Francis PICABIA (1879-1953) ARTISTE DADAÏSTE
Francis PICABIA (1879-1953)
ARTISTE DADAÏSTE
Francis Picabia est un peintre, graphiste et écrivain français, proche de tous les mouvements artistiques de son époque. Artiste moderne, il fut un véritable acteur de tous les bouleversements de la peinture du 20e siècle.
"Nadja" de Breton, est l'un des plus beaux récits d'amour de la littérature. Grâce aux secrets de son manuscrit, voici l'histoire vraie de celle qui se fait appeler Nadja, parce qu'"en russe, c'est le commencement du mot espérance".
Un des plus beaux récits de la littérature française, Nadja, est écrit à partir d'une histoire vraie : celle de l’amour entre André Breton et Nadja. Longtemps, on a cru que Nadja était une actrice, Blanche Derval, voire un être de fiction. Mais des découvertes et des ventes récentes de manuscrits, de lettres et de carnets de Breton ont permis de redécouvrir la femme derrière le récit, comme l'explique, à la Bibliothèque nationale de France où est conservé le manuscrit original, Olivier Wagner, conservateur chargé de collections au Service des Manuscrits modernes et contemporains.
"Sont réapparus sur le marché des témoignages qu’on pensait perdus de l’existence de Nadja. Et c’est assez troublant de la voir réapparaître, aussi longtemps après. Nadja était danseuse, courtisane, vivait de petits contrats. Elle était dans un état de pauvreté à ce moment-là. Et Breton va la soutenir, en particulier il va vendre un tableau de Derain pour lui permettre d’éponger ses dettes et de trouver un hôtel où elle puisse vivre."
En 1926, quand il rencontre Nadja, André Breton a 30 ans, et il aime errer dans Paris. Ouvert au hasard de la rencontre, il accoste une femme mystérieuse. "C’est une errance qui provoque la rencontre amoureuse dans le sens où il se place lui-même volontairement dans un état de disponibilité. Nadja probablement était dans un état similaire. Probablement pas pour les mêmes raisons : c’est qu’elle se trouve elle-même déjà un peu vacillante, aux limites du délire. Et c’est le côté fascinant de cette rencontre : Nadja devient plus surréaliste que Breton. Elle est productrice d’images très fortes, qui bouleversent Breton, qui lui-même les encourage, et peut être encourage aussi l’aggravation d’un délire, derrière. Disons que c’est la rencontre entre deux causalités qui rend cette histoire très magnétique." De son vrai nom Léona Delcourt, elle se fait appeler Nadja parce qu'en russe, c'est "le commencement du mot espérance, et le commencement seulement".
Vivre l'amour fou
En bon surréaliste, Breton place l’amour comme valeur cardinale. "L’amour fou est au centre de l’éthique surréaliste dans le sens où le surréalisme ce n’est pas qu’un mouvement littéraire, c’est une philosophie de vie, une morale de l’existence." André et Nadja passent ensemble une semaine d’errance, de fascination, de passion. Mais bientôt déçue par cet amour non réciproque, en février, Nadja quitte Breton, et lui prédit qu’il écrira leur histoire. "C’est le côté prophétique de Nadja, prophétique toujours un peu aux limites du délire aussi, puisque le délirant voit des associations qui n’existent pas."
“Tu écriras un roman sur moi. (...) Tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste...” Nadja à Breton, dans Nadja
"Au mois de mars 1927, Nadja sombre dans la folie, elle a un épisode délirant dans son hôtel, et elle est enfermée. C’est la tragédie de cette femme : elle ne sortira jamais de cet enfermement, et comme beaucoup de personnes hospitalisées dans des institutions psychiatriques, elle va mourir au cours de la Deuxième Guerre mondiale, probablement de faim. Donc Breton, au moment d’écrire “Nadja”, est face à cette catastrophe, d’une aventure qui le remet profondément en cause."
Quelques mois après son internement, pour exorciser ce traumatisme, Breton s’isole dans un manoir normand, pour écrire, en 10 jours, le récit de cette rencontre.
"C’est ce qui explique aussi l’intensité de l’écriture telle qu’on le voit sur le manuscrit. C’est-à-dire qu’il y a une vérité par rapport à soi-même, qu’on voit dans la rigueur extrême de l’écriture. Donc c’est à la fois une écriture intense, et en même temps raturée, cahoteuse, difficile pour Breton, facile et empêchée en même temps… c’est ce paradoxe qui est bouleversant avec ce manuscrit."
Moins de deux ans après sa rencontre avec Nadja, Breton en publie le récit. "C’est le soulagement pour Breton, qui le fait lire en descendant du train. Ses amis sont rassemblés à la gare, et il commence la lecture de “Nadja”. Pour Breton, c’est un récit tellement intime et tellement bouleversant que ça devait avoir une importance plus singulière. Et rentré à Paris, Breton se met à rassembler tout l’aspect iconographique du récit. Puisque c’est une des caractéristiques majeures de “Nadja”, c’est non seulement cette rencontre amoureuse, mais l’usage très novateur fait par Breton de l’image qui vient ponctuer le récit pour éviter la description. Et Breton évidemment a mis un soin maniaque dans le choix de ces images, puisque évidemment aucune n’est anodine. Elles ont toutes une importance énorme."
Tombé amoureux d’une autre femme, Suzanne, Breton ajoute une troisième partie au texte sur l’amour véritable permis par l’amour contrarié avec Nadja. "C’est cette dernière partie qui explicite ce qu’a signifié pour lui son aventure avec Nadja, c’était l’annonce de l’amour, mais ce n’était pas encore l’amour. Ce n’est pas très sympathique pour Nadja, mais c’est comme ça que Breton l’a vécu, et il ne faut pas oublier que c’est un récit avant tout de l’authenticité et de l’analyse de soi."
