LE RÊVE INQUIÉTANT ET MAGNIFIQUE DE BALTHUS

 LE RÊVE 

INQUIÉTANT ET MAGNIFIQUE 
DE BALTHUS



Léa se réveille en sursaut. Dans l'immeuble d'en face, elle entrevoit un grand tableau, à peine éclairé. La toile représente deux jeunes filles, l'une endormie sur un canapé, l'autre penchée au-dessus d'elle, une rose jaune à la main. Léa reconnaît la scène du cauchemar qui l'a réveillée et se souvient de cette phrase énigmatique prononcée par son père disparu : «Tout est dans Le Rêve de Balthus.»
C'est le commencement d'un parcours initiatique, de Paris à Venise, celui d'une confrérie qui tend à percer les secrets de l'immortalité.

Chef-d'œuvre de la peinture du XXe siècle, Le Rêve de Balthus devient ici le personnage principal d'un roman, qui nous fait remonter le temps jusqu'à la Renaissance italienne, à la poursuite, dans les œuvres d'art, de la vérité et de la beauté.

LE RÊVE DE BALTUS
Collection Folio (n° 4570), Gallimard
Parution : 21-06-2007




CRITIQUE DU LIVRE

C'est très à la mode de s'inspirer d'un tableau et d'en faire un roman, à moins de faire du tableau lui-même la pièce centrale du récit, le héros du roman ! Nathalie Rheims rend hommage à son père Maurice et lui dédicace "Le Rêve de Balthus". Car c'est le tableau du maître qui est la clef de ce livre : une jeune fille, Léa, fait des rêves médiumniques. Elle rêve du tableau de Balthus dans lequel elle pense s'y retrouver sous les traits de la jeune fille endormie. C'est un peintre, Andrea, qui le souligne. Et aussi la similitude entre sa propre fille, Angie, et la deuxième fille du tableau, celle qui tend une rose jaune.

Or, Angie est portée disparue. Et dans ses rêves, Léa croit que cette jeune fille lui chuchote une vérité, une révélation. Partie à Venise, à la rencontre d'une confrérie secrète, Léa va comprendre la signification de ses rêves, tenter de percer le mystère de l'immortalité, comprendre le mystère des disparus - son père Maurice et la jeune Angie -, et pactiser avec le Malin. Diableries, onirisme, peintures de la Renaissance, Balthus dans son atelier, bref... on en voit de toutes les couleurs !

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. La sensation du rêve, du réel et de la vérité est si mince, si perceptible. On hésite à entrer dans l'histoire, bourlingué entre un appartement parisien, un palais vénitien et un songe plongé dans l'obscurité. Les parois sont fragiles, et hélas j'ai trouvé que l'histoire n'était pas suffisament brodée ! Pourtant Nathalie Rheims traite élégamment son récit, d'une belle écriture épurée et intelligente. Mais sous l'effet de l'hypnose, j'ai regretté que l'histoire ne s'éternise davantage ...



BALTHUS L'HOMME QUI DIRIGEA LA VILLA MÉDICIS PENDANT 17 ANS  

« De Piero della Francesca, j'ai tant appris : sa manière d'occuper l'espace dans ses tableaux, de le diviser, de loger des diagonales qui donne l'ordre à l'ensemble. »
(Balthus dans ses mémoires)

Né à Paris d’un père polonais, critique d’art reconnu, et d’une mère russe, peintre et figure majeure des salons parisiens les plus réputés, Balthus connaît une enfance mouvementée entre Berlin, Berne et Genève où il suit ses parents, avant de regagner la France en 1924, pétri de culture mitteleuropea. Fasciné très jeune par les maîtres de la Renaissance toscane (en particulier par Piero della Francesca), découverts à l’occasion d’un premier voyage en Italie en 1926, Balthus opte pour une conception figurative de la peinture et une clarté logique héritées de la culture artistique italienne. Cette tradition, alliée à sa connaissance des formes italiennes du réalisme magique, de la métaphysique et de la Nouvelle Objectivité allemande, est à l’origine de cette atmosphère statique et mystérieuse qui caractérise sa production picturale, notamment les œuvres des années 1930. Après la Guerre, la peinture de Balthus gagne en densité et l’iconographie s’oriente vers le nu en s’appuyant sur des figures d’adolescentes réservées ou contemplatives.

