LE VITRAIL, D'OÙ JAILLIT LA LUMIÈRE
LE VITRAIL,
D'OÙ JAILLIT LA LUMIÈRE
La création de vitraux d’art pour les édifices religieux est particulièrement soignée. La création du projet de vitrail spirituel se fait par le biais d’une étude approfondie de l’édifice et de son architecture, de sa lumière et de son espace mais aussi du culte pratiqué. Le vitrail n’est pas une création anodine, il impacte sur la lumière de l’espace intérieur et dialogue avec l’architecture. C’est un élément qui a beaucoup d’importance mais qui doit rester humble en même temps.
« Le vitrail est exaltant, il lui faut de la gravité, de la passion. Il doit vivre à travers la lumière perçue. » Marc Chagall
LE VITRAIL, UN TRAVAIL D'ARTISTE
Le maître-verrier (vitrailliste) assemble au plomb des verres plats, colorés ou non, et parfois enrichis de motifs peints appelés grisailles. Il peut également réaliser des dalles de verre ou utiliser des méthodes de fusing associant différents verres de couleur.
La France, pays de cathédrales, a la plus grande surface de vitraux dans le monde, soit 90 000 m2 de vitraux. Ce patrimoine rend l'activité de conservation et de restauration de vitrail importante. La participation de l’Etat permet la réalisation de nombreuses opérations de restauration ou de création de vitraux, en partenariat avec les communes propriétaires, les conseils généraux et régionaux. Participent aussi certains diocèses ainsi que des entreprises mécènes. Les études scientifiques sur la connaissance des vitraux anciens et leur conservation sont menées par le Laboratoire de recherche des monuments historiques situé à Champs-sur- Marne. Les chantiers de restauration d’un montant supérieur à 45 730 € sont attribués sur appels d’offres dans le cadre des marchés publics.
La création représente généralement 20 % du chiffre d’affaires selon les ateliers. Un recensement large d’environ 450 entreprises pour 1100 acteurs représente actuellement le secteur. Les commanditaires étrangers apprécient le savoir-faire français.
Izis, Marc Chagall travaillant sur le vitrail de La Tribu de Dan à l’atelier Simon-Marq de Reims, 1961 Tirage contemporain Collection Manuel Bidermanas
LE VITRAIL SELON CHAGALL
Marc Chagall fut un des plus grands créateurs de vitraux du XXe siècle. L’exposition qui doit ouvrir ses portes au Centre Pompidou Metz à la fin du mois de novembre entend faire le point sur cette facette essentielle de son génie.
Mais le premier ensemble de grande ampleur est celui qu’il réalise à la cathédrale de Metz, entre 1959 et 1968. C’est à cette occasion que se noue la collaboration si féconde entre Chagall et celui qui sera désormais son maître verrier : Charles Marc, directeur de l’atelier Jacques Simon à Reims. Avec son épouse Brigitte Simon, Marc va accompagner Chagall dans toutes ses créations de vitraux, trouvant des solutions inédites pour traduire dans le verre la palette chatoyante du peintre.
Marc Chagall, Cathédrale de Metz, déambulatoire : vitrail d’Abraham, Jacob, Moïse, Joseph et Noé
Pour cela, il recourt à la vieille technique médiévale du verre plaqué, ou doublé, et en développe les possibilités. Le verre plaqué était composé de plusieurs épaisseurs de verre de différentes couleurs. Marc imagina de superposer une première couche de verre, non plus coloré dans la masse mais resté blanc, ou légèrement teinté, et une deuxième couche, très fine et colorée, cette couleur pouvant être éclaircie ou allégée à l’acide. Le peintre, ainsi, peut dégrader ses teintes en une infinité de nuances, il laisse des zones sombres ou opaques autour des plombs pour minimiser leur impact visuel, et introduit de minuscules saynettes, frottées ou grattées avec le manche du pinceau, qui fourmillent entre les grandes figures. Il peut ainsi doter son vitrail du chatoiement optique et du foisonnement figuratif qui caractérisent sa peinture.
LE VITRAIL SELON POLIAKOFF
Comme tous les artistes de l’abstraction intégrale, Poliakoff explore les relations entre la ligne et la surface, le fond et la forme, la couleur et la lumière. Mais l’apparente unité formelle de ses œuvres dissimule une multiplicité de solutions picturales que le parcours de l’exposition rend lisibles. Les couleurs concentrées, la vibration de la matière, tout comme l’agencement savant des formes qui s’équilibrent dans une tension énergique contenue, jouent ensemble un rôle capital.
