes français, les peintres de Skagen favorisent l'éclosion d'un art national qui s'attache à la représentation du mode de vie des pêcheurs, du milieu familial des petites gens et des réunions entre amis. Michael Peter Ancher y révèle un art remarquable du paysage, mais également du portrait, ce qui contribuera à amplifier sa notoriété.
En 1883, il achève l'un de ses chefs-d'œuvre, Le Canot de sauvetage transporté dans les dunes (Redningsbåden køres gennem klitterne). En 1885, son tableau intitulé Vont-ils mettre cela au point ? (Vil han klare pynten?) est acheté par le Christian IX de Danemark, dont Ancher fera le portrait, où figure également la reine Alexandrine, en 1915.
Il reçoit la Médaille Eckersberg en 1889 et il est fait chevalier de l'ordre de Dannebrog en 1894.
La maison de Michael et Anna Ancher à Skagen est devenu un musée en 1967.
EXTRAIT DU LIVRE "LES TRAVAILLEURS DE LA MER" DE VICTOR HUGO
Des travaux d'Hercule aux Dents de la mer, en passant par Moby Dick de Melville, les nombreux récits qui montrent l'homme aux prises avec l'animal témoignent de l'intérêt du public pour un combat inégal, où la bête se mesure à l'être doué de raison, la force à la ruse, l'instinct à l'intelligence.
Dans Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo raconte, lui aussi, le combat de son héros Gilliatt contre un adversaire étrange, qu'il ne voit pas, mais qui enroule autour de son bras droit, puis de son torse, des lanières munies de ventouses.
Le romancier interrompt alors la narration pour consacrer un chapitre entier à l'animal qui met Gilliat en danger de mort, la pieuvre.
Nous verrons, dans le fragment proposé ici, comment il part d'une peinture objective de la réalité pour aboutir à la vision fantastique d'un monstre en communiquant un sentiment d'épouvante à son lecteur.
TEXTE DE VICTOR HUGO
"La pieuvre n'a pas de masse musculaire, pas de cri menaçant, pas de cuirasse, pas de corne, pas de dard, pas de pince, pas de queue prenante ou contondante, pas d'ailerons tranchants, pas d'ailerons onglés, pas d'épines, pas d'épée, pas de décharge électrique, pas de virus, pas de venin, pas de griffes, pas de bec, pas de dents. La pieuvre est de toutes les bêtes la plus formidablement armée.
Qu'est-ce donc que la pieuvre ? C'est la ventouse. (...)
Une forme grisâtre oscille dans l'eau ; c'est gros comme le bras et long d'une demi-aune environ ; c'est un chiffon ; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n'aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s'ouvre, huit rayons s'écartent brusquement autour d'une face qui a deux yeux ; ces rayons vivent ; il y a du flamboiement dans leur ondoiement ; c'est une sorte de roue ; déployée, elle a quatre ou cinq pieds (2) de diamètre. Épanouissement effroyable. Cela se jette sur vous.
L'hydre (3) harponne l'homme.
Cette bête s'applique sur sa proie, la recouvre, et la noue de ses longues bandes. En dessous elle est jaunâtre, en dessus elle est terreuse ; rien ne saurait rendre cette inexplicable nuance poussière ; on dirait une bête faite de cendre qui habite l'eau. Elle est arachnéide par la forme (4) et caméléon par la coloration. Irritée, elle devient violette. Chose épouvantable, c'est mou.
Ses nœuds garrottent ; son contact paralyse.
Elle a un aspect de scorbut et de gangrène ; c'est de la maladie arrangée en monstruosité."
(1) aune : mesure de longueur, valant environ 1 m 20.
(2) pied : mesure de longueur, valant environ 30,5 cm.
(3) hydre : monstre mythologique à plusieurs têtes.
(4) arachnéide par la forme : qui a la forme d'une araignée.