Sa dévotion précoce pour la culture italienne s’enrichit, à partir de 1961, d’une expérience cruciale : celle de son séjour romain en tant que directeur de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. À la tête de cette prestigieuse institution pendant dix-sept ans, Balthus approfondit sa pratique du dessin et de la peinture et entreprend le chantier colossal de la restauration de l’édifice et des jardins historiques qui seront accessibles aux visiteurs.

« Il se lève très tôt. Son atelier est orienté pour recevoir la lumière du nord. Il travaille toute la journée et ne déjeune pas. Quand la lumière baisse, comme il ne travaille jamais à la lumière artificielle, il rentre, mange un sandwich et se repose. » (selon son fils Stanislas)



UN HOMME HORS NORME

Tout d’abord, c’est un grand technicien, s’attaquant à une peinture difficile, sans triche, sans séduction vulgaire, loin de la mode et de la facilité ; La seconde raison, plus profonde, est qu’il se situe dans une période charnière entre un cycle de déconstruction amorcé par les impressionnistes, et le retour à la figuration que nous voyons arriver dans les salons, les galeries et les musées depuis quelques années.

Adulé par les uns, critiqué par les autres, Balthus a un statut à part dans l'histoire de l'art moderne. Pour Jean Clair, la dimension européenne du milieu dans lequel le jeune Balthus a grandi l'a longtemps rendu «incompréhensible à un milieu français trop chauvin, trop longtemps replié sur lui-même». De par ses origines familiales, le peintre fut sous l'influence du romantisme de Novalis et de Jean Paul, ce qui ne fut pas le cas des surréalistes auxquels on l'assimile trop rapidement.



A quoi il faut ajouter «la fascination du théâtre des marionnettes de Heinrich von Kleist», «les leçons du Quattrocento» et la présence formatrice de deux grands poètes de son temps, Rilke et Pierre Jean Jouve dont la seconde épouse fut disciple et traductrice de Freud. Mais peut-être l'incompréhension dont sa peinture fit l'objet, et qui n'est pas encore dissipée, tient-elle à la nature de sa provocation.

Si Balthus a celle-ci en partage avec nombre de ses contemporains, il s'en distingue en provoquant deux fois et de deux manières antinomiques: par l'érotisme de ses représentations de jeunes adolescentes et par la revendication anachronique de son appartenance à la tradition. A la fois ancien et moderne, respectueux et sacrilège, Balthus embarrasse.



Il semble invalider les prétentions de la modernité à faire table rase de la tradition, rend cette modernité problématique. Comme si nous éprouvions quelque secrète difficulté à unir dans une même admiration Balthus et Picasso, l'aristocrate et le sorcier, la récusation de la modernité et sa revendication. Picasso bouscule le passé dans une vénération rebelle; Balthus, lui, admire tranquillement, éprouvant même un malin plaisir à rappeler à son siècle ce que furent les siècles précédents.

Nombre de ses oeuvres semblent abriter une même interrogation: comment faire aujourd'hui un Masaccio ou un Piero della Francesca? Comment être de son temps quand on rêve d'être du leur? Que faire de toute la solennité de cette gestualité magnifique qui anime les plus belles oeuvres des anciens? A quoi pourrait-on l'employer? Quel mystère pourrait-elle à la fois attester et servir?



Les gestes improbables des anges de l'Annonciation, les corps hiératiques des figures héroïques ou ceux abandonnés des Christ déposés, vers quelle transcendance, vers quel au-delà des apparences pourraient-ils aujourd'hui faire signe? «Je crois que l'érotisme que les gens voient toujours dans mes tableaux est dans leur propre regard», lit-on avec étonnement dans l'entretien du peintre avec David Bowie repris dans Balthus, portraits privés.

Coquetterie d'un homme chez qui la part de comédie reprenait le dessus! L'étrange ballet rituel de ses personnages se déploie, à l'évidence, dans un univers puissamment aimanté par l'érotisme et la mort, par un sacré des profondeurs qui s'est substitué à celui, lumineux, auquel les personnages de Piero della Francesca s'étaient accordés par une catalepsie fascinée.