C’est cette lecture qui est proposée, montrant la singularité d’une approche particulièrement sensible et l’intense spiritualité d’une œuvre qui n’a d’autre objet que ce « rêve des formes en soi qui est le grand mystère à élucider de ‘l’abstrait’ » (Pierre Guéguen).
Un accrochage dense de gouaches complète cette présentation, tandis que des projets de tissus, de vitraux et de céramiques mettent en relief les rapports féconds que Poliakoff entretenait avec le décoratif. Enfin, l’exposition bénéficie d’un important appareil documentaire (photographies, archives visuelles et sonores) permettant d’appréhender la vie du peintre.
Les débuts tumultueux d’un jeune émigré russe fuyant la Révolution ; puis l’ambiance artistique d’après guerre ; et enfin, les années de succès, au cours desquelles ses œuvres attirent l’attention des personnalités du monde politique, de la mode et du cinéma (Yves Saint-Laurent, Greta Garbo, Yul Brynner, Anatol Litvak, etc.) mais aussi et surtout de la jeune scène artistique des années 1960 qui voyait en Poliakoff un des peintres les plus radicalement modernes.
LE VITRAIL SELON PIERRE SOULAGES
L'abbatiale romane de Sainte-Foy de Conques fut construite à partir de 1040 pour accueillir les reliques de Sainte Foy d'Agen. Elle est l'un des lieux de passage et de dévotion des pèlerins de Compostelle et à ce titre classée au titre des monuments historiques en 1840 et au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998. En qualité d'abbatiale romane, elle est caractérisée par des baies démultipliées, notamment à l'Est, afin de venir baigner de lumière le chevet où se déroule le sacrement eucharistique. La lumière est utilisée comme sublimatrice du sanctuaire, évoquant ainsi l'émanation du sacré.
Depuis 1986, Pierre Soulages travaille à lui offrir des vitraux qui magnifieraient la lumière baignant ses lieux. Dans ce document, extrait de l'émission Pole Sud, diffusée sur France 3 en juin 1995, le maître verrier Jean-Dominique Fleury effectue la pose des derniers vitraux créés par l'artiste pour les 104 ouvertures que compte l'abbatiale.
Depuis la conception de ce projet, Pierre Soulages avait pour seul souci de préserver ce lieu et d'allier l'esthétique romane à des procédés techniques et à une sensibilité artistique contemporaine. Grâce au nouveau verre translucide conçu par l'artiste lui-même, le lieu s'habille d'une nouvelle lumière et les raisons artistiques enchâssées dans celle-ci rejoignent les raisons sacrées. Ces vitraux ne sont pas des œuvres à regarder comme des pièces uniques et statiques, mais plutôt comme un ensemble rythmique qui ferait sens au sein même de l'architecture. Les obliques légèrement courbes dessinées sur les vitraux s'appuient sur les barlotières et développent dans chacun d'eux un mouvement qui lui est propre mais qui impacte telle une onde ses voisins.
Ainsi, les vitraux des bas-côtés présentent des mouvements plus rapides que ceux de la chapelle axiale qui semblent plus paisible. Ces rythmes sont visibles de l'intérieur comme de l'extérieur de l'édifice et ces vitraux « double face » - comme aime les appeler Pierre Soulages - laissent passer la lumière mais non pas la vue, donnant ainsi l'impression d'un lieu clos.
Par ailleurs la technicité du verre permet d'apprécier différentes couleurs du spectre lumineux selon les heures du jour et plus spécifiquement des bleus et des orangés qui répondent aux couleurs des schistes, lauzes, grès et ocres présent dans l'architecture initiale de l'abbatiale.
LE VITRAIL SELON RAOUL UBAC
À part quelques débris de vitres losangées retrouvées sous les décombres de la cathédrale, les verrières n’étaient, pour la plupart, que de simples vitrages blancs posés sous l’instigation des chanoines, au XIXe siècle, pour une plus grande clarté.
Le bombardement de 1944 a provoqué la destruction de la quasi totalité des vitraux de la cathédrale de Vitraux. Après la reconstruction du bâtiment de pierre, l’État a engagé un programme de réalisation de nouvelles fenêtres avec le concours d’artistes contemporains.
Les deux croisillons nord et sud du transept roman nous plongent dans le livre de l’Apocalypse :
Au nord, les fenêtres nous parlent du chaos du monde, des destructions, des persécutions, du poids de la vie de l’homme, du péché (Ap 12-13).
En face, au sud, s’affiche la promesse : autour du Fils de l’homme, les vieillards et les anges louent Dieu ; l’ouverture du septième sceau annonce le triomphe des élus – 144 000, c’est à dire 12 fois 12 000 : une plénitude de plénitude (Ap 7-8).