Victor Hugo,
Les Travailleurs de la mer (2ème partie, Livre IV, chapitre II)
LA PEINTURE DE MICHAEL PETER ANCHER (1849-1927) INSPIRÉE DES "TRAVAILLEURS DE LA MER" (1843)
Pendant la vingtaine d’année du Second Empire, Hugo reste en exil sur les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey. Chef de file des romantiques, il continue dans cet exil son œuvre foisonnante de poète et de romancier. Les Travailleurs de la mer est un roman directement inspiré par sa vie insulaire, au milieu de ce monde qui vit au rythme de la mer. Il le dédie d’ailleurs à l’île de Guernesey, « rocher d’hospitalité et de liberté […] où vit le noble petit peuple de la mer ». Gilliatt le marin est le personnage principal du roman. Solitaire, rêveur et robuste, il s’est aventuré dans une crevasse que la marée basse a laissée à découvert, quand un ennemi invisible l’attaque soudainement : une pieuvre ! Comment Hugo captive-t-il son lecteur par le récit de ce combat peu ordinaire ? Il ménage une tension dramatique qui fait vivre au côté de Gilliatt cet affrontement violent, dans lequel le pêcheur est progressivement réduit à l’impuissance. Il fait ainsi de ce combat épique un moment d’angoisse et d’horreur.
Si Hugo (1802-1885) revenait au début du XXe siècle, ne serait-il pas tenté de dessiner, de peindre et de raconter en images ces moments et ces personnages exceptionnels, sans se retenir sur l’usage des couleurs comme dans la peinture de Michael Peter Archer ?
C’est seulement par les mots, par la construction de son récit qu’il fait monter le suspense au cours de ce combat à l’issue incertaine, contre un ennemi mystérieux, dans un lieu inquiétant. Le génie visionnaire de Hugo prend son essor dans ces moments épiques où s’exprime sa conception du monde, où l’ombre combat la lumière, où le mal s’oppose au bien.
Ici, le monstre pieuvre essaie d’anéantir Gilliatt, le héros sans peur et sans reproche. De même, quelques années plus tard, Victor Hugo nous donnait à imaginer le portrait de Javert, le policier au cœur froid, qui se donnera pour but de renvoyer au bagne Jean Valjean, l’homme juste et bon. De la littérature à la peinture il n'y a quelques pas, celui du langage, des émotions et celui de la beauté qui tous ensembles nous aident à vivre.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Souvent défini comme le plus connu des compositeurs danois, Carl Nielsen reste relativement méconnu en France. L'une des plus grandes réussites de cette période est la Symphonie n° 3 dite " Espansiva " (1910-1911), communicative, et d'une extrême originalité.
https://youtu.be/9j5vgXldD-A
Né le 9 juin 1865 à Sortelung, petit village sur l’île danoise de Fionie, Carl Nielsen est élevé dans une modeste famille paysanne de 12 enfants. Jeune, il fait partie d’une fanfare militaire avant de devenir second violon au sein de l’Orchestre Royal du Danemark.
La première fois que Nielsen quitte son Danemark natal c’est pour se rendre à paris en 1891. Lors de cette première escapade il y rencontre une jeune sculptrice danoise Anne-Marie Brodersen, dont il tombe éperdument amoureux.
Puis, il se rend en Allemagne, en Autriche - où il rencontre Brahms qui marque son œuvre. Rapidement, Nielsen se pose en critique du romantisme tardif - alors dominant - et décide de faire évoluer son esthétique vers davantage d’objectivité. En témoigne sa période dite psychologique, où, porté par sa philosophie humaniste de l’existence, il illustre sa conception de l’homme. A ce titre, sa première partition marquante, la Symphonie n°2 (1902) illustre 4 tempéraments humains : la colère, le flegme, la mélancolie et le tempérament sanguin
En quelques années, Nielsen se hisse au sommet de la création musicale danoise, une période prospère de son existence, enrichie de chefs-d’œuvre. En 1903 lors d’un voyage à Athènes avec sa femme, il compose notamment, l’ouverture Helios qui représente le soleil levant au-dessus de la mer Egée.
La guerre et les premières remises en question
La Première Guerre mondiale, change le regard de Nielsen csur le monde et sur la vie. Il commence à se poser des questions sur sa propre musique et sur le modernise.
Des soucis conjugaux s’ajoutent, ainsi qu’un surmenage au sein d’une société artistique très absorbante. Alors qu’il aborde sa soixantième année, les signes de la vieillesse se font sentir. De ce mal-être résultent les Symphonies n° 4 « Inextinguible » (1915-1916) et n°5 au sein desquelles s’affrontent de façon dramatique et inédite, les forces de la vie et de la destruction.
Un héros national au Danemark
En 1925, à l’occasion de son 60ème anniversaire, Nielsen est fêté allègrement. C’est l'occasion pour son pays de le reconnaître comme un de ses plus grands compositeurs.
Des manifestations exceptionnelles sont organisées, mais elles ne peuvent difficilement masquer la déception du créateur, souffrant de n’avoir pu connaître une plus forte adhésion à sa musique à l'international.
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