LA NOSTALGIE DE LA FOI DE RAPHAËL (1483–1520)

 LA NOSTALGIE DE LA FOI 

DE RAPHAËL (1483–1520)




Raphaël. La Madone du Grand-Duc (1505). 
Huile sur bois, 84 × 55 cm, 
Palais Pitti, Florence.

L'intitulé du tableau vient du Grand-Duc de Toscane Ferdinand III de Médicis (1663-1731) qui en fut propriétaire. On notera l'influence de Léonard de Vinci qui se manifeste par le sfumato (effet vaporeux) qui entoure les personnages.


« Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant

Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc

Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize

Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église

Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette

Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège

Tandis qu’éternelle et adorable profondeur améthyste

Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ

C’est le beau lys que tous nous cultivons

C’est la torche aux cheveux roux que n’éteint pas le vent

C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère

C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières »


"ZOOM" de Guillaume APOLLINAIRE



 Raphaël. Madone Conestabile (1504)

Tempera sur bois transférée sur toile, diamètre 17,9 cm, 

musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg.

Le titre du tableau provient de son appartenance initiale à la famille Conestabile (ou Connestabile) de Pérouse. Le tableau conserve actuellement son cadre d'origine. Il s'agit d'une représentation classique de la Vierge avec l'Enfant Jésus, mais l'artiste a choisi le tondo (tableau circulaire). La composition circulaire s'harmonise autour des deux diamètres du cercle : le paysage horizontal en arrière-plan et le personnage vertical au premier plan.


Comme l’illustre le poème précédent, Apollinaire associe la foi à la douceur de l’enfance en même temps qu’il fait le lien entre l’expérience religieuse et la création artistique. 

En effet, « c’est le beau lys que tous nous cultivons  » renvoie au culte de la beauté qui habite tous les artistes. Il voit ici une proximité entre l’amour de la beauté et le culte chrétien. 

Si la foi habite l’œuvre d’Apollinaire, c’est parce qu’il voit une grande proximité entre la poésie et l’esprit d’enfance. 

On trouve donc chez Guillaume Apollinaire une profonde ambivalence. D’un côté la foi semble ce qui est perdu à tout jamais, comme l’enfance,et en même temps il pressent une profonde similitude entre la foi et l’expérience du poète qui permet de retrouver une vérité réservée à l’enfance.


UNE IDÉE DE LECTURE 

"Le tombeau d'Apollinaire" Xavier-Marie Bonnot

Belfond, collection Littérature pointillés, (octobre 2018)

RÉSUMÉ DU LIVRE 

Alors que la guerre fait rage dans les tranchées, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky écrit des articles, des lettres et des poèmes pour raconter à sa manière son quotidien. Dans le même temps, son sergent Philippe Moreau exprime ses angoisses par le dessin. Les deux hommes, blessés le même jour, sont évacués et se perdent de vue. Prix du Roman historique 2019. 



  Raphaël. Madone à la prairie (1506). 

Huile sur bois, 113 × 88 cm, 

Kunsthistorisches Museum, Autriche.

Aussi appelé Madone du Belvédère, ce tableau représente la Vierge, l'enfant Jésus et saint Jean-Baptiste enfant à gauche. La composition pyramidale des personnages s'inspire de Léonard de Vinci, de même que le paysage à l'arrière-plan qui devient indistinct et monocolore dans les lointains. L'artiste a réalisé plusieurs œuvres très semblables à cette époque. Voir ci-après la Vierge au chardonneret.


BIOGRAPHIE DE RAPHAEL (1483–1520)

Jeunesse à Urbino et Pérouse (1483-1504)

Raffaello Sanzio (ou Santi), connu en français sous le nom de Raphaël, est né à Urbino, bourgade située dans les Marches en Italie centrale. Il est le fils de Giovanni Santi (1435-1494), peintre à la cour du duc d'Urbino, et de Magià Ciarla. Voici ce que peignait Giovanni à la fin du 15e siècle :

Il est très probable que Raphaël a été initié à la peinture dans l'atelier paternel. Mais il devient orphelin très jeune : sa mère meurt en 1491 et son père en 1494. Raphaël n'a que onze ans et il semble qu'il ait été confié au frère de sa mère, Simone Ciarla. En 1500, il part à Pérouse pour devenir l'assistant du Pérugin. Le terme d'assistant convient mieux que celui d'apprenti car un document de 1500 le qualifie déjà de magister. Il subira la forte influence de son maître comme en attestent ses premières œuvres (voir ci-dessous).

La période florentine (1504-1508)

Raphaël bénéficie à son arrivée à Florence d'une recommandation de l'épouse du duc d'Urbino, Giovanna della Rovere. Celle-ci a demandé au chef du gouvernement de la République, le gonfalonier, de promouvoir le jeune peintre. Son succès sera rapide et il trouvera un style personnel en fréquentant les plus grands : Léonard de Vinci et Michel-Ange. Il atteint alors ce que recherche la Haute Renaissance : la reproduction la plus parfaite d'une nature idéalisée. La Madone de la prairie ou les portraits d'Agnolo Doni et de sa femme Maddalena, parmi beaucoup d'autres, illustrent cette réussite.

