LA PASSION SELON EDVARD MUNCH(1863-1944)
LA PASSION
SELON EDVARD MUNCH
(1863-1944)
Edvard Munch occupe une place particulière dans l’histoire de l’art, avec des œuvres reflétant les tourments d’une âme agitée, dans lesquelles la nature norvégienne est omniprésente.
L’Expressionnisme n’était pas né (le mot n’apparaît sous la plume d’un critique qu’en 1908), que la peinture d’Edvard Munch prenait déjà les caractéristiques de ce mouvement : la mise en avant d’une vision intérieure (souvent angoissante ou tourmentée), la subjectivité du regard dans la perception de l’objet ou le sujet de la peinture.
Dès ses premières années d’apprentissage à Kristiania, il délaisse le naturalisme s’adonner aux thèmesde la mélancolie, l'angoisse, la maladie, la mort.Sa période symboliste est une étape vers l’Expressionnisme. L’été 1891 à Åsgårdstrand, Munch peint Mélancolie, considéré comme le premier tableau symboliste norvégien.
On y trouve le poids symbolique rendu par la transparence de la lumière sur un paysage de bord de mer vide, où l’homme est seul face à la nature. Le littoral sinueux caractéristique de la région, présent dans bon nombre de ses compositions, semble refléter l'état d'âme sombre et tortueux du personnage.
En 1902 grâce à la Sécession berlinoise, il peut exposer, pour la première fois, la Frise de la vie dans son intégralité.
Les portraits, souvent en pied, prennent une place de plus en plus importante dans son œuvre (Les Quatre Fils du docteur Max Linde - 1904).
Munch est considéré, avec Van Gogh et Ensor, comme un précurseur de la mouvance expressionniste à la fin du XIXe siècle. La première version de son célèbre tableau Le Cri, en 1893, est sans aucun doute emblématique de cette nouvelle démarche : un homme crie son angoisse existentielle.
À partir de 1908, année durant laquelle il est hospitalisé pour une grave dépression nerveuse, son tournant artistique s’affirme et Munch s’impose comme peintre expressionniste. Il peint notamment toute une série des toiles représentant des hommes au travail : Maçons et ouvriers (1908), Les Pelleteurs de neige (1913), Les Ouvriers à la sortie del’usine (1915), Labours de printemps (1916), d’un expressionnisme de plus en plus marqué.
C’est comme « expressionnistes » que ses œuvres ont une place de choix à l’exposition du Sonderbund, organisée à Cologne en 1912. Elle se révélera comme l’une des plus importantes du XXe siècle et entrera dans la légende : les trente-six œuvres de Munch côtoient vingt-cinq œuvres de Van Gogh, vingt-six de Cézanne, vingt-cinq de Gauguin, seize de Picasso. C’est pour Munch une reconnaissance internationale.
Jeunes filles sur le pont, vers 1901, Edvard Munch
LES AMOURS TURBULENTS
D'EDVARD MUNCH
Les femmes qui l’ont façonné
Edvard Munch est âgé de cinq ans seulement lorsque sa mère, Laura Munch (1837-1868), meurt de la tuberculose. Sa tante, Karen Bjølstad (1839–1931), s’installe dans la famille d’Edvard à Kristiania (ancien Oslo) pour s’occuper du petit garçon et de ses quatre frères et sœurs. En 1877, la sœur d’Edvard, Sofie, succombe elle aussi à la tuberculose.
La femme qui lui enseigna l’art
Karen, la tante et belle-mère de Munch, qui est elle-même peintre, initie le petit Edvard au monde de l’art.
Les œuvres de jeunesse de Munch traitent principalement des morts brutales de sa mère et de sa sœur. En 1885 et l’année suivante, il peint la première version de L’enfant malade qui représente sa sœur Sofie avec leur tante et belle-mère Karen.
Le cercle familial
Cependant, Munch peint également les portraits de femmes en bonne santé, comme sa plus jeune sœur Inger Munch (1868-1952), qui fut la première à photographier l’Akerselva – la rivière qui traverse la capitale norvégienne sur huit kilomètres.
Ainsi, en 1892, Munch termine le tableau intitulé Inger en noir et violet.
Le premier amour du peintre
En 1885, Munch connaît son premier grand amour en la personne de Milly Thaulow (1860-1937).
Longtemps après la fin de leur liaison, le peintre continue à être obsédé par la jeune femme, qui ne lui retourne pas ses sentiments puisqu’elle épouse un autre homme. Des années plus tard, Munch sera profondément blessé lorsqu’elle divorcera avant de se remarier, sans lui manifester le moindre intérêt. Cette déception amoureuse marquera les relations de Munch avec les femmes durant toute sa vie.
