LA TENTATION DE VENISE AVEC JOHN SINGER SARGENT
LA TENTATION DE VENISE
AVEC JOHN SINGER SARGENT
Aucune ville n’est plus littéraire que Venise. Comme si sa lenteur légendaire était propice aux grands questionnements.
"On pourrait dire qu'il s'agit d'un simple "Journal", écrit au fil des humeurs, des combats, des espérances. Mais ce n'est pas que cela : dans ce livre, en effet, Alain Juppé consigne non seulement ses convictions, des portraits, des choses vues ou souvenues, mais aussi, et surtout, ses interrogations : qu'en est-il, aujourd'hui, de la politique ? Mérite-t-elle qu'on lui consacre sa vie ? N'est-elle pas, tout compte fait, moins importante que l'art, ou l'amour, ou la beauté ? D'où le titre singulier de cet ouvrage : la Tentation de Venise. Venise - où Alain Juppé se rend souvent afin de réapprendre à respirer et à s'apaiser - est aussi la ville où, mieux qu'ailleurs, ce "militant" mesure les limites et les insuffisances de sa propre vie. D'où ce livre en forme de confession." La tentation de Venise - Alain Juppé
lL y a de ces expressions qui permettent de capturer l’air du temps en une formule. La tentation de Venise signifie l’envie de se consacrer à autre chose, de changer de vie. Ces temps-ci, alors que s’achève le « Grand Confinement », et que débutera peu à peu le « monde d’après », bien des gens semblent pris de ce désir de faire autrement, de changer de cap. On pourrait dire qu’ils ou elles ont… la tentation de Venise.
La formule n’est pas très ancienne ni très connue. La tentation de Venise fut d’abord, en 1993, le titre d’un livre d’un homme politique alors en réflexion sur son avenir, mais qui allait, deux ans plus tard, devenir premier ministre de la France sous Jacques Chirac. Son nom : Alain Juppé. Vous vous souvenez, celui qui s’était en quelque sorte réfugié à Montréal, il y a quelques années, après sa condamnation dans une affaire d’emplois fictifs. Mais ça, c’est une autre histoire ! Bref, pour Juppé, Venise constituait une espèce de ville refuge, un endroit parfait pour réfléchir à la suite des choses.
C’est que Venise a toujours représenté le lieu de tous les enchantements. Une ville mystère, lieu de toutes les interprétations, de tous les possibles. En ce moment, sur le site Web de L’actualité, Arièle Butaux, romancière et productrice radio, publie une série d’articles très touchants sur Venise, sa soudaine tranquillité en temps de confinement, son éternelle beauté. « Venise est un amplificateur d’émotions, écrit-elle. Si l’on y arrive simplement heureux, elle nous rend euphorique. À l’inverse, un vague sentiment de tristesse peut s’y transformer en désespoir. »
La ville de la littérature
Venise la Sérénissime, ville des amoureux depuis Casanova et bien avant, est aussi et surtout celle des écrivains. De tout temps, ils s’y sont vus comme dans un miroir grossissant. Pensons à Jean d’Ormesson. Il y avait ses habitudes. Il logeait bien souvent à Dorsoduro, le quartier universitaire de Venise. L’auteur d’Au plaisir de Dieu était un être à part : le plus jeune élu à l’Académie française, à 48 ans en 1973, sera également le premier à lutter pour y accueillir la première femme, Marguerite Yourcenar. C’est à Venise qu’il écrivit La Douane de mer, au début des années 1990, et c’est là aussi que s’y déroule l’un de ses plus importants livres, Histoire du Juif errant. « Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales », écrit pour sa part le romancier Philippe Sollers, dans Éloge de l’infini. Depuis des années, Sollers fait de longs séjours à Venise et y écrit beaucoup. Il est d’ailleurs l’auteur du Dictionnaire amoureux de Venise, publié en 2004. C’est dire.
