GUSTAVE CAILLEBOTTE (1848-1894) À TROUVILLE SUR MER
GUSTAVE CAILLEBOTTE
(1848-1894)
À TROUVILLE SUR MER
Le peintre, le mécène et l'organisateur du mouvement impressionniste
Quand Gustave Flaubert vint pour la première fois à Trouville, devenue Trouville-sur-Mer en 1847, la vogue des bains de mer commençait tout juste à faire courir le Tout-Paris jusqu'à la Normandie. Courir n'est pas le bon mot, puisque l'on y venait en descendant tout doucement
la Seine en bateau à vapeur avant que le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III et fondateur de Deauville en 1861, ne fît prolonger la ligne de chemin de fer Paris-Lisieux-Pont-l'Évêque. La petite ville de moins de 3 000 habitants où allaient et venaient
les bateaux de travail spécialisés dans la pêche à la sole, au maquereau et à la crevette grise n'était pas encore surnommée la « Reine des plages ». On n'y avait bâti ni les palaces ni les casinos qui ont fait sa renommée. C'était en 1834 et Gustave Flaubert avait 12 ans.
CAILLEBOTTE Allée de la Villa des Fleurs à Trouville
Qui était Gustave Caillebotte ?
Gustave Caillebotte tient une place qui n'est pas séparable de l'histoire de l'impressionnisme. Il en fait intimement partie en tant que peintre, collectionneur, mécène, organisateur ayant activement participé à cinq des huit expositions de la Société anonyme coopérative en 1876, 1877, 1879, 1880, 1882.
Le peintre meurt à quarante-cinq ans en février 1894, dans sa propriété des bords de Seine au Petit-Gennevilliers. À la suite d'un premier testament rédigé le 3 novembre 1876 (il avait vingt-huit ans), il est à l'origine du premier legs qui permit l'entrée de ses amis dans les collections nationales avec l'ouverture de la salle du musée du Luxembourg le 9 février 1897.
Cette donation fit l'objet de longues tractations entre Auguste Renoir, exécuteur testamentaire, les artistes concernés, particulièrement Claude Monet, la famille de l'artiste et l'administration, notamment Léonce Bénédite, conservateur du musée du Luxembourg, suivies d'une interprétation polémique qui fit date dans l'histoire de l'impressionnisme, le fameux « legs Caillebotte » longtemps davantage connu que l'œuvre de l'artiste lui-même.
Seuls quarante tableaux sur soixante-sept furent finalement acceptées par l'administration, parmi lesquels figurent des pastels d'Edgar Degas et des toiles d'Édouard Manet, Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley et Paul Cézanne. Il faut attendre le début des années 1980 pour que l'analyse historique des documents permette de mieux apprécier les raisons des uns et des autres.
CAILLEBOTTE jardin à Trouville 1882
Flaubert amoureux...
Au cours de l'été 1836, passé en famille, le jeune Flaubert fit la connaissance d'Elisa Schlésinger, une femme de 26 ans dont l'éclat le stupéfia. Les circonstances de cette rencontre sont romanesques au plus haut point : le timide Gustave, qui avait ramassé la cape de la belle Elisa sur la plage, rencontra la jeune femme en la lui rapportant.
Mère d'une petite fille, l'épouse de Maurice Schlésinger, le directeur de la Gazette et revue musicale de Paris, était de douze ans l'aînée du jeune homme : l'amour qu'il lui porta fut immédiatement impossible et rêvé. Ce qui n'empêcha pas Gustave de participer avec Elisa à de joyeuses parties de bateau jusqu'à la fin de l'été, avant qu'elle ne disparaisse à jamais de son existence.
CAILLEBOTTE chaumiere Trouville 1882
Le legs à l’État de Caillebotte
Gustave Caillebotte a légué à l’État sa collection de tableaux comportant 67 œuvres de Manet, Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Sisley et Pissarro. Le testament précise que les tableaux devront être conservés au musée du Luxembourg et plus tard au musée du Louvre. Caillebotte indique également qu’avant d’exposer ces tableaux, il convient d’attendre le temps nécessaire à leur acceptation par le public. Malgré la protestation de l’Académie des Beaux-arts, pour laquelle cette peinture était indigne des musées nationaux, le legs fut accepté par l’État. Mais le manque de locaux au musée du Luxembourg conduisit l’État à ne retenir que 38 tableaux, les autres restant en possession de Martial, le frère de Gustave. Les tableaux ont été présentés au public en 1897. En 1925, ils sont transférés au musée du Louvre et en 1986 au musée d’Orsay.
CAILLEBOTTE falaises bord de mer Trouville
Les talents multiples de Gustave Caillebotte
Outre ses activités de peintre, de collectionneur et de mécène des impressionnistes, Caillebotte fut aussi un amateur de bateaux à voiles, un horticulteur et un philatéliste. Les sports nautiques, en provenance d’Angleterre, conquièrent la bourgeoisie française à partir du milieu du 19e siècle. Avec son frère Martial, Gustave Caillebotte pratique la plaisance sur la Seine et sur l’Yerres où se trouve la propriété familiale. Il devient membre puis vice-président du Cercle de Voile de Paris, installé à Argenteuil. Plus tard, aux abords de sa propriété du Petit-Gennevilliers, sur la Seine face à Argenteuil, il crée un chantier naval, dessine de nombreux modèles de bateaux et construit certains d’entre eux. Il gagne lui-même plusieurs compétitions de voile.
Caillebotte fut également jardinier et horticulteur dans la propriété familiale de Yerres puis dans sa maison du Petit-Gennevilliers qui disposait d’un grand jardin et de serres. Il employait quatre jardiniers et possédait une collection d’orchidées. Monet lui demanda conseil pour créer son jardin de Giverny.