La période romaine (1508-1520)

Sa renommée est alors considérable et le pape Jules II (1443-1513, pape à partir de 1503) souhaite lui confier la décoration de certaines salles du Vatican. Raphaël quitte Florence pour Rome à la fin de l'année 1508. Il va être chargé de décorer de fresques quatre salles de la partie publique des appartements papaux. Mais toute l'aristocratie s'arrache les services du peintre et il accepte également de décorer la villa Farnesina appartenant à un riche banquier siennois, Agostino Chigi (1466-1520).

Outre des fresques, Raphaël réalise des portraits à l'huile, dont le célèbre portrait du pape Jules II, des madones et des scènes religieuses. Le point d'aboutissement de son travail est la Transfiguration, qui préfigure le maniérisme.

Pendant son séjour à Rome, Raphaël rencontre Margherita Luti, fille du boulanger Francesco Luti da Siena. Elle est très belle et sera le grand amour de sa vie. Il fera deux portraits de Margherita : La Donna velata (1516) et La Fornarina (1518-1520).

Raphaël meurt le 6 avril 1520, à l'âge de 37 ans, des suites d'une courte maladie.



Raphaël. Madone Tempi (1508). 

Huile sur toile, 75 × 51 cm, 

Alte Pinakotek, Munich. 

L'œuvre doit son nom à la famille Tempi qui la détenait au 19e siècle. La Vierge est ici un prétexte pour évoquer la tendresse de la mère pour son enfant. Tout est douceur dans l'attitude de la femme, mais l'enfant observe autre chose, hors-champ. A la sérénité propre à la peinture de Raphaël et exprimée par les couleurs douces et l'équilibre de la composition, s'ajoute ici l'émotion parfaitement rendue sur le visage de la Vierge et une certaine sensualité tendre provenant des voiles et des gestes.


LE STYLE DE L'OEUVRE DE RAPHAEL

Ses madones ont fait de lui un maître de la Renaissance italienne vénéré par les plus grands peintres, de Jacques-Louis David à Pablo Picasso, en passant par Jean-Auguste-Dominique Ingres et Eugène Delacroix. Le divin Raphaël (1483–1520), au pinceau doux et suave, est l’auteur de fresques célèbres pour le Vatican. Plus qu’un peintre, Raphaël est un véritable mythe de l’histoire de l’art : talent précoce, amant de la Fornarina, épris d’antiquité, il a su combiner la grandeur d’un Michel-Ange avec le modelé suave d’un Léonard de Vinci. Il résume à lui seul l’esprit de la Renaissance.

Raphael est appelé à Rome par le pape Jules II pour travailler sur des fresques monumentales destinées à décorer les appartements pontificaux du Vatican. C'est certainement grâce à la recommandation de l'architecte Bramante, originaire d'Urbino et lié à la famille Santi, que le jeune artiste ambitieux à pu rejoindre le groupe de peintres appelé à travailler au Vatican. Il doit collaborer alors dans un premier temps avec Sodoma, Lorenzo Lotto et Giovanni Bazzi, groupe de peintres florentins dirigés par Pérugin.

C'est dans un contexte politico-religieux particulier que va se dérouler le travail sur les fresques du Vatican : le pape Jules II et son successeur Léon X vont oeuvrer à imposer un pouvoir papal plus fort sur l'ensemble du monde chrétien. 



Raphaël. La Vierge à la rose (1518-20). 

Huile sur bois transférée sur toile, 103 × 84 cm, 

musée du Prado, Madrid.

Il s'agit d'une Sainte Famille, nom donné par les chrétiens à la famille formée par Jésus de Nazareth et ses parents, Marie et Joseph. S'y ajoute ici Saint Jean Baptiste, enfant (à gauche). La rose (ou le buisson de roses) est un accessoire de l'iconographie chrétienne qui symbolise l'amour universel. Les enfants tiennent un phylactère, c'est-à-dire une petite banderole sur laquelle figurent des inscriptions à caractère religieux.


Les deux papes désirent renouer avec la grandeur de la Rome antique en la combinant à la philosophie chrétienne. Artistiquement parlant, le style "all'antica" est imposé et c'est Raphaël qui se montrera le plus talentueux à servir ce projet. Jules II donnera congé à ses collaborateurs et confiera à lui seul le soin de réaliser l'ensemble des fresques.

Cet énorme chantier n'empêchera pas le peintre de traiter en parallèle de nombreuses commandes de portraits ou de tableaux d'autels pour d'importants mécènes italiens. Son organisation en système d'atelier lui permettant de diriger simultanément les travaux sur plusieurs fronts à la fois. 