De toute façon, aucune ville n’est plus littéraire que Venise. Comme si sa lenteur légendaire était propice aux grands questionnements. De Chateaubriand à Alfred de Musset, qui y vécut des séjours amoureux en compagnie de George Sand ; d’Émile Zola, qui y est né, à Marcel Proust, qui y séjourna avec sa mère en 1900 ; puis de Byron à Thomas Mann, de Henry James à Paul Morand, jusqu’aux romans policiers de Donna Leon. La mort à Venise, sans contredit l’un des plus célèbres textes de Thomas Mann, se déroule d’ailleurs dans une Venise frappée au début du XXe siècle par un grand malheur : une terrible épidémie de choléra asiatique. Le personnage principal de Mann y était justement venu pour changer d’air en s’installant au Grand Hôtel des Bains.
Ernest Hemingway passa beaucoup de temps à Venise à la fin des années 1940. Il n’y a pas seulement chassé le canard et le faisan dans l’île de Torcello, il s’y est aussi épris d’une jeune femme qu’il a immortalisée par l’entremise de Renata dans son roman à saveur autobiographique Au-delà du fleuve et sous les arbres, qui se déroule essentiellement à Venise. « Venise est le pays où l’on juge le mieux de la beauté des choses », disait Stendhal. Dans la Cité des Doges, Hemingway devint un habitué du Harry’s Bar — qui existe toujours — et vivait au luxueux Palais Gritti. C’était quelques années avant son prix Nobel de littérature, qu’il allait obtenir en 1954. Et ce cher Marc Lambron qui nous rappelle, dans l’un des tomes de son Carnet de bal, cette succulente passe d’armes de madame de Pompadour et Casanova, dont elle était curieuse des origines vénitiennes : « Vous venez de là-bas ? — Non, Madame, je viens de là-haut. »
Ville du plaisir et de l’amour, mais aussi ville du déclin, Venise est aujourd’hui symbole de l’invasion touristique et de la menace que font peser sur le monde les changements climatiques. Mais ce déclin de la Sérénissime, il est là depuis bien longtemps. Il remonte à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492. Le monde allait alors basculer et l’histoire se déplacer du côté de l’Atlantique, puis du Pacifique. Venise est une ville sans cesse en danger, construite sur l’eau, mouvante, prête à sombrer. « Venise est toujours considérée comme étant en train de mourir, a déjà dit d’Ormesson, et elle ressuscite toujours. » Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand, jamais à court de formules dramatiques, y liait sa situation personnelle : « Venise, nos destins ont été pareils ! Mes songes s’évanouissent, à mesure que vos palais s’écroulent. » Dans La fête à Venise, Sollers retient cette entrée du journal d’Andy Warhol, en septembre 1977, alors qu’il se trouvait à Venise : « J’ai pris une vedette rapide pour l’aéroport, on a volé au-dessus des vagues. » C’est un peu ça, le problème.
« Ce qu’il y a de mieux à Venise, c’est d’y arriver et d’en repartir. Je n’ai jamais manqué d’y arriver le cœur battant. J’en suis toujours reparti, pour une raison ou pour une autre, le cœur vaguement mélancolique », écrivait d’Ormesson, encore lui, dans Qu’ai-je donc fait, en 2008. En 2017, à sa mort à l’âge de 92 ans, c’est là, à Venise, devant la Douane de mer, que ses cendres seront dispersées. C’est peut-être comme ça aussi avec la tentation de Venise, ce désir de changer de cap : on s’y laisse tenter le cœur battant, mais se changer soi-même demeure l’affaire de toute une vie.
Dans La fête à Venise, Sollers écrit encore : « À la semaine prochaine, ou dans quelques siècles. » Voilà une façon toute vénitienne de voir les choses !
L’auteur a été directeur de cabinet adjoint de la première ministre Pauline Marois. Il a publié Dans l’intimité du pouvoir en 2016 et L’entre-deux-mondes en 2019, aux Éditions du Boréal.
Origines familiales et enfance (1856-1872)
John Singer Sargent appartient à l’une des plus anciennes familles coloniales d’Amérique. Son grand-père travaillait dans le commerce maritime à Gloucester (Massachussetts) puis s’installa à Philadelphie. Le père du peintre, Fitz William Sargent, devint médecin dans cette ville et épousa en 1850 Mary Newbold Singer, fille d’un riche commerçant. A la fin de l’été 1854, à la suite du décès d’un premier enfant et d’une crise dépressive de la mère, le couple s’embarque pour l’Europe. Le séjour, qui devait être temporaire, se prolongea par une vie itinérante. La famille possédait une résidence à Paris mais passait les hivers à Florence, Rome ou Nice et les étés dans des villes au climat moins chaud ou dans les Alpes.