Des années plus tard, en 1962, Breton modifie substantiellement le texte et les images d’origine. Il efface notamment la nuit passée avec Nadja dans un hôtel, que l’immense majorité des lecteurs actuels ne soupçonne donc pas… "Donc on perd là la dimension charnelle de l’histoire d’amour entre Breton et Nadja. C’est un réflexe de vieillesse qu’on s’explique un peu moins, qui fait perdre un peu en fraîcheur, en spontanéité, le récit de Nadja, alors que c’est précisément ce qui est intéressant à la base : c’est cette profonde spontanéité, l’authenticité du récit de Nadja. Même Julien Gracq a trouvé que Breton se reniait par cette réécriture."
Depuis 1928, peu à peu, le mythe de Nadja a fini par effacer jusqu'à sa personne. À plusieurs reprises, Breton a même reçu des lettres de femmes qui prétendaient être Nadja. "Ce sont des femmes qui souvent étaient folles, internées, tellement prises par le mythe Nadja qu'elles finissaient par s'identifier." Et Breton lui-même, à la fin de sa vie, ne se souvenait plus bien de son nom, hésitait avec celui d'Hélène. "C'est quelque chose qui même pour Breton à ce moment-là, dans les années 1960, se déréalise un peu. C'est le côté triste aussi de ce récit : à quel point une femme, qui a existé pourtant, a disparu de la mémoire."
UNE IDÉE DE LECTURE
Nadja, d'André Breton, le fac-similé du manuscrit autographe de 1927 et étude illustrée de Jacqueline Chénieux-Gendron et Olivier Wagner. Gallimard et BNF éditions, 2019
Francis-Marie Martinez de Picabia (1879-1953), peintre, graphiste et écrivain dadaïste et surréaliste. Entraîné par une âme si versatile, il refuse de s’associer à une seule tendance artistique. Son aquarelle intitulée Caoutchouc (1909) est estimée comme étant l’oeuvre initiatrice de l’art abstrait.
La vie de Francis Picabia, l'évolution de son art
Francis Picabia naît à Paris en 1879 et décède en 1953. Il est le fils d'un espagnol né à Cuba, Francisco Picabia et d'une Française.
Si son enfance est confortable, elle sera néanmoins difficile. Suite au décès de sa mère alors qu'il n'avait que sept ans, Francis Picabia grandira entouré d'hommes : son père, son oncle et son grand-père.
Il trompera l'ennui avec la peinture et le dessin. Très indépendant, son art continuera de s'affirmer en parallèle et il entamera son apprentissage en 1895 à l'école des Arts décoratifs. Il exposera ensuite son premier tableau lors d'une exposition en 1899.
Le succès de Picabia
Trois ans plus tard, sa peinture devient impressionniste et l'on y ressent les influences de Pissaro et Sisley.
Il expose dans plusieurs salons et le succès ne tarde pas à venir. Il décroche en outre un contrat avec la galerie Haussmann et il peint une multitude de tableaux dont les paysages ne sont pas reproduits de manière fidèle, mais plutôt basés sur le ressenti, l'émotionnel, que le décor inspire à l'artiste.
Son art pend une tournure résolument moderne en 1909, l'année où il épouse Gabrielle Buffet, musicienne avant-gardiste, qui inspirera Picabia tout au long de son existence. Ses dessins se veulent désormais abstraits et sa réputation s'effondre ; les galeries ne veulent plus l'exposer.
Durant les cinq années qui suivent, Picabia explore tous les nouveaux mouvements, tels que le fauvisme, le cubisme, l'orphisme et le futurisme. Le succès revient peu à peu. Il expose ses œuvres fauves et cubistes.
En 1911, Francis Picabia se lie d'amitié avec Marcel Duchamp. C’est une amitié forte qui durera toute leur vie.
En 1912, il devient orphiste et créée le groupe Section d’or. Il s’associe aussi partiellement à la poésie.
Un voyage révélateur pour Francis Picaba
C'est lorsqu'il se rend, en 1913, à New York et qu'il présente quatre tableaux à lors d'une exposition, le Armory Show, qu'il devient mondialement célèbre. Il lance également un magazine avec Man Ray et Marcel Duchamp, 391.
Ce voyage à New York marquera fortement Picabia qui qualifie la ville de futuriste et il y consacrera de nombreux tableaux comme New York et la Danseuse étoile sur un transatlantique.
Il se lancera parallèlement dans des œuvres dites mécanistes, basées sur les objets de la manufacture.
Lorsqu'il revient en France, Picabia entretient des relations avec des artistes tels que Tzara et se rallie au dadaïsme, de 1918 jusqu'en 1921. Ce n'est pas pour autant qu'il délaisse ses autres passions comme l'écriture et le cinéma.
En 1924, il écrit un scénario délirant appelé Entracte, destiné à être diffusé lors d'un entracte pendant le ballet Relâche. Il continuera d’ailleurs de collaborer avec des ballets suédois.
Fin de vie
Après 1945, Picabia se replonge dans l'abstraction et son travail devient minimaliste.
Trop passionné de voitures et de jeux d'argent, il se ruine avec l’achat de 150 automobiles. C’est ce qui le pousse à se reconvertir au dessin.
Francis Picabia est atteint dès 1951 d'une artériosclérose paralysante qui l'empêche de peindre.
Il s'éteint en 1953 dans la maison de son enfance.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Ouverture Cubaine de Gershwin
https://youtu.be/nRGTvK2S-G8
George Gershwin (1898-1937), autodidacte, est le compositeur majeur de "la musique de genre" des années 1920 : sa popularité est due à la rencontre unique entre le jazz, le klezmer ou encore la musique afro-américaine, et l'écriture savante des modèles européens.
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