Dans sa jeunesse, Gustave et son frère Martial avait réalisé une grande collection de timbres. Elle fut vendue à un britannique pour un prix très élevé au moment du mariage de Martial. Elle fait aujourd’hui partie du fonds philatélique du British Museum.
CAILLEBOTTE bord de mer Trouville
Trouville sur Mer, un amour de plage
Devenu écrivain, Gustave Flaubert parlera d'Elisa Schlésinger comme du « fantôme de Trouville ». Elle inspirera en partie le personnage de Mme Arnoux dans L'Éducation sentimentale. Quand on songe aux tourments amoureux ressentis par le jeune Flaubert à Trouville, il est émouvant de savoir qu'il revint dans la ville balnéaire, très à la mode désormais, au cours de l'été 1853 tandis qu'il travaillait à Madame Bovary. Ainsi que le rappelle une plaque, il logea alors au-dessus de l'actuelle Pharmacie centrale du port, 138, boulevard Fernand-Moureaux.
Dans la correspondance de Flaubert, il faut lire la lettre adressée à Louis Bouilhet le 24 août 1853 dans laquelle il décrit cette officine : c'est un chef-d'œuvre de dérision. Quelques jours auparavant, à Louise Colet, l'écrivain racontait l'émotion suscitée par ce retour à Trouville.
« Tous mes souvenirs de ma jeunesse crient sous mes pas, comme les coquilles de la plage. Chaque lame de la mer que je regarde tomber éveille en moi des retentissements lointains. J'entends gronder les jours passés et se presser comme des flots toute l'interminable série des passions disparues. »
Votre lieu de villégiature dans le Calvados est donc choisi : ce sera l'Hôtel Flaubert. Quant au livre de l'amoureux d'Elisa Schlésinger à glisser dans votre poche avant le départ, optez pour le tome II de sa Correspondance dans la Pléiade. Vous y lirez les lettres où l'on voit l'écrivain revenir à Trouville en quête d'incendies rallumés.
CAILLEBOTTE villas Trouville 1884
L'impressionnisme selon Caillebotte
Gustave Caillebotte, né en 1848 à Paris, est licencié en droit en 1870. Après un voyage en Italie en 1872, où il rencontre Giuseppe De Nittis, et la fréquentation de l'atelier de Léon Bonnat, il est admis à l'École des beaux-arts en février 1873. Son père, Martial Caillebotte, meurt en décembre 1874. Il laisse à sa famille une fortune conséquente et un immeuble familial, 77 rue de Mirosmenil où le peintre se fait aménager un atelier. Son art, à travers lequel il voulut signifier le monde bourgeois auquel il appartenait, exprime avec clarté une adhésion aux principes de la modernité. Son engagement au côté de Manet, Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Sisley, sans exclure Cézanne, eut une influence décisive sur la place de l'impressionnisme dans la culture française. À partir de 1882, il se consacre essentiellement à l'horticulture et aux régates dans sa propriété du Petit-Gennevilliers sans abandonner pour autant la peinture.
Sa disparition est celle d'un compagnon exemplaire dont on loue les qualités personnelles et un talent qui n'égale pas tout à fait celui de ses aînés avec qui il entendait bien participer à une œuvre commune. Caillebotte ne s'est jamais posé en disciple ou en élève, comme Jean Béraud, Henri Gervex ou Jacques-Émile Blanche. Avec Les Raboteurs de parquets (1875), il s'est imposé comme un réaliste audacieux. Il faudra pourtant attendre l'année 1994 et l'exposition parisienne du centenaire de sa mort pour que sa place dans l'art français soit pleinement reconnue.
Aujourd'hui sa peinture est admirée pour des raisons qui ne sont pas sans lien avec l'histoire esthétique du siècle dernier. Le réalisme radical de Caillebotte, son traitement de la couleur, ses idées de composition, le caractère austère de son inspiration ont éveillé, les collectionneurs du monde entier.
CAILLEBOTTE villas Trouville 1888
Une musique d'un bonheur contagieux
Dmitri Shostakovich (1906-1975)
- Symphony No. 5 - Finale
https://youtu.be/T1h1NJMKtnc
Compositeur, patriote et citoyen soviétique le plus décoré de son pays, Dimitri Chostakovitch a toute sa vie construit une œuvre entre soumission et contestation. Ses mémoires comme sa musique évoquent la dictature de manière éloquente.
Dimitri Chostakovitch fait ses études au Conservatoire de Petrograd dont la direction est alors assurée par Alexandre Glazounov. Au terme d’une scolarité brillante, il compose à dix-neuf ans sa première Symphonie qui remporte un succès d’estime et sera bientôt un triomphe à Moscou, Berlin puis Philadelphie.
Tout comme Beethoven, dont il est un fervent admirateur, Chostakovitch consacre une grande partie de son œuvre à la symphonie et au quatuor, deux genres auxquels il consacrera quinze opus. La richesse de l’œuvre de Dimitri Chostakovitch réside dans les contradictions au sein desquelles s’est déroulée sa vie de créateur. L’opposition entre une musique « officielle » publique et une musique plus libre et plus personnelle caractérise l’ensemble de l’œuvre du compositeur dont le succès connaîtra des hauts et des bas, recueillant tantôt les honneurs, tantôt la censure du gouvernement.
Considéré comme le « Beethoven du XXe siècle », Dimitri Chostakovitch est l’un des très rares compositeurs vivant en URSS ayant réussi à concilier une carrière sous un régime totalitaire avec l’édification d’une œuvre personnelle.
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