LES PORTS DE FRANCE' DE JOSEPH VERNET (1714-1789)

 'LES PORTS DE FRANCE' DE JOSEPH VERNET (1714-1789), UNE OEUVRE QUI RELIE CLASSICISME ET NÉO-CLASSICISME




Au Salon de 1767, Joseph Vernet présente sept tableaux. Diderot, qui s’enthousiasme depuis de nombreuses années pour les paysages du peintre, rédige à cette occasion un long texte sous forme d’une promenade dans les paysages de Vernet. Le promeneur dialogue parfois avec un abbé. Voici un extrait de ces dialogues dans lequel Diderot exprime parfaitement l’ambition de beauté idéale du peintre.

« - En bonne foi, lui dis-je, croyez-vous qu’un artiste intelligent eût pu se dispenser de placer ce nuage précisément où il est ? Ne voyez-vous pas qu’il établit pour nos yeux un nouveau plan ; qu’il annonce un espace en-deçà et au-delà ; qu’il recule le ciel, et qu’il fait avancer les autres objets ? Vernet aurait senti tout cela. Les autres, en obscurcissant leurs ciels de nuages, ne songent qu’à en rompre la monotonie. Vernet veut que les siens aient le mouvement et la magie que nous voyons.

- Vous avez beau dire Vernet, Vernet, je ne quitterai point la nature pour courir après son image. Quelque sublime que soit l’homme, ce n’est pas Dieu.

- D’accord ; mais si vous aviez un peu plus fréquenté l’artiste, il vous aurait peut-être appris à voir dans la nature ce que vous n’y voyez pas. Combien de choses vous y trouveriez à reprendre ; combien l’art en supprimerait qui gâte l’ensemble et nuisent à l’effet ; combien il en rapprocherait qui doublerait notre enchantement.

- Quoi sérieusement vous croyez que Vernet aurait mieux à faire que d’être le copiste rigoureux de cette scène ?

- Je le crois.

- Dites-moi donc comment il s’y prendrait pour l’embellir.

- Je l’ignore, et si je le savais je serais plus grand poète et plus grand peintre que lui ; mais si Vernet vous eût appris à mieux voir la nature, la nature, de son côté, vous eût appris à bien voir Vernet. »



0- Élisabeth Vigée Le Brun. Portrait de Joseph Vernet (1778)
Huile sur toile, 92 × 72 cm, musée du Louvre, Paris.

BIOGRAPHIE DE VERNET

Fils du peintre et décorateur Antoine Vernet, Joseph Vernet s'imposa rapidement comme peintre de marines. En 1734, il accomplit son premier voyage en Italie où il admire l'art ample et lumineux de Claude Lorrain et les œuvres dramatiques et pittoresques de Salvator Rosa. Après différents séjours à Rome et à Naples, il quitte définitivement l'Italie en 1753.

Ses scènes de naufrages, de couchers de soleil et d'incendies révèlent une observation particulièrement aiguë de la lumière et de l'atmosphère. Comme son compatriote Hubert Robert, il répondait à l'engouement du public pour les paysages idéalisés, d'une sentimentalité un peu excessive.

Après son retour à Paris, il devint membre de l'Académie de peinture et fut chargé par le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments royaux, de peindre les vingt-deux Port de France ; les quinze toiles qu'il exécuta permettent de voir en Joseph Vernet un représentant inégal mais intéressant du védutisme français.

 Parmi ses nombreux disciples et imitateurs, il faut citer Lacroix de Marseille, François Hue, Richard Wilson et Jacob Hackert.



1-Joseph Vernet. L’entrée du port de Marseille (1754). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée du Louvre, Paris. « Cette vue est prise à mi-côte de la montagne appelée Tête de More. On y voit le fort S. Jean et la Citadelle saint Nicolas qui défendent cette entrée. Ce tableau offre les divers amusements des habitants de cette ville. Sur le devant l’auteur a peint le portrait d’un homme qui a présentement cent-dix-sept ans, et qui jouit d’une bonne santé. » (Livret du Salon de 1755)


2-Joseph Vernet. Intérieur du port de Marseille (1754). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée national de la Marine, Paris. « Comme c’est dans ce port que se fait le plus grand commerce du Levant et de l’Italie, l’auteur a enrichi ce tableau de figures de différentes nations des Echelles du Levant, de Barbarie, d’Afrique et autres. Il y a réuni ce qui peut caractériser un port marchand, et qui a un commerce très étendu. » (Livret du Salon de 1755)



3-Joseph Vernet. Le Port d'Antibes en Provence, vu du côté de la terre (1756). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée national de la Marine, Paris. « Comme ce port est une place frontière de la France du côté de l’Italie, le devant du tableau présente des troupes qui y vont en garnison. La campagne est enrichie d’orangers et de palmiers, qui sont assez communs dans cette province. Les fleurs et les fruits qui se trouvent en même temps sur les orangers, caractérisent la saison, qui est la fin du printemps. On y voit les Alpes encore couvertes de neige. La vue des montagnes du fond est depuis Nice et Villefranche jusqu’à San Remo. L’heure du jour est au coucher du soleil. » (Livret du Salon de 1757)