C’est ainsi que John naît à Florence le 12 janvier 1856. Sa sœur Mary naît deux ans plus tard et quatre autres enfants suivront. Fitz William Sargent n’exerçant plus la médecine, la famille vit assez modestement d’un héritage et de ses économies. Les déplacements incessants de ses parents ne permirent pas à John de suivre des études régulières. Il étudia sous la tutelle de son père. Les voyages lui permirent de parler couramment le français, l’italien et l’allemand. Il devint également un pianiste accompli.
La mère de John pratiquait le dessin et la peinture en amateur. Très jeune, il dispose donc du matériel nécessaire et sa mère l’encourage à dessiner les paysages des endroits visités ou à copier les images de la revue The Illustrated London News à laquelle la famille est abonnée. La fréquentation des villes italiennes avait familiarisé le futur peintre avec les grands maîtres de la Renaissance et il appréciait particulièrement Tintoret, Michel-Ange et Titien. John devint ainsi un jeune homme très cultivé dans le domaine artistique et ouvert sur le monde.
Formation académique (1873-1878)
Sous l’impulsion de sa mère, il s’inscrit, au cours de l’hiver 1873-74, à l’Académie des Beaux-arts de Florence. De retour en France en 1874, il réussit à la première tentative le concours d’entrée à la prestigieuse École des Beaux-arts de Paris qu’il fréquentera de 1874 à 1878. Il suit les cours de Carolus-Duran (1837-1917), portraitiste célèbre et professeur réputé. Le talent de Sargent est rapidement remarqué. Le peintre américain Julian Alden Weir (1852-1919), qui étudiait également à l’École des Beaux-arts, écrira que Sargent était « l'un de ses camarades les plus talentueux ». Sargent se lie d’amitié avec le futur peintre et graveur Paul Helleu (1859-1927), qui lui fera rencontrer de grands artistes français de l’époque comme Edgar Degas (1864-1917) ou Auguste Rodin 1840-1917).
En juin 1876, Sargent, accompagné de sa mère et de sa sœur Emily, effectue son premier voyage aux États-Unis. Il visite l’exposition du Centenaire à Philadelphie, la ville d’origine de ses parents, et va admirer les chutes du Niagara.
Le succès rapide à Paris (1879-1886)
A l’automne 1879, Sargent entreprend une série de voyages qui le mèneront en Espagne, aux Pays-Bas et à Venise. Tout au long de ces déplacements il réalise des études saisies sur le vif, scènes de genre ou paysages. Mais à l’issue de sa formation se pose la question de l’orientation de sa carrière artistique. Sargent est exceptionnellement doué et peut peindre tout aussi bien des paysages que des portraits ou même des scènes historiques ou religieuses qui conservent un grand prestige.
Mais pour être exposé au Salon et trouver des commanditaires, rien ne valait le portrait si l’on avait le talent de Sargent. Il choisit donc cette spécialité et, en 1879, obtient un premier grand succès avec le portrait de son maître Carolus-Duran. Son français parfait, sa maîtrise technique et son style très apprécié font rapidement de lui un peintre réputé. Les commandes affluent et il demande donc des prix élevés.
Installation en Angleterre et renommée internationale
Profondément blessé par les critiques parisiennes, Sargent pense un instant à abandonner la peinture. Mais il décide en définitive de quitter Paris pour s’installer à Londres. Au printemps 1886, il déménage pour l’Angleterre où il vivra le reste de sa vie. Il doit conquérir la clientèle anglaise qui lui reproche dans un premier temps son style trop inspiré de l’art français. Mais peu à peu la critique anglaise lui devient favorable, avec l’aide importante de l’écrivain Henri James, admirateur de Sargent.
En 1887-88, Sargent voyage aux États-Unis et peint une vingtaine de tableaux. La première exposition consacrée à son œuvre se déroule à Boston. De retour à Londres, il est désormais un artiste consacré. Certains clients viennent même des États-Unis pour qu’il réalise leur portrait.