Beaucoup d’espaces ont été volontairement laissés blanc, particulièrement dans le transept sud où est figurée la réalisation de la Promesse. Les espaces blancs sont toujours le signe de la présence de Dieu ; cette non-figuration évoque son immatérialité, son mystère : volonté d’Alberola « de laisser à l’imagination, au cœur et à l’esprit, la liberté d’aller au-delà de ce que l’on voit ».
LE VITRAIL, L'HISTOIRE DU SALUT
Tout au long du déambulatoire Alberola développe un programme iconographique qui met en scène plusieurs épisodes de l’histoire du salut.
L’une des premières fonction du vitrail est d’être une clôture isolante et étanche. Au Moyen Âge, sa fonction est aussi iconographique.
Le vitrail contenu dans les grandes ouvertures de lumière des cathédrales est souvent ornementé de scènes religieuses pour apporter la lumière divine.
Dans les églises cisterciennes, il n’y pas cette représentation iconographique. Les vitraux religieux sont géométriques et représentent des entrelacs avec une coloration très sobre en verre clair.
Dans toutes les confessions, l’objectif du lieux de culte est le même : apporter une ambiance de paix et de recueillement. Au delà du caractère iconographique et symbolique, le vitrail a la capacité de moduler la lumière naturelle, d’apporter une lumière colorée qui soit propice à la méditation.
La lumière du vitrail spirituel religieux diffusée dans les édifices doit être apaisante et permettre au fidèle de venir se recueillir en toute quiétude. La lumière doit également restée claire pour autoriser la bonne lecture de l’architecture et de ses volumes.
CONCLUSION APRÈS LA CRÉATION,
LA CONSERVATION DU PATRIMOINE
Dans la restauration des vitraux, il s’agit de conserver l’intégrité de l’oeuvre ancienne, c’est à dire de retrouver le même caractère des vitraux à leur toute première pose. Il s’agit de respecter l’oeuvre et son histoire.
Toutes les techniques envisagées pour la restauration du vitrail doivent se faire avec une grande vigilance. L’objectif étant que les générations futures puissent admirer et étudier les créations d’antan.
La conservation du patrimoine, c’est protéger les marques du passé et garder les traces des sociétés qui nous ont précédées avant de transmettre cet héritage.
UN MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Credo, Arvo Pärt
Créateur d'une musique épurée, d'inspiration profondément religieuse, Arvo Pärt a composé des œuvres jouées dans le monde entier et reprises dans plus de 80 disques compact. Inspiré par le chant grégorien et la polyphonie ancienne, le compositeur Estonien a développé son propre style appelé tintinnabuli.
Né en 1935 en Estonie, Arvo Pärt fait ses études au conservatoire de Talinn avec Heino Eller. En parallèle de ses études musicales, il est ingénieur du son et compositeur de musique pour la télévision et le cinéma estonien, activité qu’il ne cessera pas d’exercer. En 1962, il obtient un premier prix de composition à Moscou, prélude à une alternance d’honneurs officiels et de censures provoquées par le caractère mystique de ses œuvres. Sa musique participe alors de l’esthétique du sérialisme et du collage. Il s’arrête de composer pendant plusieurs années afin de se consacrer à l’étude de la musique chorale française et franco-flamande des XIVè, XVè et XVIè siècles.
A partir de 1976, Arvo Pärt inaugure une nouvelle démarche tournée vers l’intemporalité, son écriture devient postmoderne, en témoigne ces œuvres les plus célèbres : Für Alina, Cantus in Memoriam Benjamin Britten, Fratres. Arvo Pärt appelle ce style tintinnabuli (« petites cloches » en latin). Dans les années 80 il part s’installer à Vienne où il prend la nationalité Autrichienne avant de se fixer à Berlin-ouest. A partir de cette période Arvo Pärt privilégiera les œuvres religieuses vocales et met en musique des liturgies en allemand, anglais et russe dont Passion selon Saint Jean, 1982 ; Miserere, 1989 ; Missa brevi s, 2009 ; il retravaille souvent ses œuvres, il existe de nombreuses versions et orchestrations de Fratres de 1977 à 2008.
Les œuvres d’Arvo Pärt sont jouées par de prestigieux ensembles et font l’objet de nombreuses parutions discographiques, elles suscitent l’admiration d’artistes aussi différents que le violoniste Gidon Kremer, le pianiste Keith Jarrett, les compositeurs Steve Reich et Gavin Bryars ou encore le peintre Gérard Garouste. Sa notoriété est particulièrement forte dans les pays anglo-saxons.
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