4- Joseph Vernet. La ville et la rade de Toulon (1756). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée du Louvre, Paris.  « Cette vue est prise d’une maison de campagne à mi-côte de la montagne qui est derrière la ville. On y a représenté les amusements des habitants et les voitures dont ils se servent pour aller aux maisons de campagne qu’on nomme bastides. L’heure du jour est le matin ». (Livret du Salon de 1757)



5- Joseph Vernet. Vue du port de Rochefort, prise du magasin des Colonies (1762). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée national de la Marine, Paris. « Le bâtiment à droite, sur le devant du tableau est la corderie ; ceux du fond à l’autre extrémité du port sont les magasins. On y voit un vaisseau qu’on chauffe pour le caréner, un vaisseau sur le chantier, et un autre dans le bassin pour y être radoubé. Le premier plan du tableau étant près du magasin des colonies, on y a peint des approvisionnements destinés pour ces colonies. On débarque et l’on transporte du chanvre pour la corderie, d’où sortent des cordages pour être embarqués. C’est le moment du départ d’une escadre. La marée est haute, et l’heure est le matin. » (Livret du Salon de 1763)



6- Joseph Vernet. Vue du port de Dieppe (1765). Huile sur toile, 165 × 263 cm, musée national de la Marine, Paris. « L’auteur a regardé la pêche comme le caractère distinctif de ce port, et a orné le devant de ce tableau des divers poissons que l’on pêche dans ces parages, et des différents habillements des habitants. L’heure du jour est le matin. » (Livret du Salon de 1767)


UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX  SCHUBERT (MUSIQUE DU FILM BARRY LYNDON)
Schubert : Le trio n°2, op. 100 Renaud Capuçon, Gautier Capuçon et Frank Braley

Schubert est un compositeur à la charnière entre le classicisme et le romantisme, et n'a pas eu dans son sillon d'héritiers directs parmi les premiers romantiques. Auteur d’un opus extrêmement riche en nombre d’œuvres et en variété de formes, il est notamment considéré comme le fondateur du lied.

Le Trio no 2 de Schubert ou Trio en mi bémol majeur pour piano et cordes no 2 (D. 929 op. 100) est un trio de musique de chambre lyrique romantique en quatre mouvements, pour violon, violoncelle, et piano, composé par le compositeur autrichien Franz Schubert (1797-1828) en novembre 1827 (un de ses plus célèbres chefs-d'œuvre, parmi plus de mille compositions de son catalogue Deutsch, avant sa disparition précoce à l'age de 31 ans).



LE STYLE DE VERNET

Sturm und Drang est le nom donné par les historiens du XIXe siècle à la période de la littérature allemande, qui correspond assez bien à ce qu'a été, dans les pays anglo-saxons et en France, le moment préromantique.

En Allemagne, le phénomène a eu des traits spécifiques parce que la renaissance de la littérature allemande était encore récente. Avec Les Souffrances du jeune Werther (Les Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers en allemand), dans lequel il amène le héros à se suicider) , Goethe inspire le mouvement littéraire Sturm und Drang (Tempête et passions) qui exalte la nature et la sensibilité. Il va ouvrir la voie au romantisme, pas seulement en Allemagne mais aussi en France et en Angleterre.

Le préromantisme anglais et le Sturm und Drang sont nés d'une réaction contre la philosophie des Lumières, d'abord parce qu'on refuse de croire que l'homme soit tellement un être de raison ou risque même de le devenir, ensuite parce que les vertus poétiques de la poésie raisonnable paraissent limitées, que le temps des règles classiques semble révolu et que la nature est devenue le mot de ralliement de la jeune génération.

Du «Sturm und Drang» en peinture

La peinture de Joseph Vernet constitue ainsi le lien le plus remarquable entre les scènes paysagères du classicisme français et le néoclassicisme qui commence à se développer à la fin de la vie du peintre.

Joseph Vernet fut un des plus grands peintres de paysages du siècle des Lumières. Il prolonge au 18e siècle la tradition du paysage classique français qui avait pris naissance au 17e siècle. En poétisant le paysage, il annonce le romantisme, mais sa série des ports de France, commande royale, le situe aussi dans un certain réalisme topographique.

La peinture de paysage acquiert ses lettres de noblesse avec le néo-classicisme. Elle devient un genre estimé dès le début du 19e siècle, sans pour autant supplanter le goût pour la peinture d’histoire. Le paysage néo-classique prélude aux grandes évolutions du 19e siècle : réalisme et impressionnisme.



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