Au début du 20e siècle, Sargent commence à se lasser du portrait. Il voyage beaucoup et profite des paysages ou du spectacle des villes pour réaliser des aquarelles d’une grande délicatesse. Délaissant de plus en plus le portrait, il acquiert une véritable réputation d’aquarelliste.
Sargent ne s’est jamais marié mais vivait entouré de ses amis et de sa famille, en particulier sa sœur Emily. On considère aujourd’hui assez largement qu’il avait de fortes tendances homosexuelles que l’époque interdisait d’évoquer. L’analyse de ses nus masculins (nombreux dessins et quelques huiles) ne semble pas laisser de doutes à ce sujet.
LE STYLE DE LA PEINTURE JOHN SINGER SARGENT
Ayant acquis plus de notoriété que de gloire, Sargent décida que Londres, où il avait pensé s'installer dès 1882, serait plus hospitalière que Paris. Au printemps 1886, il s'installe en Angleterre pour le reste de sa vie. Craignant que Sargent ne sacrifie la caractérisation à une démonstration de «style français», qu'ils associaient à Madame X et, forcément, détestaient, les clients anglais ont d'abord retenu les commandes.
Avec du temps et de l'énergie créative à revendre, Sargent a passé plusieurs étés engagés dans des projets impressionnistes. Ceux-ci ont été nourris par son contact avec Monet, qu'il a visité plusieurs fois à Giverny, à partir du début de l'été 1885, et par la chance de travailler à l'extérieur pendant les étés 1885 et 1886 dans le village des Cotswolds de Broadway, Worcestershire.
La toile de Broadway la plus ambitieuse de Sargent était la ravissante Carnation, Lily, Lily, Rose (Tate Britain, Londres). L'exposition du tableau à la Royal Academy en 1887 a apaisé les doutes des critiques anglais, et son acquisition pour la nation britannique était de bon augure pour sa carrière à Londres. Bien que les mécènes anglais aient encore hésité à siéger pour Sargent à la fin des années 1880, les Américains étaient impatients de le faire lors de ses visites aux États-Unis entre 1887 et 1889.
Rassurés par la qualité remarquable des portraits de Sargent, les mécènes britanniques ont finalement répondu par de nombreuses années 1890. Alors que ses sujets comprenaient des hommes d'affaires et leurs familles, des artistes et des interprètes, Sargent s'est particulièrement épanoui en tant que pourvoyeur de ressemblances avec l'aristocratie anglaise.
Il a maintenu un dialogue avec la tradition, créant des pendentifs de grande manière aux objets de famille de Van Dyck, Reynolds et d'autres. Les mécènes américains ont également continué à faire appel aux compétences de Sargent.
Après le tournant du siècle, Sargent s'est lassé des exigences de la peinture de portrait. Il était constamment préoccupé par les peintures murales de la Boston Public Library, du Boston's Museum of Fine Arts et de la Harry Elkins Widener Memorial Library de l'Université Harvard, pour lesquelles il avait reçu une série de commandes à partir de 1890.
Des études de voyage en aquarelle sont également venues à occuper plus de son temps et est devenu une nouvelle source de soutien critique et financier. À partir de 1903, il montra de telles images qui furent acclamées à Londres et à New York, suscitant une grande demande pour elles. Sargent a conçu sa carrière si astucieusement qu'en 1907, lorsqu'il s'est engagé à ne plus accepter de commandes de portraits, il s'est forgé une solide réputation d'aquarelliste.
MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Ennio Morricone - Cinema Paradiso (In Concerto - Venezia)
https://youtu.be/WSkyoyyvnAY
Ennio Morricone [ˈɛnnjo morriˈkoːne], né le 10 novembre 1928 à Rome et mort le 6 juillet 2020 dans la même ville, est un compositeur, musicien, producteur, arrangeur musical et chef d'orchestre italien. ... Entre les années 1960 et 2020, il a composé plus de 500 musiques pour le cinéma et la télévision.
Synopsis du film Cinema Paradiso
Alfredo vient de mourir. Pour Salvatore, cinéaste en vogue, c'est tout un pan de son passé qui s'écroule. On l’appelait Toto a l'époque. Il partageait son temps libre entre l'office où il était enfant de chœur et la salle de cinéma paroissiale, en particulier la cabine de projection où régnait Alfredo...
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