Un invincible destin paraît avoir fait sa proie de la vie de ses adolescentes dont un feu invisible renverse les corps nubiles au bord des lits, des fauteuils ou des canapés. C'est ce destin aveugle que Balthus met en scène, c'est à la révélation de cette puissance nocturne tapie au fond des êtres qu'il fait concourir tout l'alphabet des poses et des gestes inventé par les maîtres d'autrefois.




LA LÉGENDE BALTHUS, L'HOMME SCANDALEUX ?

La toile "Thérèse rêvant" de Balthus est une des œuvres les plus polémiques de l'histoire. Une des plus troublantes, aussi. Après avoir fait scandale au MET en 2017, elle est aujourd'hui exposée à Madrid après l'avoir été à Bâle cet hiver. Balthus est-il un peintre pédophile ?

En novembre 2017, la toile de Balthus "Thérèse rêvant" fait scandale à New York. Une pétition qui recueille près de 12 000 signature dénonce le regard pédophile du peintre sur son modèle : Thérèse Blanchard, qu'il a peinte une dizaine de fois entre 1936 et 1939. Ils demandent le décrochage de la peinture, ce à quoi n'accèdera pas le musée.




MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX 
À LA VILLA MÉDICIS




La cantatrice allemande Simone Kermes (née à Leipzig en 1970) se distingue dans les concours Mendelssohn-Bartholdy à Berlin et J. S. Bach de sa ville natale avant de briller sur les scènes internationales. Son timbre de soprano dramatique, léger, convient particulièrement aux opéras baroques de G. F. Haendel qu'elle enchaîne ou aux grands opéras classiques de Mozart, de L'Enlèvement au sérail et La Flûte enchantée à Cosi fan tutte et Don Giovanni. La « Reine de la nuit » à la chevelure rousse flamboyante multiplie les récompenses pour ses récitals dont le Prix Echo Klassik en 2011 pour l'album Colori d'Amore. En 2012, son nouvel opus Dramma est à nouveau salué par la critique. En 2014, le récital Rival Queens la voit chanter en duo avec la mezzo-soprano américaine Vivica Genaux. L'album Love qui paraît en 2016 réunit des airs baroques sur le thème de l'amour.

Native de Leipzig, alors en Allemagne de l'Est quand elle voit le jour le 17 mai 1970, Simone Kermes étudie le chant au conservatoire local dans l'école de musique Felix Mendelssohn-Bartholdy et en ressort avec trois diplômes dont deux avec mention.

La réputation locale se transforme en renommée nationale quand la jeune cantatrice, que son timbre prédispose aux rôles de soprano dramatique, remporte successivement le premier prix du Concours Mendelssohn-Bartholdy de Berlin et le troisième prix du Concours J. S. Bach de sa ville natale, Leipzig, en 1996. Rapidement, Simon Kermes est engagée dans les productions internationales d'opéras comme L'Enlèvement au sérail (Constance), La Flûte enchantée (Reine de la nuit), Cosi fan tutte (Fiordiligi) et Don Giovanni (Donna Anna) de W. A. Mozart ; La Chauve-souris (Rosalinde) de Johann Strauss ; le rôle-titre d'Euridice de Jacopo Peri et nombre de personnages des drames baroques de G. F. Haendel dans lesquels elle excelle : Lotario, Tamerlano, Mitridate, Saül, Alcina, Deidamia et Rodelinda.

Fort de ce répertoire et d'une stature internationale, la soprano s'adonne à des récitals en solo et à des concerts de musique de chambre au Carnegie Hall de New York, au Conservatoire de Moscou, au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, à Barcelone, Zürich, Dresde et dans les festivals de musique baroque. Parallèlement, Simone Kermes effectue ses premiers enregistrements voués aux récitals. Colori d'Amore (Couleurs de l'Amour) est distribué par Harmonia Mundi en 2010 ; La Diva (Opera Arias) de G. F. Haendel en 2011 (Berlin Classics) et les deux suivants sur Sony-BMG : Lava en 2011 et Dramma en 2012.

En juillet 2014, le récital Rival Queens, consacré à des airs d'opéras du XVIIIème siècle, voit Simone Kermes et la mezzo-soprano américaine Vivca Genaux s'affronter amicalement sous la baguette du chef d'orchestre Andrés Gabetta. Le répertoire baroque est à nouveau mis à l'honneur dans l'album Love, enregistré avec l'ensemble La Magnifica Comunita dirigé par Enrico Casazza.



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