Quant à Milly Thaulow, elle a marqué son époque comme étant l’une des premières journalistes norvégiennes spécialistes de cuisine et de mode.
Dans son tableau La Danse de la vie, réalisé en 1899-1900, le couple Munch-Thaulow occupe la place centrale d’une scène évoquant le thème de la jalousie.
Romantisme et drame
Au tournant du XXe siècle, Munch vit une liaison passionnée avec Mathilde « Tulla » Larsen (1869 – 1942). À la fin de l’été 1902, les deux amants se retrouvent pour leur dernier rendez-vous dans la maison-atelier de Munch, située dans la petite station balnéaire de Åsgårdstrand. Durant la rencontre, un coup de feu, soi-disant accidentel, part et blesse Munch au majeur de la main gauche. Ni l’un ni l’autre ne seront en mesure de produire une explication plausible, et la question de la responsabilité de ce geste n'a jamais été résolue. La seule certitude que l’on ait, c’est que Munch, à compter de ce jour, a peint toutes ces toiles avec une phalange en moins.
Les jeunes filles en été
Le thème des Jeunes Filles sur le pont est central dans l’œuvre de Munch et fut exécuté en 12 versions. La première d’entre elles a été réalisée au tournant du siècle et fait partie de la collection du Musée national d’Oslo (fermé jusqu'en 2022). Le motif en est la petite ville d’Åsgårdstrand.
8 Jeunes filles sur le pont, vers 1901, Edvard Munch
Flirts et amitiés
Les relations de Munch avec les femmes se caractérisent par des rencontres brèves, spontanées, suivies de périodes prolongées de fascination, la plupart du temps mutuelles.
Il en fut ainsi de Ingse Vibe (1886 – 1945) qui aurait fait la connaissance de Munch en s’appuyant à la clôture de bois de sa maison, en 1903, alors qu’elle n’avait que 16 ans.
Tous deux ont cultivé une amitié longue de plusieurs décennies, documentée par de nombreuses lettres et cartes postales. Munch a également produit de nombreux dessins et tableaux de la jeune femme.
La madone et le maître
La broche est une lithographie de 1903 représentant la violoniste anglaise Eva Mudocci (1883-1953), qui était la maîtresse de Munch. Elle porte une forte ressemblance avec un tableau central dans l’œuvre de Munch : La Madone. Eva Mudocci apparaît également dans deux autres pièces réalisées la même année : Le Concert de violon et Salomé. D’Eva, Munch a dit qu’elle avait « des yeux de mille ans » et il lui a écrit les mots suivants : « Voici la pierre tombée de mon cœur. »
En 1924, ainsi que l’année suivante, Munch réalise plusieurs portraits de Birgit Prestøe.
Toute sa vie, le peintre a été tiraillé entre sa passion des femmes et la peur d’être rejeté. Il estimera que le mariage n’est pas compatible avec ses ambitions artistiques et restera célibataire jusqu’à son décès en 1944, à l’âge de 80 ans.
UNE MUSIQUE POUR ILLUSTRER
LA PEINTURE D'EDVARD MUNCH
La Passion selon Marc, une Passion après Auschwitz
https://youtu.be/hti_NBRG53o
Acteur important de la vie musicale de notre époque, Michaël Levinas (Paris, 1949 - ) poursuit une carrière double de pianiste et de compositeur à laquelle on peut ajouter celle de pédagogue. Michaël Levinas se plait à mélanger l’intemporalité du répertoire (Bach et Beethoven) à la création de son temps. Il appartient à l’école de la musique spectrale mais il développe un style singulier, très personnel.
Cet ouvrage paraît à l’occasion de la création à Lausanne, lors de la semaine sainte 2017, de La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz du compositeur Michaël Levinas. Cette création prend place dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Elle entreprend de relire le récit chrétien de la passion de Jésus dans une perspective déterminée par la Shoah.
Ce projet s’inscrit dans une histoire complexe, celle de l’antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus – la passion chrétienne – et l’assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d’intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d’Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l’injustifiable, l’irrémédiable ?
Le livre propose une série d’éclairages sur les questions que soulève le projet d’une Passion après Auschwitz : relectures du récit de la passion selon Marc, analyses historiques, réflexions sur quelques figures juives de l’interprétation de la Shoah, reprises théologiques chrétiennes enfin, autour des questions posées à la christologie et à la théologie de la passion. L’ouvrage se conclut par un entretien avec le compositeur qui revient sur son approche de cette thématique et sur sa démarche.
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