En dehors de ses travaux de peinture, Raphaël reçu des commandes de tapisseries pour le Vatican et il s'attela également à des projets architecturaux pour lesquels il réalisa les plans et dirigea les équipes chargées de la construction. 

En 1520, Raphaël, âgé de 37 ans, est emporté par une fièvre fulgurante. Les nombreux dessins et carnets de croquis qu'il a laissé témoignent des incessantes recherches qu'il effectuait pour trouver la perfection dans la position des corps et dans la composition des tableaux. La modernité qu'il apporta à la peinture mis fin à la première renaissance pour entrer dans l'âge classique.

Après Raphaël et son entrée au sommet du panthéon des plus grands peintres, les artistes n'auront de cesse de chercher de nouvelles manières de représenter la nature et les hommes. 



Raphaël. Madone Aldobrandi (1510). 

Huile sur bois, 38,7 × 32,7 cm, 

National Gallery, Londres.

Aussi appelé Madone Garvagh. Il s'agit de familles ayant détenu le tableau. La Vierge tient dans ses bras l'Enfant Jésus qui joue avec saint Jean-Baptiste enfant, à gauche. La composition est encore pyramidale. A l'arrière-plan, un paysage des environs de Rome.


CE PAPE JULES II (1503-1513) 

MÉCÈNE DE LA RENAISSANCE

Neveu du franciscain Francesco Della Rovere, Giuliano dut à la protection de celui-ci son ascension dans la carrière ecclésiastique. Quand son oncle devint pape, sous le nom de Sixte IV, en 1471, Giuliano fut créé cardinal et pourvu d'importants bénéfices ; il prit alors part à plusieurs missions politiques. Son influence se maintint sous Innocent VIII, dont il avait fait réussir l'élection (1484). 

Demeuré assez à l'écart pendant le pontificat d'Alexandre VI Borgia (1492-1503), il ne revint à Rome qu'en 1503. Cette même année, après le pontificat de vingt-six jours de Pie III, il fut élu pape, ayant fait aux cardinaux diverses promesses, dont il s'estima aussitôt dégagé étant donné qu'elles limitaient le pouvoir pontifical. 

La grande œuvre de Jules II sera désormais la restauration et l'élargissement du pouvoir temporel pontifical, sauvegarde à ses yeux de l'indépendance spirituelle de la papauté. En 1504, il met fin aux aventures de César Borgia en Italie. En 1506, il conduit avec succès une expédition contre Pérouse et Bologne. Il se joint, en 1509, à la ligue de Cambrai contre Venise, trop fréquemment opposée à la politique pontificale ; vainqueur, il se retourne contre le roi de France et, en 1511, coalise contre celui-ci l'Angleterre, l'Espagne, la Suisse et Venise. 



Raphaël. Madone del Cardellino (1506). 

Huile sur bois, 107 × 77 cm, 

Galerie des Offices, Florence.

En français, Vierge au chardonneret. Composition proche de la Madone à la prairie et comportant les mêmes personnages.

Louis XII réplique en convoquant un concile (Pise, 1511 ; Milan, 1512), qui dépose le pape. Jules II déclare déchus les cardinaux complices et convoque le Ve concile du Latran, auquel il rallie l'empereur Maximilien. Le concile, qui sanctionne la victoire de la papauté sur l'idéologie conciliaire, sera poursuivi, après la mort de Jules II, par son successeur Léon X.

Jules II a puissamment contribué aussi à l'œuvre artistique de la Rome de la Renaissance en découvrant le génie d'hommes tels que Raphaël, Michel-Ange, Bramante ; à son mécénat sont dus le Moïse de Michel-Ange, les peintures de la Sixtine, les fresques de Raphaël au Vatican. Homme d'État et chef militaire plus que pasteur, Jules II a servi de cible à la critique sévère des humanistes, spécialement d'Ulrich von Hutten et d'Érasme.


UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX

VIVALDI - Beatus Vir (RV 597)

"Beatus vir" (Heureux l'homme qui...) 

sont les premiers mots de la traduction latine du Psaume 112. 


Ordonné prêtre à 25 ans, Vivaldi (1678-1741) doit cependant renoncer à exercer son ministère à la suite d'une maladie. 

Il est alors nommé maître de violon et compositeur en résidence à l’orphelinat du Conservatorio dell’Ospedale della Pietà, où il dirige jusqu'en1740 un orchestre réputé dans toute l'Europe et compose pour les concerts que l'hospice offre le dimanche. 

Il y écrit également la plupart de ses œuvres à destination de ses élèves. L'édition et la diffusion de ses œuvres lors de ses nombreuses tournées en Europe, dont il est en même temps l'interprète, lui assurent une popularité internationale.


​VOUS AVEZ BON GOÛT !​
Ce qui m'anime dans cette quête c'est la curiosité intellectuelle, le goût de la connaissance et l'envie de savoir. Si vous êtes comme moi, avec l'envie d'apprendre, aux rivages de la beauté musicale, picturale, poétique​.​

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